Ce n'était pas de l'indifférence que je ressentais : plutôt une sorte de vide. Un trou noir sentimental, qui absorbait toute la tristesse qui aurait dû, en toute logique, m'envahir. Quand je regardais ma mère détruite, abattue, je me sentais misérable. Misérable, car j'aurais dû pleurer, être affecté émotionellement par ce drame. Mais mon coeurn'était pas brisé, et mes yeux restaient secs. Pas une fois, je n'ai versé de larmes.
Même en entrant dans la voiture avec maman, où ma soeur et mon frère étaient déjà installés, je n'ai eu aucun pincement au coeur. Maman s'essuyait nerveusement les yeux tout en démarrant le véhicule, et moi je la regardais faire, sans réagir. Mon petit frère, Adam, qui n'avait qu'un an, pleurait sans trop savoir pourquoi. Je l'enviais, car lui, plutard, ne se souviendrait pas de papa, et ne pourrait pas se repprocher de ne pas être peiné par sa mort. Il était trop jeune. Moi, en revanche, n'avais aucune excuse pour expliquer mon manque de tristesse. Je me souvenais parfaitement de mon père et de comment il est mort. Mais le pire, c'était la peine de ma soeur. Ce fut elle qui réussit à me faire sentir le plus coupable de ce vide incompréhensible qui remplaçait mon chagrin. Victoria pleurait silencieusement, essayant de se cacher avec un pan de son coupe vent. Je pouvais voir dans le rétroviseur ses yeux rouges, son teint blanc et ses joues mouillées par les larmes. Elle était, comme ma mère l'avait été dans le salon, quelques minutes plus tôt, parcourue de frissons et traversée de soubresauts.
Victoria et moi avions toujours été inséparable, et c'est pourquoi je détestais la voir aussi chagrinée. Elle était ma soeur aînée d'une seule année, mais elle était aussi ma meilleure amie, celle en qui j'avais le plus confiance. Nous nous entendions parfaitement, même si physiquement, nous étions comme deux pôles complètements opposés sur une rose des vents : elle étant le Sud et moi le Nord. Elle était belle, très belle même. Ses cheveux roux étaient identiques à ceux de papa, sauf que les siens étaient bien plus long et formaient de parfaits boudins qui tombaient joliement dans son dos. Ses grands yeux étaient d'un vert éclatant, pétillant, et en temps normal empreints d'une grande vivacité. Elle avait une bouche pulpeuse, qu'elle peignait parfois en rouge pour faire plus joli. Grande et mince, elle avait toujours en un petit quelque chose qui faisait d'elle une fille charmante, adorable et suretout désirée par les garçons. Je pouvais affirmée, sans jalousie, qu'elle était la préférée de ma mère. C'est deux là se ressemblaient énormément. En fait, elle rescemblait énormément à papa et maman.
Moi, en revanche, j'étais exactement l'inverse d'eux. De taille moyenne, j'avais très peu de courbes et de poitrine. Mes cheveux étaient très long, même plus long que ceux de ma soeur, mais par contre, au lieu d'être roux, ils étaient d'un noir profond. Ma peau était blanche, presque translucide. Mes yeux bleus était très foncés, si bien que de loins, ils parassaient aussi noirs que mes cheveux. Je ne me maquillais pas, une autre différence avec ma soeur. Je ne portais pas non plus de vêtements à la mode, contrairement à ma mère. Je n'avais pas non plus de taches de rousseurs, comme mon petit frère Adam, Victoria et mon père. Je ne leur ressemblais pas, point.
Côté personnalité non plus, je n'étais pas comme eux. Maman et Victoria étaient plutôt extravertie. Elles ne disaient pas leurs véritables opinions à voix hautes, mais ne se gênaient pas non plus de s'exprimer, ça dépendait du sujet. Adam pour l'instant n'était pas gêné lui non plus, mais il était si jeune, c'était biensûr trop tôt pour en tirer des conclusions. Non, sur le plan du caractère, la seule personne à qui je rescemblais dans la famille était bien entendu mon père. De ce côté, nous étions pour ainsi dire deux gouttes d'eau. Il avait toujours été timide, et comme moi, gardait son opinion pour lui même. Je ne garde pas le souvenir de l'avoir vu se fâcher un jour. Il avait toujours eu une force émotionnelle impressionante. Il ne se laissait pas abattre et il ne pleurait pas. Il était toujours calme, posé, même lorsque tous les autres autour de lui avaient craqués depuis longtemps. Depuis que je suis toute petite, on m'a sans cesse répété que j'avais le même caractère, la même personalité que celle de mon père.
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A Drop In The Ocean
FanfictionLa vie ne tient bien souvent qu'à un fil. C'est ce qu'Elysabeth réalise lorsqu'elle apprend la mort tragique et soudaine de son père. Avec sa famille, elle devra vivre ce deuil et passer au travers de ce moment obscur de sa vie. Mais alors qu'elle c...