🌻Je gueule, tu pleures, on lui offrira des fleurs

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- Je voudrais être un loup-garou pour vivre seulement dans la nuit
Les journées sont si noires que bientôt je deviendrais aveugle.

Je tâtonnerais en criant comme un ivrogne fini
J'me prendrait toutes les tables et les meubles
"ADIEU LES FILLES !"

- Ta gueule, Edmé, murmure Théo en sentant son coeur s'affoler.

Merde, j'suis mort. Elle va me cramer et tout cramer sur son passage.

Edmé chevalière, Edmé à l'épée plus tranchante que ses larmes qui coulent souvent sur son visage. Edmé au coeur brisé par la même fille, Edmé la poète désespérée.

Elle est devant les toilettes des garçons. Il l'imagine les poings sur les hanches, l'air saoulée comme à son habitude. Il n'y a qu'elle qui peut dire des insultes, crier et dire des poèmes à la fois. C'est par ce paradoxe qu'il l'adore et l'adule. Souvent, il aime dire que c'est sa petite soeur gay, qu'il peut la chouchouter comme il veut.

Mais là, il n'a pas envie de rire. Sa main tremble, couverte d'un liquide épais, rouge.

Son sang.

Son esprit tournoyait en tout sens, encore affolé par les fleurs qu'il venait de faire pousser sous ses manches. Il venait de faire tomber son couteau dans la plaie béante qu'il incisait calmement à chaque récréation, sous couvert d'aller pisser.

Calme toi, Théo. C'est pas la mort. Respire. Elle est bien loin, elle s'occupe du petite pote pas jojo le Joachim. 

Il sort des toilettes en tirant la chasse d'eau et la blonde ne rigole pas. Le couteau est tombé dans la plaie et ce n'est pas elle qui va aller le chercher. Elle aimerait bien, mais il n'y a que lui qui pourrait l'enlever.

- Je t'attendais. J'ai un truc pour toi.

Il essuya ses manches où fleurissaient des lilas rouges, des roses des mauvaises couleurs. Son sourire fait une grande tache sur son visage trop grand. Edmé le sait et elle lui tapote les cheveux. Edmé ne rigole pas, elle ne rigole jamais et si elle le fait, c'est qu'elle a pleuré. Dans ces cas-là, Théo est triste aussi, et a envie de frapper tout le monde et particulièrement Yaëlle.

Alors il est rassuré. Elle est plus comme une grande soeur pour lui, malgré que la puberté lui ait offert une tête de plus qu'elle. Edmé a des larmes matures et des combats de gens âgés. Elle a connu l'enfer et veut toujours l'emmener vers le paradis.

Edmé a peur, Edmé a mal, mais c'est lui qu'elle protégera. Comme un p'tit mioche, alors qu'elle déteste ça pourtant. En prenant le papier qu'elle lui tend, il sait d'avance ce qu'il y a d'écrit. Mais il n'a pas peur, elle est là et tout les mots du monde ne décriraient pas combien il l'aime.

"À mon chat siamois préféré
même quand tu fais la gueule à cause d'elle
je sais combien tu m'aimes.

Et j'espère que le tigre 
osera voir ces mots
petit coquin."

Théo ne s'effondre pas et suit simplement son amie sur la route arc-en-ciel. Fermant les yeux, humant les odeurs nauséabondes, il laisse la quiétude l'emplir et la culpabilité ronger ses doigts au contact de la lame qu'il a dans sa manche. Il sait que Joachim connaissait le tigre qui ronge ses bras.

Rien n'est grave

fume à fond.

- Dis moi mon coeur, mon petit coeur tout joli
Ça fait longtemps que tu caches sous tes plis,
Ces jolies cicatrices qui te rendent triste ? 
Corde rouges sur peau, beau guitariste ?

Raconte les malheurs qui t'ont attrapés 
Comme toi et moi sur la toile d'araignée
Qui retient nos plus folles années
Dans ce monde...
Désespéré.

Putain, ça commençait bien.
On s'en tire toujours avec quelques vers mais nous on sait pas
Connard
Si tu t'en tireras.

Pleure pas, Théo. Reprend une taffe et oublions. 
Je gueule tu pleures,
On lui offrira des fleurs
Sur son lit d'hôpital à ce chacal.

Je gueule et tu pleures mais
On sait très bien qu'intérieurement c'est l'inverse
L'ado pleure et le parent tape

Ou l'inverse
on sait 
plus très bien
tout
est
si
décousu ici.

Rien n'est grave

drogue à fond.

La Mort est une ConnasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant