Aujourd'hui est un jour noir

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Quand mon cœur sombre et que ma tête sonne,
Se répand dans ma bouche une aversion amère
Dans mes mots ne résonnnent que les consonnes
L'estime et l'égo à l'air.

Et quand leurs yeux se posent sur moi, je ne sais que faire
Je suis seule, je bafouille. On croyait que j'étais solaire !
Mon feu s'éteint sous ces eaux-d-yeux autoritaires,
Je tombe vers la mer.

Et lorsque je ne puis plus respirer,
Que la brise m'étouffe et que l'envol dure,
Je sais que la chute est pire, le plaisir éthéré !
Sans mes ailes je suis nue.

La mer se rapproche et mes pensées m'abandonnent :
Je suis seule face au miroir de l'onde, face à ma haine

Je suis de colère et d'épines est ma couronne
Je me consume de leurs peines.
Dans le plaisir de la mort, mon corps est soulagé,
Tombe autour de moi mes plumes libérées

Et s'apaise ainsi la douleur et le danger
J'atteins la félicité.

- Il est nul ton poème, fait la voix tremblante de Yaëlle.

Toute l'ironie de ma voix retombe, je veux lui répliquer quelque chose d'acide et de stylé mais j'en tombe des nues. Elle n'aime pas mon poème, elle ne m'aime pas moi, donc. Sa réponse est si rapide, si incongrue que je sens mes sourcils se froncer et mes yeux s'humidifier.

- Pourquoi ? je demande lentement.

- Il est... Pourquoi tu parles du plaisir de la mort ?

- Quoi ? Tu n'aimes pas ?

Je pince les lèvres pour ne pas éclater en sanglots. Elle déteste quand je fais ça, donc je me force à regarder au loin, en allumant la cigarette entre mes lèvres que je mâchonne déjà.

- C'est pas un plaisir, la mort, dit Yaëlle avec un soupçon de colère dans sa voix.

- Pourquoi pas ? je répond, alors que ma voix trahit ma peine. Tu sais bien qu'eux aimaient ça...

- Ne parle pas d'eux comme s'ils étaient encore là ! dit Yaëlle en repoussant mon bras que je voulais mettre autour de sa taille.

Les larmes me font voir double. La cigarette que je grignote tombe par terre, j'ai l'impression de me prendre un coup dans le ventre alors qu'elle s'est juste décalée sur le banc.

- Mais je...

- J'en ai marre de souffrir, Edné. J'en peux plus, j'en peux vraiment plus, panique-t-elle.

Je ne sais pas quoi répondre.

Yaëlle est égoïste.
Et elle
a
tellement raison.

- Tu ne peux pas arrêter de pleurer, aussi ?! On dirait que je suis un monstre !

Je sais soudain
qu'elle a peur.
Elle a peur d'être le monstre
qu'elle voit qu'elle est dans mes yeux
aveuglés.

Qu'elle ramène tout ça à
sa mariée aux bras de squelette,
c'est ça qui me fait
peur. Mais tant pis
je préfère qu'elle meure.

Adieu Yaëlle. Je ne veux plus de ta colère et de ta souffrance. Mes yeux ne veulent plus pleurer pour ta peine, ils te lancent des éclairs.

- Je décide si je pleure ou pas. Tu n'as pas à décider pour moi !

- Edné ?!

Elle est surprise, hein ?
J'ai les poings qui se ferment
j'ai la colère de Théo
contre elle.
Il faut bien qu'il vive en

moiREBOOT404

.

..

...

Reboot euphoria

- Edné, pourquoi tu es comme ça ? Qu'est-ce que tu as ?

Elle essaye d'être gentille avec moi, mais j'ai déjà pris ma décision. Tant pis si je tombe dans mes plaies comme Théo dans les siennes, tant pis si je cueille mes fleurs seule sans elle. Ce n'est plus d'elle que je veux.

Elle est aussi
injuste que sa
maladie.

- Je ne peux plus t'aider.

- Edné, tu ne peux pas me dire ça...

Je gueule, tu pleures.

Un pas de plus. Edné de peine, Edné de haine.

- Je ne veux plus t'aider, Yaëlle !

Yaëlle se met à pleurer et je sais qu'elle le fait pour de vrai. Elle a des larmes qui coulent sur son visage comme des perles, et la voir ainsi crève mon coeur déjà brisé. C'est fini
pour de
bon.

(Relation toxique ? 11/20, je me dirais bravo plus tard.)

- Je ne suis pas responsable de ta... De ta maladie, et je ne veux plus l'endurer.

- Mais je n'ai pas de maladie... supplie -t-elle. Qu'est-ce que tu racontes.

- Je te quitte.

Yaëlle tend les doigts vers mon visage d'un air triste, tellement triste que nous éclatons en de gros sanglots l'une après l'autre. Elle veut me faire plier en pleurant ainsi comme je ne l'ai jamais vue pleurer. Mais c'est trop tard.

- Je suis désolée Yaëlle.

- Edné ! Ne me laisse pas !

- Je ne peux pas être en couple avec toi alors que la seule personne que tu désires c'est toi.

- Mais c'est faux ! Tu sais à quel point je me trouve horrible !

- Je ne veux pas être en couple avec l'anorexie. Ce n'est pas elle que j'aime.

À ces mots je sais
que j'ai déjà gagné la partie.

J'ai tant de peine et de larmes sur mon visage.
Tant de haine et de mort dans mes yeux qui ne pourront jamais les épurer.

Je suis si fatiguée.

Yaëlle vient de partir aussi
comme Théo et Joachim.
J'ai prononcé les mots qui
l'ont fait disparaitre
aussi tragique que cela puisse paraitre.

Aujourd'hui est un jour noir
je viens de perdre un amour
un ami
un frère.

Et avec cela je perd une nouvelle vie. Plus que trois.

Rien n'est grave

drogue à fond.

La Mort est une ConnasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant