Le Clan du Loup - Tome 1 : L'Esprit du Loup

Chapitre 10

L'aube vient à peine de se lever par-delà l'horizon quand Tala s'éveille dans une chaleur bienveillante. Elle le trouve endormi à ses côtés. Un sourire se dessinant sur ses lèvres, elle glisse ses mèches brunes derrière son oreille ornée d'anneaux pour dégager son visage serein. Il s'est glissé dans son lit sans abuser de son sommeil et l'enserrer simplement dans sa douce étreinte. Elle trouve cela tellement respectueux de sa part...

Il semble épuisé de ses nuits et dort comme un chat. Réglisse lui rappelle d'un miaulement affamé que le félin, ici, c'est lui. Elle pose un baiser sur le front du jeune homme endormi et se lève doucement pour ne pas le réveiller. Il bouge en la sentant s'éloigner mais elle le rassure en caressant sa joue. Il se muche alors sous la couette, tel un louveteau dans la tanière.

Préparant la gamelle de son compagnon à quatre pattes, elle s'aperçoit qu'Akira a pensé à fermer la baie vitrée. Elle pousse la porte de la chambre pour que les bruits de la cuisine ne le tirent pas du sommeil, avant de mettre le lait à chauffer. La tasse de son café fumant entre les mains, elle regarde avec amusement le jeune félin dévorer son petit-déjeuner.

Son premier cours va débuter, mais il est hors de question pour elle de laisser le jeune homme seul. Elle tient à être là à son réveil, pour qu'il ne s'inquiète pas. Et puis, sa journée n'est pas si chargée que cela. Un ou deux cours ratés dans l'année ne fera de mal à personne, à condition que ça ne devienne pas une habitude.

S'enroulant dans son peignoir, elle attrape son téléphone portable. Il faut qu'elle parle avec Kaliska. Elle n'a pas pu discuter avec elle de tout ça à la faculté. Ce n'est pas vraiment l'endroit pour ce genre de conversation. Le lieu est bondé d'oreilles indiscrètes. Elle se ravise soudain, se rendant compte qu'il est trop tôt pour un coup de fil.

Jouant avec son portable, elle est sortie de ses pensées par un Réglisse curieux et câlin. Grattant derrière ses oreilles, elle l'entend ronronner de plaisir. Quand il quitte ses genoux pour sa sieste de la matinée, elle sort ses classeurs de cours et s'affaire sur ses leçons. C'est la sonnerie de son téléphone qui la tire de ses cahiers en milieu d'après-midi.

Son amie souhaite la voir, elle a à lui parler. Depuis la dernière fois, elles n'ont pas pu se voir vraiment, et ont de fait bien des choses à se dire. Kaliska ne peut pas attendre, impatiente de nature. Elle est déjà en route vers l'appartement de Tala quand elle l'appelle. Cette dernière lui demande aussitôt de ne pas sonner.

Quand elle la fait entrer, son amie ne peut s'empêcher de lui poser la question qui brûle ses lèvres.

— Akira dort dans la chambre, répond doucement Tala.

— Tu veux dire qu'il est dans ton lit ? demande Kaliska, pleine de sous-entendus.

— Bien-sûr dans mon lit, où voudrais-tu qu'il dorme sinon ?

— Ne me dit pas que... Il ?... Vous ?...

Elle s'imagine déjà pleins de choses et son amie l'arrête immédiatement :

— Attends, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Il ne s'est rien passé.

— Mais alors, comment ?...

— Je l'ai trouvé ce matin, endormi et épuisé, sous la couette avec moi. Il a passé trois nuits dehors à cause de la pleine lune. Il a sans doute besoin de repos.

— J'espère pour lui qu'il n'a pas abusé de toi, sinon il va m'entendre !

— Ne t'inquiète pas. Il a juste dormi à mes côtés. Rien de plus.

— Tala, expliques-moi le rapport avec la pleine lune, se souvient la jeune femme aux cheveux clairs. Je ne te suis pas.

La jeune étudiante aux mèches sombres prend donc le temps de lui raconter ce qu'il s'est passé trois jours plus tôt. Kaliska l'écoute, attentive, n'osant la couper, caressant Réglisse qui n'a pas manqué une occasion de se faire câliner. Mais elle a du mal à se dire que ce que Tala lui raconte puisse être vrai.

Elle a beau savoir que sa camarade n'est pas du genre à inventer pareille histoire, elle n'arrive pas à la croire. Et pourtant, rien ne laisse supposer que c'est une plaisanterie.

— Tu as bu quelque chose avant que j'arrive ? Ou n'as-tu pas encore décuvé de la veille peut-être...

— Kaliska... souffle son amie, exaspérée. Je suis sérieuse.

Mais la jeune femme aux yeux noisette n'en revient pas. Ce ne peut être qu'une blague ?!

— Je ne peux pas y croire. Sérieusement... Tu es en train de me dire que le type qui est en train de dormit dans ton lit pendant que nous discutons est un loup-garou ? Je ne peux pas le croire, c'est trop... Trop...

— Incroyable ? complète une voix à sa place.

Kaliska tressaille aussitôt. Sur ses genoux, Réglisse feule, vexé de sa surprise et s'en va trotter vers la chambre, la queue dressée et l'air bien guilleret tout à coup.