Chapitre 10

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C'était la première fois que leur groupe se disputait à ce point.

Assise sur une chaise dans la chambre de Keyla, Aria semblait regarder le tapis, les yeux dans le vague.

- Je ne comprend pas pourquoi Willy est parti avec Ryan. Je veux dire, il a le droit, mais... d'habitude il reste toujours avec moi...

- Tu crois que c'est de ma faute ?

Keyla fronça les sourcils.

- Si on s'est disputés, précisa Aria.

- Non, bien sûr que non. Salem n'avait pas à être aussi insistant, ça ne le regardait pas. Je ne sais pas ce qu'il a en ce moment mais j'ai l'impression qu'il est de plus en plus pénible. 

- T'es pas la seule...

- Et sinon, c'est qui cette fille ?

- Oh... Juste une amie. On s'est rencontrée un peu par hasard, pendant une de mes missions, et puis on s'est mises à discuter ensemble...

- Et... Il serait possible que tu... enfin que vous...

- Sortez ensemble ? Je sais pas. Je ne pense pas. C'est sans doute plus qu'une simple amie, mais... je sais pas. Ça semble bizarre qu'elle et moi...

- Parce que c'est une fille ?

- Non, mais... ça semble juste impossible entre elle et moi. Je vois pas ce qui pourrais nous amener à ça. Et puis, on vis dans des univers totalement différent. Comment pourrait-elle tomber amoureuse de moi ?

Keyla haussa les épaules.

- C'est vrai que je plains la personne qui choisira de t'épouser.

- Arrête, t'est pas sympa ! ris Aria.

***

S'étalant dans son lit, la jeune fille réfléchit à la journée qu'elle venait de passer. Après avoir monté un plan avec Keyla, elles étaient (enfin) aller tenter de réconcilier le groupe, ce qui dans l'ensemble avait plutôt bien réussit. 

Aria était ensuite aller voir Cally. Ça faisait une semaine qu'elles ne s'étaient pas vu et Aria avait juste hâte. Sauf qu'il n'y avait personne dans la chambre. En entendant du bruit elle s'était dit que l'Empereur recevait et que Cally n'allait pas tarder, comme d'habitude. L'espionne avait finit par comprendre que le bruit se dirigeait vers elle et s'était caché dans la pièce qui servait d'armoire, juste au cas où.

Quelqu'un s'était arrêté devant la porte, avait deviné l'espionne. 

- Non, attendez moi donc ici, avait dit une voix.

- Très bien, puisque vous insistez autant, avait répondu une autre voix dans un rire modéré.

- Cally ! s'était exclama Aria dès que la porte fut fermée.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? avait murmuré la princesse.

- Tu n'est pas contente de me voir ? avait demandé l'espionne sur le même ton.

- Si, bien sûr que si, ne crois pas cela. Mais ce n'est pas du tout le moment. Je reçoit du monde ce soir.

- D'habitude tu reste vingt minutes avec eux avant de t'en aller.

- Tu est jalouse ?

- Pas du tout, je voulais juste...

Aria avait soupiré.

- Laisse tomber

- Pardon. Ce n'est pas la même chose pour aujourd'hui. Les filles du roi du Vietnam ont le même âge que moi et je dois rester avec elles. C'est la moindre des choses. J'étais venue ici seulement pour prendre un châle. Les nuits sont fraiche en cette saison et nous allons nous balader dans les jardins, au clair de lune

Aria avait attrapé un châle sur une étagère et lui avait donné.

- Merci. Tu devrais t'en aller, avait ajouté la princesse avant sortir. 

L'espionne avait cette horrible sensation. Cette sensation de ne plus servir à rien, presque d'être trahie. Ou peut-être juste d'être ignorée, voir d'être évitée. Elle avait réussi à libérer du temps pour Cally mais elle ne pouvait pas la voir pour le moment. Peut-être qu'elle ne voulait pas ?

Elle aurait pu se laisser submerger par la tristesse, mais elle s'était redressé. Elle se faisait des idées. Cally n'avait tout simplement pas pu. En tant que princesse, elle avait certainement des devoirs. Aria connaissait bien Cally. La princesse devait être triste, et s'en vouloir de la laisser toute seule comme ça.

L'espionne s'était assise sur le rebord de la fenêtre et avait observé la nuit étoilé. Des voix attirèrent son attention. Un petit groupe de fille, toutes habillées telle des nobles, puisqu'elles en étaient. Une des filles s'était retourna et l'avait aperçu. Rien d'inquiétant, il s'agisait de sa princesse préféré

Rentre chez toi ! semblai lui intimer Cally.

Aria avait soupirer et avant de descendre de son perchoir.

Elle s'était dirigé vers le bâtiment qui lui servait de foyer.

- Comment c'était ?

Aria s'était arrêté et avait jeté un regard interrogateur à son interlocutrice.

- Ta soirée, s'était expliqué Keyla. Tu étais avec elle, pas vrai ?

Aria avait lentement hoché la tête.

- Ça s'est mal passé ? s'était soudain inquiété son amie. Je n'y avais jamais pensé mais tu n'étais jamais rentrée si tôt. Vous vous êtes disputés ?

- C'est pas ça... Elle était occupé. Ses parents recevaient du monde et elle ne pouvait pas se défiler cette fois. On a dû se voir pendant une demi seconde environ.

- Elle vie encore chez ses parents ?

- Elle a le même âge que nous. Plutôt normal.

- Pas faux. Attend, tu as dit qu'elle ne pouvait pas se défiler cette fois ?

- Oui...

- Ses parents reçoivent souvent ?

Aria avait haussé les épaules.

- Ouais, je crois.

Keyla avait froncé brièvement les sourcils, si brièvement qu'Aria avait cru l'avoir imaginer. Ou plutôt qu'elle préféra se dire qu'elle l'avait imaginer.

- Je vais aller me coucher, avait-elle annoncé.

- Vanilla fait toujours des cauchemar ? avait soudain demandé Keyla.

Son amie avait hoché la tête. Vanilla était une des trois filles avec qui elle partageait sa chambre. Elle devait être âgée de 10 à 11 ans et venait d'arriver dans l'organisation, en tant que fille d'amis à Ban. Ses parents, qui dirigeaient un autre groupe de rebelle, étaient morts récemment, assassiné par des gardes, et leur fille en faisait des cauchemar.

- Bon courage, avait dit Keyla.

- T'inquiète, avait répondu l'autre. Et puis c'est pas sa faute, tu sais.

- Ouais. J'ose même pas imaginer ce que j'aurais ressenti si j'avais vu mes parents se faire assassiner.

- Pareil, avait murmuré Aria avant de se retourner vers sa chambre.

Elle avait doucement pousse la porte de la chambre pour ne pas réveiller d'éventuel dormeurs, puis s'était terré dans son coin après s'être changée pour la nuit.

Et maintenant elle pouvait sentir les larmes dévaler ses joues. Comment pouvait-elle se mettre dans un tel état juste pour une fichue princesse ? Elles ne pouvaient pas être si proche que ça. De plus, Cally ne pouvait simplement pas passer cette soirée avec elle, même si elle en aurait sûrement été ravie. Pas de quoi en faire tout une histoire. Était-elle jalouse ? Peut-être, en ce moment, elle aurait été ravie de se trouver à la place des princesse du Vietnam. Elle se serait peut-être sentie mieux si elle avait su qu'en ce moment même, la princesse Cally nullement intéressée par la conversation, regardait les étoiles en songeant à la soirée qu'elle aurait pu passer si elle ne recevait personne.


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