Je continue de courir sous cette pluie battante qui mouille mes cheveux, mes vêtements et mes chaussures. Tout est trempé mais je m'en fiche. Je cours encore et encore, sans m'arrêter. Je n'ai même plus envie de retourner chez moi à ruminer. Je n'en peux plus. Je veux juste que le temps s'arrête et que tout redevienne comme avant.
Comme avant ?
Non, il ne faut pas que je pense à ça. Comme avant, cela veut dire rester dans cette peau timide qui s'approche à moi pour me protéger de ce monde cruel. Et pourtant, la timidité est la prison du cœur. Ce n'est pas pour rien : moi-même je ne m'ouvre même pas. Je n'y arrive pas. A qui puis-je faire confiance à présent ? Robin doit sûrement penser que je suis une pleurnicheuse... Et Isalys ? Elle doit me détester...
Mes larmes coulent et se confondent avec les gouttes de pluie qui ruissellent sur mon visage. J'ignore ce que je dois faire maintenant. Je n'arriverai sûrement pas à regarder de nouveau en face ma meilleure amie. Comment ai-je pu la laisser tomber ?
Ma vue se trouble à cause du torrent qui tombe. J'aperçois une silhouette qui m'est familière. Elle s'approche rapidement puis j'entends une voix qui l'accompagne :
– Jacinthe !
– Isalys ? dis-je surprise, tout en tremblant.
Mon amie me prend dans ses bras, lâchant son parapluie qu'elle tenait dans sa main. Je sanglote.
– Lys... commencé-je. Je... Je suis tellement désolée...
– Jacinthe, dis-moi ce qui s'est passé. S'il te plait, dis-moi tout.
Et dans un moment de faiblesse, je lui ouvre mon cœur.
***
On est retournées après ça dans mon appartement pour se sécher. Je suis assise sur mon lit et Isalys rentre dans ma chambre, apportant deux thés bien chauds. Elle s'installe près de moi, me tend une tasse que je prends volontiers, puis après une gorgée, elle dit enfin :
– C'est vraiment une pétasse.
– Q-Qui ça ? je demande un peu perdue.
– Bah... Crystal. Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Toi, restée bloquer dans le passé ? Tu m'étonnes. Elle arrive comme une fleur après ce qu'elle t'a fait subir, et elle fait genre que rien ne s'est passé, puis dit que c'est ta faute. Le culot.
Elle fait un « tss » de déception.
– Pourquoi Christophe s'est mis avec cette connasse ?
A ces mots, je ne peux pas m'empêcher de rire. Ce n'était pas vraiment drôle mais je crois que j'ai besoin de décompresser. Et les insultes d'Isalys toujours aussi franche sont très amusantes, malgré la malveillance derrière. Je sais que c'est pour moi qu'elle fait ça.
Petit à petit, je cesse de rire et je la regarde, sincèrement désolée :
– Excuse-moi... J'aurais dû m'ouvrir à toi plus tôt. Tu es ma meilleure amie.
– Tu sais... me dit Lys. Je n'aurais jamais su que tu étais sous la pluie si Robin ne m'avait pas appelée.
Je cligne des yeux, déboussolée.
– Quoi ?
– Il t'a vu courir et comme il savait pas trop quoi faire, il m'a appelée pour que je puisse venir à ton secours ! Mais si ça ne tenait qu'à moi, je serais allée dans ce café et j'aurais botté le cul à cette fille. Sauf que Fred n'aurait pas été d'accord avec ça...
Je ris un peu avant de me souvenir que j'avais laissé en plan Robin... Je m'excuserai auprès de lui dès que je le reverrai. Je sens la main d'Isalys se poser sur la mienne. Je me tourne vers elle et je vois qu'elle a les sourcils légèrement froncés, montrant une certaine inquiétude.
VOUS LISEZ
Dossier Psyché
ChickLitUn recueil d'histoires toutes liées à l'amour et l'amitié. Des personnages aux histoires peut-être insignifiantes mais qui peuvent nous intéresser par leur personnalité où l'on peut s'identifier. Ce sont des histoires plutôt reposantes, j'écris ici...