Jour 1 • L'écho de ces voix

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Univers : Éphémérides Astrales
Personnages : Eireann O'Brian, Maureen, Siofra, Laoire [DaeHyun Hwang]
TW automutilation, amnésie, insomnie, migraine, pensées sombres

Univers : Éphémérides AstralesPersonnages : Eireann O'Brian, Maureen, Siofra, Laoire [DaeHyun Hwang]TW automutilation, amnésie, insomnie, migraine, pensées sombres

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Qu'ai-je fait hier ? Allongée dans le lit, le corps lourd d'une nuit catastrophique, je tente de me souvenir du déroulé de la journée de la veille. En vain. Une intense migraine vrille ma boîte crânienne, tire derrière mes yeux encore clos. J'inspire profondément, comme pour chasser ce marteau-piqueur mental. Pas moyen. Mon bras tâtonne à la recherche de l'oreiller que j'ai balancé hors de mon couchage, sans y parvenir. Je prends sur moi pour me redresser, la nausée matinale asséchant ma bouche. Depuis des mois, depuis que la mort d'Ethan m'est revenue en mémoire, le rituel est le même : nausées, vomissements, saignements de nez. Mon corps amaigri évolue dans ce décor irréel, tentant de cacher à tous la réalité de mon état : je me sens dépérir.

Souviens-toi que tu n'es pas seule.

Je suis seule. Depuis si longtemps. J'ai l'impression d'avoir dû faire tant de choses sans aide, tant de choses au-delà de mes capacités, jusqu'à ce que mon corps et mon esprit se brisent.

Venge-toi. Fais leur payer ça !
Tais-toi. Laisse-la.

Et ces échos dans ma tête, symbole de l'ambivalence de mes humeurs, ne cessent de se disputer. J'oscille entre rage indicible, calme olympien et dépit complet. Arrivée dans la salle d'eau de ma cabine, j'observe mon visage creusé par l'épuisement. Je devrais accepter leur aide. Mais, j'ai peur. Peur de me retrouver encore plus seule. Peur de leur jugement. Paradoxal, n'est-ce pas ? Je suis seule, sans l'être.

Si tu nous écoutais, tu saurais.

La voix est plus douce que les autres. Plus chaleureuse.

Arrête. Ça suffit. T'es seule parce que tu t'isoles.

Celle-là est froide. En colère. Je ferme les yeux et passe un coup d'eau fraîche sur mon visage, toujours dans l'espoir illusoire de faire passer mon mal de tête. Sans succès. Et après une douche rapide, je m'habille, attendant que le commandant daigne venir me chercher pour... pour faire quoi ? Je devais faire quelque chose, mais quoi ? Des examens médicaux.

Encore.

Toujours. Je suis une bête de foire, un cas d'école. J'ai survécu alors que j'aurai dû mourir. Ma tête fourmille de pensées parasites, de voix d'outre-tombe que je ne comprends pas, de disputes que je ne partage pas. Mon mal de crâne s'intensifie. Je suis épuisée. J'en ai marre. Je veux dormir. Je veux disparaître. Seule. Loin de tous. Sans personne pour s'apitoyer sur mon sort. Sans personne pour me plaindre. Juste moi et... ma peine ? Ma colère ?

Et nous. Tu ne peux pas faire ça.

Et pourquoi pas ? Je ricane. Non, je n'en ai pas le courage. Pas la force. Mes jambes finissent par se dérober sous mon poids. J'aurai dû manger hier. Je sais que je n'ai pas mangé. Ma gorge se serre, mes ongles viennent en gratter la peau, avec force, jusqu'à ce que l'odeur du sang parvienne à mes oreilles. Je n'entends pas la porte de la cabine s'ouvrir, ni celle de la salle de bain. Je n'entends pas la voix masculine s'élever à travers l'écho de ces voix qui m'assaillent et finissent par se taire. Presque par respect ? Des doigts s'enroulent autour des miens et l'odeur d'hibiscus m'apaise.

— Venez, on va désinfecter ça.

Aujourd'hui, j'accepte qu'il me porte. Aujourd'hui, j'accepte sa présence.

— Aide-moi.

Et un dernier écho s'élève.

Enfin. Il était temps.

Howktober 2022 • 31 jours, 31 textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant