L'autre monde

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Magalie: A chaque périphérie ou je me trouve le noir complet fut plus épais, je chancelai frénétiquement vers l'autre bord puisque tout autour de moi voguait sur une mer stagnante, l'espace était muet, mes pupilles se dilatent à force de m'efforcer à percevoir une petite étincelle dans cette lourde obscurité .
Je continuai à tituber sur l'engin qui s'arrêtait
au-dessus de cette surface noirâtre. Un profond silence s'était abattu, ce fut le néant, le vide complet avec pour seule entité, moi, je sentis que la panique escaladait mes nerfs jusqu'à me plonger dans une totale perte de contrôle. Mon chancellement devint plus important, ma panique me rendait dingue, je me déplaçais à chaque rebord en usant de l'énergie qui me restait jusqu'à faire basculer l'engin protecteur. Dans un élan de peur qui me prenait aux
tripes, j'atterris avec fracas dans la mer stagnante qui engloutit doucement tout mon corps tel un sable mouvant me dévorant à petit feu.
Je me réveillai encore, mais cette fois au bord d'une plage magnifique, où la brise du vent et le sable fin chatouillaient mon corps ravagé, je souris car le soleil poigne ses reflets
chromatiques de l'aube sur mon visage qui connut mainte expressions, un visage bafoué, et
peint d'un profond désarroi qui ne s'effacera jamais puisque pour toujours ce cerveau qui
lui permit de changer d'expression se souviendra des jérémiades et des afflictions
insoutenables qu'il avait naguère vécu.
Une voix qui semblait proche de moi, me parla avec une profonde béatitude qui me calma soudainement

- Je sais qui tu es, et je t'épargne de toute cette souffrance ma fille, je t'ai vu grandir.
L'heure est maintenant venue de rencontrer ton cher père qui t'adore, et qui veut à tout prix t'avoir dans sa vie de lao d'outre tombe.

Magalie: Je fis volte face pour découvrir un visage empreint d'une beauté reluisante, un
visage terne sans imperfection, un homme grand d'un noir fin et épais, des yeux sombres mais en proie a des goutelletes de sang qui entachait le blanc de ses yeux, ce qui le rendit tout rouge. d'une taille herculéenne, et le corps imposant par ses grands muscles et ses grandes mains, il était vêtu d'une grande robe, semblable à un houppelande immaculée.
C'était le prince de mes rêves les plus fous. Des traits que je connaissais se distinguait sur son visage parfait, c'étaient les miens. C'est Ogou, mon père.

Pourquoi m'as-tu abandonné alors, j'ai souffert et pleuré toutes les larmes de mon corps sans jamais que tu me chevauches pour échapper à mes maux. Papa! s'écroula-t-elle
d

ans un soupir de rage, je n'en peux plus de toutes ses épreuves.

Ogou: Pour la destinée qui t'attends , il fallait que tu chemines sur ses charbons ardents afin que tu grandisses pour balayer ces habitudes égocentriques et présomptueuses de ton milieu. Les hommes ont besoin de justice, depuis ton enfance t'as toujours été juste. Mais cette partie de toi, fut corrompue par l'enseignement absurde de ta famille, hypocrite qui ne t'a jamais avoué, que c'est moi, qui t'ai conçue en échange de la guérison de ta mère. La vie est certe éprouvante, mais elle te murie

- Ce fut aussi mon destin d'être tué par Marcel? ce traître qui m'a vendu!

Sa voix était pleine de colère, il fallait qu'elle atteigne elle aussi cette sagesse en dépit de ses tumultueuses souffrances.

- je ne peux intervenir dans les actions qu'entretiennent les hommes, par contre je
peut aider ceux qui font appel à moi par l'intermédiaire des dévotions en mon nom.
C'est bien valable pour tous les loas. Tu n'es pas morte, je t'ai juste rappelé à moi,
pour enfin te parler. Tu retourneras affronter Marcel, à partir de maintenant je déverrouille tous tes pouvoirs que tu partageras avec moi, tu seras mes yeux, mes
oreilles, et toute ma personnalité t'es transmise.
Tu es enfin prête pour te faire
justice et terrasser tous ceux qui oseront te barrer la route.

Elle se réveilla pour de bon cette fois, toute d'emblée avec tous les souvenirs de son saut
dans la vie d'après.

Magalie: Le sol était inculte, ma peau se déchirait à chaque mouvement sur les tessons de
bouteilles et de graviers qui jonchaient l'endroit ou je fus attaché, des sons de tambours allant crescendo fusent dans la nuit éclairée par un feu ardent et tisonné par des branches d'arbre coupés récemment. Le feu crépitait au rythme des tambours, les adeptes et mambos
escaladaient le feu pour ensuite rouler des reins dans une saccade de mouvement extatique, leurs pieds foulent le sol, la volupté de leurs corps charrient du plaisir onirique sur les mals qui accompagnaient ses femmes envoutantes. Des seins durs se dévoilent sur cette danse
chaotique du folklore qui s'intensifie jusqu'à atteindre le paroxysme.
Au fin fond d'une
forêt, les voix des dégénérés en proie aux plaisirs lubriques, martelaient le silence de la nuit,
le dôme taciturne qui la rendait paisible fut brisée par la luxure et la dépravation sonores
auxquelles ils s'adonnent. Sur un coup sec, les roulements de tambours s'estompent pour faire
place à un hougan dont la voix gutturale éructent des mots sur un ton cru. Dans cette
intervalle de litanie que j'écoutais à peine, j'entendis mon nom

Une vie, entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant