Dossier Psyché

L'erreur est humaine 1/3

Mon frère Christophe et moi ne sommes pas forcément liés dans nos passions. C'est un romantique et qui n'aime pas rester enfermé, contrairement à moi qui préfère mon petit confort comme mon lit ou le canapé. Il me dit souvent de sortir de ma coquille, mais je ne l'écoute jamais. La plupart du temps, ce sont toujours des petits sermons qu'il me fait. Le littéraire en lui ressort toujours quand il a l'occasion de rappeler qu'il est le plus intelligent des deux. Mais malgré nos différences, on s'aime beaucoup tous les deux. C'est lui l'aîné, il n'a que deux ans de plus que moi or je l'admire beaucoup : il est fort, grand, attentionné par toutes les petites choses, et c'est lui qui a consolé papa lorsque maman nous a quittés.

J'avais dix-sept ans à cette époque. Je venais de me faire larguer par ma copine et je n'avais envie de parler à personne à ce moment-là. Je voulais juste m'enfuir dans ma chambre. Maman, en me voyant arriver, m'avait souri mais vit tout de suite que je n'allais pas bien. Elle m'avait même demandé ce qui n'allait pas. Cependant, dans ma colère, j'avais complètement oublié la peine que je pouvais lui faire en l'ignorant, tout en montant dans ma chambre et en claquant la porte. Je peux encore l'entendre toquer à la porte et moi, lui disant de s'en aller.

Ce fut la dernière fois que je pus la voir en bonne santé. Après cela, elle était partie. Je m'en veux encore aujourd'hui. Christophe essaie toujours de me remonter le moral. Cela fait cinq ans qu'elle n'est plus là, mais j'ai toujours l'impression de la voir me demander si je vais bien. Quant à mon père, ce dernier s'occupe un peu trop de nous, comme un papa gâteux, car il est seul et ne s'est jamais remarié. Malgré son âge, il reste bel homme et les femmes ne manquent pas de chercher à le séduire. Cela dégoûte mon frère, puisqu'elles essayaient déjà alors que notre mère était encore là. Aujourd'hui, elles vont plus loin dans leurs démarches, jusqu'à même l'appeler à son travail pour demander de ses nouvelles. Première question : comment ont-elles su son numéro de téléphone ? Deuxième question : Pourquoi papa leur répond-t-il ?

Cela devient très embarrassant, lorsqu'elles viennent carrément sonner à la porte, espérant vivement de lui parler en face à face. Malheureusement pour elles, le plus souvent, c'est moi ou mon frère qui venons ouvrir à la porte. Leur regard dégouté nous fait sourire. Mais ce qui me fait le plus rire, c'est mon frère qui prend son air blasé devant les femmes qui prennent des postures grotesques devant la porte, tout en se remaquillant comme tentative de séduction.

On s'est posé la question si mon père allait avoir une nouvelle femme, mais celui-ci nous a affirmé que la seule qui reste et restera dans son cœur, c'est notre mère, même si elle n'est plus là. Je crois savoir d'où vient le romantisme de mon frère... Ce dernier est d'ailleurs ravi qu'il pense comme ça. Et je suis assez d'accord avec eux. De toute façon, nous sommes de grands garçons, et notre mère nous a bien éduqué.

Niveau conquête amoureuse, c'est moi qui bats le record entre mon frère et moi.

– Mon premier baiser sera avec mon âme sœur, m'a-t-il assuré.

– Dit celui qui est célibataire depuis vingt-quatre ans, dis-je en ricanant.

– Il n'y a aucun mal à être célibataire...

– Toutes les filles te tournent autour, il serait temps d'en choisir une.

– Ah bon ?

J'explose de rire en entendant ça. Il ne remarque jamais rien. Pourtant, un jeune homme brun aux yeux bleus, la peau blanche et immaculée, avec un sourire de beau gosse sur le visage, des épaules nuancées avec des muscles distingués, il est bien normal que les filles en tombent folles amoureuses. Quant à moi, je ne suis pas vraiment beau, contrairement à lui : je porte des lunettes et je suis plus petit. Je n'ai pas une grande musculature, mon corps est faible et franchement, je me demande comment j'ai pu avoir des petites amies avant. J'avais de l'acné, et c'était horrible. Aujourd'hui, je n'en ai plus, heureusement, mais j'espère que Dame Nature sera bienveillante à mon égard concernant ma taille. Même si ce n'est plus possible maintenant.