Selon une liste proposée par Lepinum, 31 textes seront écrits (pas forcément dans l'ordre par soucis parfois de cohérence) et prendront place dans l'un ou l'autre de mes univers.
Attention, ça peut spoiler très fort.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La communication grésille. Je l'entends mal. Je la vois mal. Et le peu que j'observe est suffisant pour que je réalise dans quel état elle est. Mal en point, ça, c'est sûr. Aux portes de la mort, certainement. Mon cœur se serre, douloureusement, à l'idée qu'elle disparaisse. Son ordre de quitter la zone résonne mal en moi. Quelque chose remue dans mon estomac, sans que je ne sois en mesure de l'identifier. Dans le coin de mon œil, Anastasia, dont les plaies du visage se referment à peine, quitte la zone de communication pour donner ses ordres. Cela aurait dû être moi. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à bouger ?
Dans mon oreillette, le compte à rebours d'Eithné continue. Inlassable. Implacable. Je fronce les sourcils et essaie de refuser, de la convaincre.
— L'Alecto est rapide... — Pas suffisamment, Hwang. Par pitié... ne rendez pas ça... plus difficile. — Capitaine, je...
Elle trouve la force de me sourire, même si son visage est de plus en plus flou sur mon ICP. Ma voix se brise dans ma gorge. Elle, elle demeure silencieuse. Puis, ses lèvres s'entrouvrent finalement.
— J'aurai aimé avoir plus de temps, DaeHyun.
Mon nom prononcé m'envoie une violente décharge qui me paralyse. Je n'ai pas le courage de répondre, mais pourtant, je me force. Je n'ai pas le droit, juste avant, de la laisser dans le flou.
— Moi aussi, Eireann.
Son sourire s'élargit quelque peu, sa vidéo se brouille encore plus, puis elle disparaît. Dans le coin de mon œil, sur la carte de la galaxie, je comprends que le trou de ver s'est effondré sur lui-même, emportant dans son sillage les vaisseaux ennemis et ceux qui, malheureusement, n'auront pas eu le temps de s'enfuir. Incapable de contrôler cette technologie, Tosins n'a pu nous confirmer qu'une chose ; aucun de ceux qui auront été dans le champ gravitationnel du trou de ver ne survivra. Personne, parce que les vaisseaux ne sont pas faits pour supporter un tel effondrement. Et s'il y a des survivants, alors, on ne donne pas cher de leur peau. Comme pour confirmer les propos de l'alien, sur l'écran de localisation des militaires déployés, les lumières s'éteignent les unes après les autres. Inlassable, Eithné nous confirme la perte des signaux GPS des soldats de la Confédération. L'un après l'autre. Jusqu'à Eireann.
Je lâche mon datapad et quitte la passerelle de commandement, ignorant sur mon passage les demandes des navigateurs ou des... mes hommes. La disparition d'Eireann fait de moi le nouveau commandant de bord de l'Alecto, si on s'en tient à la hiérarchie. Je laisse cette tâche ingrate à Anastasia. Là, je ne peux pas. Pour la première fois depuis si longtemps, depuis toujours en fait, mon cœur me fait mal. Tellement mal que je rêve de l'arracher à main nue de ma poitrine. Je ne comprends pas pourquoi c'est si douloureux.
Je ne sais même pas comment je fais pour parvenir jusqu'à la cabine du capitaine. Ma cabine ? L'odeur de vanille est terriblement forte dans la pièce, alors que cela fait des heures qu'Eireann est montée à bord de ce chasseur avec Toussaint. J'inspire profondément, ignorant les messages sur mon ICP. J'ignore le fait que Toussaint a eu le temps de revenir, et pas elle. J'ignore tout du monde autour de moi, me concentrant plutôt sur les ruines qui se créent. Tout, de la peluche lapin à l'échiquier, tout ne sera plus que des souvenirs. Des souvenirs qui tomberont inexorablement en poussière, jusqu'à ce qu'on l'oublie complètement, jusqu'à ce que même son visage ne soit plus qu'un mirage.
Mon cœur cogne trop fort dans ma poitrine. Trop fort, trop vite, trop violemment. Des étoiles piquent mon champ de vision et je tombe à genoux, le souffle court. Je me recroqueville, les yeux incapables de pleurer, ce hurlement incapable de sortir de ma gorge.
Je n'ai plus rien d'elle, plus rien que des ruines en souvenir.
