Chapitre 17 : Viens me chercher

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Pdv du cauchemar (tw : alcool)

Le sol tremblait sous le pas des centaines de danseurs présents. Ils s'abrutissaient sur la piste au rythme de la musique électro sortant des baffes, baffes qui avaient pour seul mérite celui de déchirer les tympans.

Qu'est-ce que je fais là ?

« Salut, dis-moi... Je t'observe depuis tout à l'heure et je me demandais, enfin... Je pourrais t'offrir un verre, peut-être ? »

Je relevais la tête, me désintéressant du sol collant et vibrant. Il me sembla voir Lynn en face, puis ma vision se régla. La petite brune qui tentait de me séduire timidement avait l'air un peu alcoolisée. Trop sensible. Je risquais de lui faire faire quelque chose qu'elle allait regretter.

« Ça ira, dis-je en levant ma bouteille, j'ai ce qu'il faut pour l'instant. »

L'air déçue, elle s'excusa silencieusement et partit sans doute retrouver ses amis, se noyant dans la foule de dégénérés. Une bonne chose de faite.

Ma tête me faisait un mal de chien. Je n'avais plus envie d'être là. Je n'arrivais pas à partir non plus.

Sans même réellement y penser, j'attrapais mon téléphone portable dans ma poche. Quelques messages de Nathan, qui devaient dater d'il y a quelques heures mais que je ne recevais que maintenant étant donné le réseau pourri et changeant. Instinctivement – ou peut-être le voulais-je – j'envoyais un texto ;

(De Ethan à Lynn, 2h30)

viens me chercher

(De Ethan à Lynn, 2h36)

au bilboquet

Pas de réponse. Évidemment. Un vendredi soir, à deux heures du matin et avec des parents comme les siens, Lynn ne fait pas la fête. Elle dort, point. Ce que je peux être con.

Ma boisson à la main, je fixais à nouveau le sol poisseux, sans doute anciennement couvert de vomissures. Je me sens mal. Ce n'est pas l'alcool, c'est le cauchemar. Je sens ses bras m'entourer, je l'entends susurrer, et je ne comprends pas pourquoi personne ne se met à hurler qu'il y a un monstre en le pointant du doigt. Personne ne le voit – excepté moi.

« Ethan ? Hey, mec ? »

L'ombre me murmura « à tout à l'heure » et me permit enfin de regarder l'homme qui me parlait. Le vigile. Je ne me souvenais plus vraiment de son prénom mais il me laissait toujours rentrer. C'était un type cool.

Voyant que je le regardais enfin, il reprit la parole, penché au-dessus de la table et devant presque crier pour se faire entendre, malgré sa voix forte.

« Elle est à toi la blonde ? »

Avec un moment de flottement, je regardais consécutivement ma boisson, puis le groupe de filles sur la banquette à notre droite, avant de lever le regard vers lui, confus.

« La bière ou la meuf ? »

Mon pote le vigile secoua la tête en explosant de rire, avant de pointer la sortie du doigt.

« Il y a une donzelle qui te demande dehors. »

Mon cœur fit presque un bond d'espoir dans ma cage thoracique. Je jetais un coup d'œil à l'écran de mon portable, espérant voir un message de Lynn qui me disais « j'arrive », après une demi-heure d'attente. Rien.

« Ouais... Elle doit vouloir du sexe. Dis-lui de dégager.

-C'est déjà fait, elle insiste. Elle a du cran la gamine. »

"Tu es le rêve, je suis le cauchemar"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant