Chapitre 6

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Assise sur la rembarde d'un balcon, Aria réfléchissait, les yeux dans le vague. Elle s'en voulait d'avoir quitté Salem. Elle s'en voulait terriblement.

Elle aurait voulu qu'il s'énerve, qu'il lui crie dessus. Au lieu de ça, il avait été compréhensif, et l'avait laissé seule. Et en effet, elle était bien seule.

Sans vraiment savoir pourquoi, elle avait un peu évité ses amis, cette semaine. Ce n'était pas qu'à cause de cette histoire de rupture. Elle se sentait mal à l'aise, comme si elle avait fait quelque chose de mal, comme si elle les avaient trahit. Elle se leva subitement. Elle avait besoin de bouger. Elle aurait pu aller à la salle d'entrainement , mais elle rentra dans le bâtiment, et descendit jusqu'au rez-de-chaussée. En sortant dehors, elle croisa Ban et l'informa de ses intention, au cas où quelqu'un s'inquièterait de ne la trouver nul part.

Elle marchait au hasard, ne souhaitant pas devoir se soucier de son itinéraire en plus des problèmes qui se tournait et se retournait dans sa tête. 

Elle finit par arriver devant un mur, le mur d'enceinte qui entourait le palais royal. Pour avoir mémorisé les plans qu'on lui avait fournit, elle savait qu'en montant de quelques étages et en poursuivant en ligne droite, on arrivait directement aux appartements de la princesse. 

Elle jeta un coup d'œil au soleil, qui était en train de se coucher. Puis son regard se baissa sur le mur. Quelque minute plus tard, si on regardait attentivement, on pouvait voir une silhouette discrète grimper rapidement dans l'ombre. 

Aria aimait grimper. Elle aimait être en hauteur et surplomber la ville. Elle se sentait en sécurité. Elle aimait voir au loin la chaine de montagne du Vent, nommée ainsi car le vent était particulièrement fort dans cette région là, si elle en croyait ses lointains souvenirs qui commençaient à s'effriter.

Arrivée au sommet, elle sauta sur le chemin de ronde et scruta les alentour; personne.

D'ici, elle pouvait nettement voir les silhouettes qui se découpait en ombres chinoise dans les rideaux de la suite de la princesse. Bientôt, les silhouettes se réduisirent à une seule. Il s'agissait forcément de la princesse Cally.

Son cœur se mit à battre avec force dans sa poitrine. Peut-être pourrait-elle accomplir ce qu'elle aurait dû faire il y a une semaine, à deux jours près...

Elle ne sut pas vraiment pourquoi elle fit cela, mais elle avait la sensation qu'une force la poussa en avant. 

Elle rentra par une fenêtre qui conduisait immédiatement à la pièce principale de la suite de la princesse, c'est-à-dire la où cette dernière se trouvait. A nouveau, elles se dévisagèrent en chien de faïence pendant quelque instants, puis Aria finit par s'assoir dans un fauteuil, convaincu qu'elle ne risquait plus rien. 

- Je ne vous ai pas invité à vous assoir, signala froidement la princesse. 

Devant le soupire de la jeune fille qui se trouvait devant elle, elle s'assit également.

Aria se mit à détailler sans gêne la princesse. Les yeux vert, les cheveux noir lâchés, le teint pâle, elle devait être à peu près dans ses âges. Elle portait une courte robe noir, sans doute pour dormir. Elle était rudement jolie. L'espionne se mit à rougir et détourna finalement le regard.

- C'est incroyable, reprit finalement la princesse. 

Comme Aria l'interrogeait du regard, elle poursuivit.

- Votre façon de grimper. Ne croyez pas que je ne vous avais pas vu. On aurait dit que vous voliez.

- Oh, ça, marmonna Aria sans grande conviction. En fait, j'étais là pour t'enlever. Mais à nouveau, je m'en trouve incapable.

La princesse tiqua un peu au "tu" et baissa les yeux. Mais elle ne dit rien.

Finalement, elles discutèrent jusqu'à tard, où la princesse la pressa de s'en aller, après lui avoir fait promettre de revenir pour poursuivre leur conversation. Il se trouva qu'elle était très instruite et charmante, contrairement à certaines filles de l'organisation. Payes ton ironies, c'est une noble, une princesse qui plus est. Logique qu'elle soit mieux instruite

En fait, la princesse Cally était très sensible au problème des rebelles, et souhaitait les aider en rééquilibrant les différent groupes de la société, mais en tant que princesse, elle n'avait pas de réelle pouvoir ou d'influence sur la société et les lois.

La discussion fut très intéressante, et la princesse au final très gentille. Dans l'obscurité de sa chambre, allongé sur son lit, Aria se surpris à sourire. 

***

- Aria !

L'espionne se retourna subitement. Elle revenait d'une excursion au palais, comme presque tout les jours, à présent. Si on découvrait qu'elle avait pactisé avec l'ennemi, elle était morte. Bon, peut-être plus au sens figuré qu'au sens littéral, mais c'était déjà largement suffisant.

- Oui... Ban ?

- Viens dans mon bureau.

Aria rentra la tête dans les épaules. Elle s'attendait au pire, et, bien qu'elle ne s'en rende pas compte, elle tremblait

- Je t'en prie, assis toi, lui dit-il en lui désignant le fauteuil en face de lui. Bon, à présent, ça fait un mois que tu n'as pas fais de mission. Tu pourrais peut-être reprendre les missions ?...

Aria se détendit et cessa de s'agiter. Ce n'était que ça.

- Oui bien sûr. Seulement, est-ce que ce serais possible de recommencer dans deux jours ?

- Tant que mon meilleure agent reprend du service, ça me va.

- Tu considère vraiment que je suis la meilleure ? demanda Aria, plus que surprise.

- Oui, tu en doutait ?

L'espionne repartit le cœur léger. Rencontrer Cally lui avait fait du bien. La princesse avais su redonner lui du courage et de la joie de vivre. Et elle ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle entre la princesse et Salem. Salem lui avait sauvé physiquement la vie puis lui avait donné un toit et un véritable but. Mais Cally l'avait réellement sauvé, du moins, elle en avait l'impression. Elle l'avait sauvé émotionnellement, lui avait appris qui elle était vraiment, lui avait redonné confiance en elle-même, lui avait montré un nouvel univers, lui avait donné l'envie de comprendre et lui avait donné des discussion tellement intéressante...

Elle rejoignit Keylia et Willy qui l'attendait. Ça faisait longtemps qu'ils n'avait pas discutés. Alors qu'ils marchaient vers dehors, Aria les regarda. Elle avait eu vraiment du mal à croire qu'ils étaient jumeaux, tout les deux, après plusieurs années d'amitiés, et elle ne s'y ferait sans doute jamais, même si elle devait bien avouer que ces deux-là étaient bien venus au monde en même temps.

Ils discutèrent un petit moment, avant que Keylia finit par déclarer.

- Tu sais, Aria... Tu manque beaucoup à Salem. Il est... il est tout le temps triste et ne pense qu'à ça, d'après Karim. Il est totalement inefficace et n'écoute pas quand on lui parle. Willy était déjà assez déprimé pour deux.

Son frère se renfrogna et l'espionne baissa les yeux. Depuis leur rupture, elle avait dû lui accorder... quarante-huit heures, tout au plus. Elle était bien trop occupée à penser à Cally et à ce qu'elle pourrait lui dire. Elle avait dit à Salem que ce n'était qu'une pause, mais elle avait bel et bien tourné la page, et définitivement.

- Je dit pas que tu dois te remettre avec lui, poursuivi doucement Keylia, mais tu pourrais te remettre à manger avec nous, et te remettre à lui parler et à le traiter comme un ami. Votre relation d'avant lui manque, même quand vous n'étiez qu'amis.

- Je... je suis désolé. Je ne voulais pas le négliger, mais...

- C'est bon, l'arrêta son amie. Je comprends.

- Merci, souffla Aria.


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