EDDIE THE FREAK

CHAPITRE 7 Lundi 14 mars 1977

- Joyeux anniversaire, Petite crevette. Pour de vrai cette fois ci. Me dit Wayne, sa cigarette à la main dont la fumée se mélange avec celle de son café tout juste servi.

La journée d'hier avait été radieuse. Jason Carver en avait pris pour son grade et la salle d'Arcade était vraiment un endroit super cool. Quand j'étais rentré, le soir, cependant, Papa était parti. Selon Wayne il avait une course à faire. Comme si je ne savais pas de quelle course il s'agissait.

- Il n'est toujours pas rentré ?

- Non. Je ne sais pas quand est-ce qu'il sera de retour. Je resterais ici avec toi en attendant. On aura l'occasion de jouer tout les deux, comme ça. Dit-il sans me regarder dans les yeux.

- En fait c'est pour ça, la guitare. Il a décidé de reprendre du service dans ses magouilles de hors la loi. Je bougonne.

- Eh ! Un peu de respect envers ton père, jeune homme. Il n'est pas ... (il marque une pause. Il sait que ce qu'il va dire est un parfait mensonge)

- Ne te force pas à me mentir, Wayne, je ne suis plus un bébé. Ça fait longtemps que j'ai compris comment papa gagnait sa vie. Faut dire que les voitures sur lesquelles on arrache les câbles sont un bon indicateur.

J'essaie de sourire en lui disant cette dernière phrase. Wayne passe alors la main (celle qui tient sa cigarette) sur son front. Il souffle longuement et me regarde. Il me fait signe de venir m'assoir et me donne une tape affectueuse sur l'épaule.

- T'es un gamin intelligent, tu le sais ça ? Alors je vais te donner un conseil qui restera entre toi et moi. Ne te mêle jamais des histoires de ton père et continue de ne jamais poser de questions. Tiens-toi loin de cette vie-là. Elle ne mène jamais à rien de bien, mon grand.

- Tu crois qu'il s'en sortira ?

- Je l'espère, mon grand, je l'espère. Maintenant, enfile tes baskets et va à l'école. Jeff doit déjà t'attendre pour y aller. Cet après-midi, on souffle tes bougies et on essaie cette guitare.

***

C'était impossible de ne pas la remarquer, une fois qu'on l'avait vu pour la première fois. J'étais assis dans la cour, légèrement en retrait, avec Jeff, qui lisait les BD que je lui avais prêter la veille. J'essaye de me concentrer sur la mienne, mais rien à faire, mes yeux sont rivés sur Heather Collins.

Elle était en train de jouer à la marelle avec ses amis, très loin de la bande d'abruti avec qui, apparemment, elle avait l'habitude de jouer. Cette fille avait pris la décision de le défendre alors qu'elle ne me connaissait pas du tout, face au mec que tous les autres craignaient le plus. Elle était vraiment cool.

C'était une toute petite fille pour son âge. Elle semblait aussi légère qu'une plume et pourtant, de ce que j'en ai entraperçu hier, solide comme un roc. Je me demande quel genre de musique elle écoute. C'est souvent grâce à la musique qu'ils écoutent qu'on arrive plus facilement à cerner les gens. La musique fait écho à l'âme. C'est un véritable langage et j'avais très envie de savoir quel genre de langue parlait Heather Collins.

Peut être même qu'elle pourrait devenir notre amie ? Ce serai la première de notre bande. On pourrait accepter sa copine aussi. Je ne sais plus son nom. Quoi qu'il en soit, ce serai cool, d'intégrer des filles dans notre duo de looser.

- Tu devrais aller lui parler. Marmonna Jeff, derrière son comics.

- Certainement pas, je suis plus âgé que vous et je dois me comporter tout comme. Je peux pas courir vers une fille pour la remercier de m'avoir défendu en public contre un blaireau de première.