BRISEIDE

IV. Dangereuse soirée

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Ce chapitre contient des passages d'agression sexuelle et de violence.

(Bonne lecture<3)

BRISEIDE

Il est 22 heures du soir et je sirote mon café au caramel habituel, tout en ayant appliqué un masque coréen à l'argile verte sur mon visage pâle. Depuis quelques mois, je me suis beaucoup intéressée à la skin care afin d'avoir une peau impeccable pour le spectacle. Tout doit être parfait, tant la peau que les cheveux. Je lance "Le temps d'un automne" à la télé, mais je n'y prête pas plus d'attention que ça, car mon attention est surtout rivée sur mon appel vidéo.

- C'est hors de question, Irina. Je ne vais pas mettre ton costume de Catwoman. Tu m'as déjà convaincue d'aller à cette soirée, mais tu ne réussiras pas à me faire changer d'avis sur ce morceau de tissu.

- Écoute Bri, si tu ne veux pas le faire pour toi, fais-le au moins pour moi, me dit ma rousse préférée en me faisant les yeux de chien battu.

-Bon... si il te faut absolument ça pour être heureuse, cède-je alors.

Elle me manque tellement. Excessivement, même. J'aimerais lui dire de rentrer à la maison immédiatement, car je me sens seule, et Irina est la seule personne qui sache à quel point je déteste ça : la solitude. J'aimerais lui dire que je ne me sens pas bien, que je suis épuisée mentalement et physiquement, et que chaque jour, j'envisage de tout abandonner, car je ne me sens pas à la hauteur. Mais à la hauteur de quoi exactement ? De la vie, tout simplement.

Le théâtre est ma passion, certes, mais cela exige un entraînement intensif, voire obsessionnel. Je ne peux me permettre aucune distraction, pas même une seule erreur. C'est pourquoi ma vie sociale est quasiment inexistante.

Je n'ai pas vraiment d'amis proches et je ne sors pas beaucoup, je suis plutôt casanière.

J'aime me détendre dans mon propre espace, sans avoir à me soucier du regard ou des jugements des autres. Je préfère prendre mon temps et faire les choses à mon rythme, sans me sentir sous pression ou m'inquiéter pour autre chose.

Il n'y a qu'une personne qui a réussi à briser mes barrières. Cette personne n'est autre qu'Irina Sokolov. Nous nous sommes rencontrées pour la première fois dans une agence de logement étudiant, il y a un peu plus de trois ans, à mon arrivée ici. Au début, je pensais qu'elle n'était qu'un joli visage, mais j'ai rapidement réalisé qu'elle était bien plus que ça. Elle est intelligente, drôle et a un sens du style très prononcé. Dès les premiers jours, je suis tombée follement amoureuse de sa personne, et nous sommes finalement devenues plus que deux meilleures amies, je la considère comme une sœur. J'aimerais lui dire à quel point j'ai besoin d'elle en ce moment. Elle est la seule personne qui me reste, la seule qui se soucie de moi. Finalement, je ne suis pas seule au monde. Pas tant qu'elle sera là.

J'aimerais lui dire tant de choses mais je ne fais jamais rien, et je me déteste pour ça.

Mon problème, c'est que chaque fois que je trouve le courage de lui avouer tout ce que je ressens, aucun son ne sort de ma bouche, car cela semble égoïste à voix haute. Elle aussi a des problèmes auxquels faire face, comme le cancer de sa mère, par exemple. Si je lui parle de mes problèmes, je ne ferai qu'accroître sa culpabilité à tort, et ce n'est vraiment pas ce que je veux. C'est d'ailleurs pour cette raison que je ne lui ai rien dit à propos des récents événements liés au pianiste psychopathe, je ne veux pas qu'elle se préoccupe inutilement et qu'elle soit entraînée dans mes tourments.

Je décide donc d'afficher mon plus large sourire, comme si je n'avais jamais été aussi bien.

- Irina, tu me manques tellement...