YaEUPHORIAël, prénEUPHORIAom EUPHORIAd'originEUPHORIAe hébrEUPHORIAaïque qEUPHORIAui signEUPHORIAifiEUPHORIAe « chèvre euphoria »
Ce matin, je me suis faite réveiller par la voix d'Edné. Depuis qu'elle fume, elle a une voix rocailleuse et grave, surtout à ces heures-ci.
J'aime.
Et à la fois pas trop, parce que je la vois encore la clope au bec et toute l'idylle de cette vue matinale s'écroule. Edné toxico, Edné toxique.
Gros corps rond ou
Poumon goudron ?
Je me lève rapidement en me disant que rester assise sur ce lit doit faire ressortir mes bourrelets. Je sais qu'elle ne regarde pas, mais tout de même.
Ce n'est pas comme tout les matins. Normalement, le miroir devant le lit me hurle dessus jusqu'à ce que je tombe. Il ne le fait pas. En fait, il y a un grand drap dessus. Je suis surprise et elle me dit:
- Je l'ai mis pour toi. Viens.
Je sais que je n'ai jamais parlé des voix avec elle. Mais Edné n'a pas besoins de mots et les larmes qui vivent dans ses yeux veulent tellement absorber ma peine... Edné éponge. Mais ça me fait plaisir, cette attention. J'ai toujours l'impression qu'elle ne pense pas à moi, et dès qu'elle voit cette poudre blanche dont elle frissonne et tremble, je sais qu'elle oublie ce qu'on est.
Edné droguée, Edné ma drogue. Elle me propose un petit déjeuner mais je refuse.
- Yaëlle, il faut que tu manges.
Ses yeux s'humidifient, et ils sont déjà rougis. Combien de vies va-t-elle perdre avant d'arrêter de pleurer ? Je m'agace, je lui dis que j'en ai marre de sa fâcheuse manie à tous nous contrôlerINVENTER.
ERROR 404.
***ddee ssaa fââcchheuussee maanniie àà touuss nous surprotéger. Je laisse entendre que c'est toxique et elle pleure pour de bon.
- Tu peux pas me dire ça alors qu'il est mort !
- Il n'est pas mort, je lui répond d'une voix brisée.
Mon ventre me fait atrocement mal. Hier je n'ai mangé que de la salade, mais ce n'était pas à cause des petites voix qui me disaient:
- Tu ferais mieux de te suicider, grosse truie.
C'était la peine de voir Joachim à l'état de légume qui m'a coupé l'appétit.
- Tu sais bien que ce n'est pas à cause de lui que tu ne manges pas, sanglote Edné avec une voix désespérée.
- Je fais ce que je veux.
Je serre les dents, et la main sur mon sac de cours, la lanière grince et veut se débattre sans quoi elle pourrait lâcher. Je déteste la voir comme ça, cet état frénétique dans lequel elle se met toujours pour moi mais j'ai l'habitude.
- Yaëlle...
- Non ! je coupe. J'y vais. Viens avec moi, ou prend ton stupide petit déjeuner.
- Je suis désolée...
C'est moi qui le suis. Théo me regardera encore avec des yeux pleins de foudre aujourd'hui, parce que les larmes sur le visage d'Edné ne s'arrêtent pas, sur le chemin pour aller à l'école. Mentalement, je suis perdue entre l'injonction de la regarder manger le pauvre morceau de chocolat qu'elle a attrapé et celle de lui hurler au visage.
- Le chocolat c'est pour les maigres comme elle, pas pour les porcs.
Je tend la main et elle me donne quatre carrés. Je les porte à ma bouche qui tremble, mon souffle court. Je déteste cette sensation mais je sais qu'elle préfère que je culpabilise après mais que je soit satisfaite de ma faim.
Le chocolat est bon, son bisous aussi. Les deux se marient bien ensemble, avec le gout de ses larmes sur ma peau. Edné soignée, Edné soignante.
Edné se tue en étant avec moi. Edné aux neuf vies n'en a plus que huit.
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La Mort est une Connasse
Non-FictionEdné jongle avec les cigarettes comme elle le fait avec ses 9 vies. Mais celles-ci s'émiettent à l'annonce du suicide de Joachim. Edné chevalière, Edné à l'épée plus tranchante que ses larmes qui coulent souvent sur son visage. Edné au coeur brisé p...