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Diluc n'aimait pas le vent. Cette espèce de brise froide, à l'odeur des champs, qui s'élevait soudainement, faisait s'envoler papiers et panneaux.
À chaque fois, il se prenait à regarder le ciel, dans l'espoir de voir surgir ce petit homme, aux cheveux noirs et verts, vêtu d'une tenue qui rappelait les anciens temps. Cela faisait trente ans, pourtant.

Il n'aimait pas le vent, car il lui rappelait son ancien amant.

Ça lui avait pris du temps, de comprendre qu'il ne reviendrait pas. Le voyageur lui avait expliqué, étonné que Venti ne l'ait pas fait. Diluc avait reperdu le peu de joie de vivre qu'il avait gagné, et s'était de nouveau enfermé dans sa dynamique d'évacuer en se battant.
En deux ans, plus aucun camp de brutocollinus n'était présent, et aucun membre de l'abîme n'osait s'approcher trop près de la cité, ou du domaine de l'aurore.

Parfois, il se prenait à espérer qu'une catastrophe s'abatte sur Mondstat, forçant le réveil du barde, pour pouvoir enfin le voir. Il savait qu'il ne devrait pas, mais il ne pouvait s'en empêcher. Parce que Venti lui manquait.

Il avait essayé, tenté de l'oublier. Par le combat, d'abord, mais pas que : il avait tenté de s'intéresser aux gens. Renouer contact avec Jean, amicalement, parler avec ses clients. Mais sans son barde adoré, ce n'était pas distrayant.

En trente ans, beaucoup de choses avaient changées. L'abîme avait definitivement été vaincue, et les seuls survivants de l'empire de Khaenri'ah étaient désormais Kaeya et Dainsleif. Dainsleif, libéré de sa malédiction, vivait sa vie normalement, après 500 ans. Il avait vieilli, à sa grande surprise. Kaeya, quant à lui, s'était retiré des chevaliers. Ayant renoué petit à petit leurs liens, Diluc lui avait proposé de l'aider au Domaine. Kaeya avait accepté. Il avait récupéré son ancienne chambre, qu'Adeline avait soigneusement entretenu jusqu'à son décès.

Aujourd'hui, il était allongé dans son lit, malade comme pas possible, sa vision grisait lentement alors que ses forces le quittaient. A ses cotés, sur sa table de chevet, un livre et une pomme reposait. 

Et alors que l'aube tombait sur le domaine de l'aurore, la lueur de son âme s'éteignait.

Sleepy Head - Diluven. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant