Chapitre 1 : "Ne sois pas triste"

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PDV du rêve.

« Papa, papa, quand est ce qu'on rentre ?

-Bientôt ma grande, patiente un peu et tais-toi, d'accord ? Je suis au téléphone, et c'est très important. »

Avec un long soupir, je me rasseyais sur ma chaise, et commençais à balancer les jambes d'avant en arrière, m'ennuyant ferme. Les murs blancs, ternes et inintéressant n'accaparaient plus mon attention. Un cerveau d'enfant avait besoin de distraction, pas de fixer une surface plate et immaculée pendant des heures.

« Papaaaaaa !

-Kaitlynn, je t'en prie, tais-toi un peu ! »

Je fis la moue en gonflant odieusement mes joues, comme à chaque fois qu'il m'appelait par mon prénom complet, mais il m'ignora totalement et se détourna de moi, son précieux portable à la main. Voyant que mes appels désespérés d'ennui ne me menaient nulle part, je décidais de remédier à ça par moi-même. Je me le levais d'un bond, profitant que mon père me tourne le dos, et je partais en courant, riant déjà.

« Qu'est-ce que tu fais petite ? me cria-t-on. En voilà des manières de courir dans un hôpital ! »

J'ignorais les remarques des infirmières outrées et continuait de courir, curieuse de découvrir autre chose que la même salle d'hôpital chaque jour. Je voulais voir ce qu'il y avait derrière chacun de ses murs blancs !

Des pleurs me stoppèrent rapidement dans ma course. Naturellement intriguée, je me dirigeais vers la porte entrouverte, de là d'où venait les sanglots. Devant un lit d'hôpital vide et une infirmière à l'air compatissant, je trouvais une femme et un enfant qui était cramponné à sa jupe. Ils étaient de dos, donc je n'arrivais pas à les voir. Cependant je remarquais que l'enfant était petit, sans doute mon âge. C'était un petit garçon aux cheveux noirs. La femme était grande, des cheveux ondulés et bruns, et se tenait toute droite.

Je m'apprêtais à repartir, ne trouvant rien d'intéressant malgré les pleurs qui semblaient venir du garçon, lorsqu'il prit la parole en tirant sur la jupe de la femme qui semblait sa mère.

« Maman ? Il est où papa ? Pourquoi il est parti ? Il reviendra quand ?

-Cesse de me poser cette question ! Ton père est mort ! Il ne reviendra pas, jamais ! Je ne veux plus t'entendre parler de lui ! »

Une claque donnée à l'arrière de la tête du garçon fit pâlir l'infirmière, et sangloter un peu plus le gamin. Son papa était mort et le garçon était triste, mais la maman avait plus l'air en colère. Plutôt que de le consoler, elle le tapait...

Le petit garçon lâcha brusquement le bas de sa mère avant de faire demi-tour et de partir en courant dans le couloir, me bousculant légèrement en passage car je n'avais pas eu le temps de m'écarter suffisamment.

« Sale gamin... soupira la femme.

-Mais madame, tenta l'infirmière, il doit être bouleversé par la mort de votre mari, il faut le comprendre...

-Je ne veux pas le savoir ! »

L'autre dame n'ajouta rien, baissa la tête et continua de ranger la chambre. La femme ramassa son sac, mais ne semblait nullement pressée d'aller chercher son enfant, regardant ses ongles. Une envie pressante m'envahit totalement, et j'en oubliais mon père qui allait peut être me chercher. Je voulais aller voir le garçon ! Le laisser tout seul me semblait être la pire chose à faire. Je devais aller le voir, lui parler et le consoler. Il ne devait pas pleurer tout seul dans son coin !

Détournant la tête de la chambre que j'espionnais, je me suis remise à courir, partant par la direction qu'avait pris l'inconnu qui m'intriguais tant. Après quelques minutes de course, je le repérais enfin. Assis au détour d'un couloir, dans un creux étroit qui ne pourrait laisser s'asseoir que des enfants, ses petites jambes ramenées contre son torse et la tête caché par ses cheveux noirs, il était là, devant moi.

"Tu es le rêve, je suis le cauchemar"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant