Prologue II : Le cauchemar

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Pourquoi se voiler la face ? La vie n'est pas rose. La vie est noire.

On me dit toujours de sourire, de rire, de profiter de la vie. Mais personne ne comprend que je n'ai aucune envie de vivre. On me demande pourquoi je suis si maussade, pourquoi je ne fais pas d'efforts, pourquoi je ne vois pas la vie du bon côté ou le verre à moitié plein. Laissez-moi tranquille.

Ça fait très dépressif ce que je suis en train de dire. Apparemment, je le suis.

« Dépression, anxiété, troubles du comportement borderline, SSPT ; crises de panique, pulsions diverses, blablabla. »

Mais je m'en contrefous. Ils ne comprennent pas de toute façon. Personne ne peut me comprendre. Avec leurs carnets, leur airs sérieux et compatissant, ils hochent la tête comme s'ils comprenaient mon ressenti. Faux. Ils n'ont jamais rien compris et se contentent de prétendre à leur patient que tout s'arrangera et qu'en prenant de jolies petites pilules ça ira bien mieux.

« Il faut faire soigner votre fils madame, le mettre sous antidépresseurs, il risque de faire des tentatives de suicide, et cætera et cætera. »

Les médecins sont les pires de tous. Ils m'énervent. Chaque semaine je suis diagnostiqué d'un nouveau trouble et chaque semaine la liste de mes symptômes s'allonge.

Ce que je vais dire paraît stupide même à mes yeux, mais je vois ma vie comme dans un cauchemar.

Vous savez, ce genre de cauchemar où vous êtes poursuivi par quelque chose, vous voulez courir, mais vos jambes se figent, et vous êtes incapable de fuir ?

Il ne reste alors plus qu'à attendre que la chose de vos cauchemars vous rattrape. Attendre que cette ombre soit juste derrière vous, et vous tapote l'épaule en ricanant, tout en vous entourant d'une étrange étreinte. Elle vous tient, et même si parfois vous vous en dégagez, elle recommencera à vous suivre.

Attendre, attendre, attendre.

Encore et encore.

L'humain vit dans le cauchemar. Le cauchemar de la mort. Certains ont de la chance. Ils se sentent tomber, puis ils se réveillent en sursaut, mais en sécurité dans leur lit. Là, ils peuvent vivre en sortant du cauchemar. D'autres personnes, comme moi, n'ont pas la même chance. Elles restent debout, à tenter vainement de fuir, jusqu'à ce que l'on vienne les délivrer.

C'est la chose des cauchemars qui vient nous le faire. Elle nous sort de cet enfer noir qui tourne au ralenti, et nous délivre du monde. Ce monde de barrières, de contraintes, ce monde qui ne fait qu'étouffer les pauvres songeurs en son sein.

Je m'appelle Ethan. Je n'ai aucune envie de vivre et je suis persuadé que la vie elle-même est un cauchemar.

Je vais rencontrer une fille qui pense que la sienne est un rêve.

Son idéalisme changera peut-être quelque chose...

"Tu es le rêve, je suis le cauchemar"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant