Chapitre 7 : Courir

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PDV du cauchemar

« Je n'ai pas envie d'aller en cours demain...

-Il faut bien pourtant, répondit Nathan, c'est important les études. Malgré tout ce que tu en penses. Tu te souviens de notre marché ?

-Oui, oui. Je viens en cours au moins trois fois par semaine, je sais. »

Je soupirais. Allongé dans l'herbe, sous un arbre du parc, je me perdais dans mes pensées tandis que Nathan, assis près de moi, écrivait dans son carnet. Les autres étaient partis depuis déjà une bonne heure et le soleil déclinait. Je me sentais en forme. Étrangement. Je n'irai pas jusqu'à dire bien, mais un peu mieux qu'en temps normal.

« Hey, Nath' ?

-Oui ?

-Tu ne trouves pas que la bonne humeur de Lynn arrive à déteindre sur les autres ?

-Un peu oui, dit-il en souriant légèrement, sans relever les yeux de son carnet. Tu me parles souvent de cette fille, Ethan. Tu comptes l'ajouter à ton tableau de conquêtes ?

-A voir... Mais je ne pense pas. Elle a l'air naïve, mais trop fragile pour que je joue avec elle. Donc pas dans mes conquêtes. »

Nathan soupira, mais l'ombre d'un sourire resta sur son visage. Je me sentais un peu plus léger de m'être confié à Lynn au sujet de mon mal-être. Mais trop de sentiments contradictoires me déchiraient.

***

J'ai envie de pleurer. J'ai envie de pleurer et je ne sais même pas pourquoi. C'est juste une sorte d'étau qui se met à compresser mon cœur, et des larmes me montent aux yeux, comme ça, sans explications.

Ça m'énerve. Pourquoi suis-je si fragile émotivement, alors qu'à l'extérieur je parais intouchable ?

Ça m'énerve vraiment.

A chaque fois que je reste immobile, je sens les larmes monter et j'ai envie de frapper. De frapper n'importe quoi, n'importe qui, tout le monde, de me frapper moi.

Alors je me mets à courir. Je monte le volume de mes écouteurs, je sors et cours dans la ville. C'est stupide, sans doute, mais cette course effrénée me permet d'avoir l'illusion de courir suffisamment vite pour échapper au Monstre.

J'ai encore envie de pleurer. Alors je vais aller courir.

***

« Aujourd'hui, commença le prof de sport, nous débutons un nouveau cycle : Du relais. Quelqu'un peut me dire en quoi ça consiste ?

-Le relais, répondit Alex en levant la main, c'est une course de vitesse en quatuor. C'est du quatre fois cinquante mètres, et on doit se passer un témoin.

-Grosso modo, c'est ça ! Allez, pour vous échauffer, vous me faites trois tours de terrain sans vous arrêter. Ne partez pas trop vite ! »

Obéissant aux ordres du prof, toute la classe se mit à courir autour du grand terrain de sport. La plupart des garçons passèrent devant les filles, mise à part quelques exceptions comme les jumeaux, qui n'étaient pas très sportifs et Sam qui l'était énormément. Je courrais au même niveau que Nathan, même si je savais que j'allais le dépasser rapidement. Il me regardait tandis que je m'efforçais de garder le même rythme que lui, réglant mes foulées sur les siennes et mon souffle sur le sien. Mais très vite, au bout de quelques minutes, une sorte de pression saisit mon cœur, mon souffle se fit entrecoupé, et j'accélérais.

Vite plus vite encore plus vite toujours plus vite

Je n'allais pas tenir le coup à cette vitesse, je le savais. Mais c'était un besoin. L'impression de sentir la bête se profiler dans mon sillage était trop effrayante, et je ressentais cette envie d'aller plus vite.

"Tu es le rêve, je suis le cauchemar"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant