Jour 3 • Nos rêves sauvages

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Univers : Éphémérides Astrales
Personnages : Eireann O'Brian, DaeHyun Hwang

Univers : Éphémérides AstralesPersonnages : Eireann O'Brian, DaeHyun Hwang

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Les portes s'ouvrent, claquent. Le vent souffle fort, soulève feuilles et poussières. Quand mes yeux s'ouvrent, je les referme aussitôt, tant la lumière du jour me surprend. Mon mal de crâne s'est intensifié, mais je peux le gérer. Je dois le gérer. Je ne veux pas que Siofra regrette sa décision.

— J'ai cru que vous n'alliez jamais vous réveiller.

Sa main de métal sur mon épaule nue m'arrache un frisson. Je lève mon regard pour rencontrer celui de DaeHyun qui... n'exprime pas grand-chose. Il finit par s'installer à côté de moi. Les soleils d'Iwalaaye tapent fort aujourd'hui. Heureusement que je me suis « endormie » à l'ombre. J'esquisse un sourire penaud, tandis que je lui laisse un peu de place sur ma paillasse. Ma tête fourmille de mille et une pensées, d'un millier de souvenirs qui se déversent en moi comme un torrent incontrôlable.

Je t'avais prévenue. Tu n'étais pas prête.

Je l'étais. Je le suis. Même si mon corps tremble comme une feuille, même si mon crâne veut exploser. Laoire grogne sur Siofra, qui hausse les épaules dans notre espace mental. Maureen, elle...

On a rien à foutre ici.

J'aurai presque pu l'imaginer rougir. Mais, je la remercie intérieurement. Elle grogne, mal à l'aise... et la présence des autres finit par disparaître. Je me sens seule. Même si je ne le suis pas vraiment.

— Je me verrais bien m'installer ici, m'annonce DaeHyun de but en blanc.

J'arque un sourcil, surprise. Puis, je l'observe avec une plus grande attention. Il n'exprime toujours rien et regarde droit devant lui. Alors, mon regard glisse dans la même direction que lui. Devant nous, un jardin savamment travaillé pour donner l'impression d'une joyeuse cacophonie se déroule. Violet, orange, jaune, vert, rouge, rose... autant de nuance coloréez qui se marient avec harmonie les unes aux autres au gré des plantes plus spectaculaires les unes que les autres.

— C'est calme. On aura besoin de calme après tout ce merdier, soupiré-je.

— Vous irez vivre où après ?

— Je sais pas. Je ne pense pas retourner sur Terre... peut être que je continuerais à explorer les recoins de notre univers maintenant qu'on le peut.

Cette fois, je sens son regard sur moi. Un frisson dévale mon échine et je m'allonge. Comme si ça pouvait faire disparaître mon malaise. DaeHyun en fait autant, et regard le ciel au travers du pare-soleil en fibre végétale.

— Je vous accompagnerai. Il vous faut un chaperon, me taquine-t-il.

Je souris un peu plus franchement, puis je hoche la tête. Je me prête au jeu de l'imagination et continue de rêver à un avenir que, pourtant, j'appréhende mal.

— Je ferai ma maison ici. Peut être sur une des îles peu occupées. J'aurai quelques plantations...

— Vous ne savez vous occuper que des hortensias. Vous avez tué le ficus qu'on vous avait offert pour votre retour après votre premier congé.

— Le ficus était malade, répliqué-je de mauvaise foi. Mais si vous vous inquiétez tant que ça du sort des plantes, continuez donc à me chaperonner jusque dans mon jardin !

Pour la première fois depuis longtemps, DaeHyun éclate de rire. D'un rire franc, joyeux et son regard pétille enfin. Mon cœur se réchauffe.

— Je verrais une petite maison aussi...

Cette fois, il me raconte ses propres rêves. Je l'écoute, lui qui semble si fougueux alors qu'il est si mesuré d'habitude. Il raconte sa vie, avec un nous dont je ne saurai dire s'il m'inclue ou pas. Mais je me prête à son jeu. Je continue la construction de cette rêverie inespérée, aussi sauvage que ces étalons camarguais qui peuvent encore profiter sur Terre d'un espace protégé. Au départ, nous ne nous faisions pas face, mais nos têtes puis nos corps ont commencé à se tourner l'un vers l'autre. De profondément intime et personnel, ce rêve devint partagé, à deux. Presque aussi naturellement que si cela faisait des années que nous en parlions. D'un commun accord, sur la même longueur d'onde, nous avons compris le basculement. Et nous avons continué. À nous rapprocher. À parler de nos rêves sauvages. Ces rêves qui seront les nôtres.

Jusqu'à la fin, j'espère.

Howktober 2022 • 31 jours, 31 textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant