Le Clan du Loup - Tome 1 : L'Esprit du Loup

Chapitre 4

Surprise, Tala lâche le livre qu'elle tient dans ses mains et tente de se rattraper comme elle peut. Elle se voit déjà dévaler les escaliers et se ramasser en bas des marches avec des bleus, si ce n'est avec un poignet cassé, ou pire. Kaliska tente bien de la retenir mais Tala l'évite, ne voulant pas l'entraîner avec elle dans sa chute.

C'est alors que des bras puissants la saisissent avant qu'elle ne touche le sol brutalement. Une odeur sauvage et musquée l'enveloppe l'espace d'une seconde. Étrangement, elle se sent en sécurité. Elle est prise d'un léger vertige dû à la frayeur, et se sent tomber. Pourtant, on la tient fermement et avec une incroyable délicatesse.

Un souffle chaud se glisse dans sa nuque et elle s'accroche à celui qui lui a évité une chute dangereuse. Sous ses doigts, elle sent une douce fourrure et des perles froides. Levant les yeux, elle croise le regard brûlant de ce jeune homme étrange. Celui qu'elle a rencontré la veille au soir dans le hall de son immeuble.

Elle est comme aspirée par ses yeux d'un bleu si sombre qu'ils en sont presque noirs. Il ne semble pas vouloir la lâcher, resserrant son étreinte autour d'elle. Et elle ne peut que l'observer, remarquant ces détails qu'elle n'a pas vus la veille.

Il porte un ras-de-cou en fines perles de bois noir. Les deux perles qui siégent en son centre sont rondes et couleur vermeille, alternées avec trois dents en os blanc. À son oreille gauche pend un croc d'ivoire et une plume d'argent, et dans le cartilage, il a trois petits anneaux de ce même métal blanc.

Son visage impassible ne trahit aucune émotion, mais ses yeux parlent pour lui. Tala a une envie irrésistible de glisser ses doigts dans ses mèches brunes. De simplement sentir son odeur sur elle... Et ce regard couleur de nuit qui l'envoute...

Kaliska les retrouve en bas des marches, inquiète. En la voyant venir à leur rencontre, le jeune homme libère doucement l'étudiante aux cheveux sombres. Il lui rend son livre poliment et elle le remercie avec une extrême timidité. Elle sent ses joues arborer une couleur rosée.

— Tout va bien ? demanda-t-il, presque un murmure.

Elle lui répond d'un mouvement de tête, incapable de prononcer le moindre mot. Quelque chose chez lui la trouble, et ce bien plus qu'elle ne veut l'avouer. Ses doigts glissent dans les mèches sombres de la jeune femme tandis qu'il s'éloigne.

— Merci, lui dit-elle tout de même dans un souffle.

Il arbore un bref sourire. Serait-il rassuré ? Puis, il les salue et s'éclipse. Tala ne peut que le regarder disparaître dans le couloir. Elle aurait voulu le rattraper, lui demander son prénom... Mais son corps la trahit, ne voulant faire le moindre mouvement.

La jeune femme aux prunelles noisette jette un coup d'œil éloquent à sa camarade qui baisse les yeux, honteuse.

— Tu le connais ?

— Non, pas vraiment. Je l'ai croisé hier soir en rentrant chez moi.

— Un nouveau voisin ? Il est charmant dis-moi... Hé ! Tu rougis, c'est trop mignon !

— D'ordinaire, c'est toi qui vires cramoisi, lui rétorque Tala en se sentant horriblement gênée.

Son amie ne s'en offusque pas, elle a noté la pointe d'humour.

— C'est vrai, concède Kaliska avec un sourire. Alors, on va le prendre ce café ?

Les deux amies passent enfin la porte de la petite cafétéria, ne cessant de parler de l'étrange inconnu. Kaliska veut en savoir plus mais la jeune femme aux yeux verts ne sait que répondre à ses inlassables questions.

Assises autour d'une tasse de café et d'un thé chaud, elles discutent dans le brouhaha de la salle. L'odeur des croissants sortant du four leur donne l'eau à la bouche et Tala finit par craquer. Revenant avec une viennoiserie pour chacune, elle ne peut manquer le regard songeur de l'étudiante aux cheveux clairs.