Chapitre 9 : Ça empire

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PDV du Cauchemar (tw : mutilation, pensées suicidaire)

« Comment s'est passée ta journée aujourd'hui Ethan ?

-Depuis quand ça t'intéresse ? Tu t'en fous de moi, ne fais pas semblant. »

Ma mère soupira, outrée et agacée par ma réponse, avant de faire tinter sa fourchette contre son assiette en recommençant à manger dans le silence. Sa tentative de sociabilité s'expliquait par le fait qu'elle est allée voir mon psychologue. Il avait encore dû lui sortir tout un speech sur les enfants en manque d'amour. Elle s'était sans doute dit que « l'amour » pouvait m'aider. Foutaises. Rien ne pouvait m'aider, surtout pas elle. Depuis la mort de mon père, je sentais bien toute la haine qu'elle me portait, malgré le masque qu'elle mettait parfois.

« Bon. Va chercher le sel dans la cuisine. »

Je me levais et me dirigeais vers la cuisine. Mon regard fut attiré par un des couteaux que ma mère utilisait pour découper la viande. Mes yeux s'attardèrent dessus un moment, tenté. Les reflets métalliques des lames devenaient si familiers. Comme des amis.

Un frisson me traversa et je ne pus m'empêcher de fermer les yeux, effrayé.

« Ethan, qu'est-ce que tu fais ? Tu es lent ! »

La voix de celle qui se disait ma mère me sortit de ma torpeur. Je secouais la tête et retournais avec elle dans la salle à manger. Je posais le sel sur la table, avant de me rasseoir, les mains agitées de tics nerveux.

***

J'ai mal. Bordel, je ne sais pas pourquoi j'ai si mal.

On dirait qu'un étau compresse mon cœur et mes poumons. J'ai du mal à respirer. Et j'ai froid. Je suis gelé. Mais je n'arrive pas à me réchauffer alors je me contente de rester stupidement là en tremblant.

Une brusque bouffée de rage me traverse et je me lève d'un bond, les lèvres douloureuses à force de les mordre. Ma plume m'attend. Elle est juste là. Dans un tiroir sous mon bureau. Une fois encore, j'ai l'impression qu'elle est la seule à me comprendre. Elle m'appelle, et me dit que tout ira bien si je me coupe encore, et un peu plus profond cette fois. Elle me dit de ne pas avoir peur du sang, et qu'elle ne me fera que du bien.

Et une fois de plus, je la crois et me jette à corps perdu dans ses bras glaciaux.

***

En sortant de chez moi, habillé d'un sweat à capuche malgré le soleil, la première personne qui m'accueillit fut Nathan. Je lui lançais un regard agressif, mélange de colère et de remerciements.

Colère parce que je me doutais qu'il m'accompagnait par crainte que je veuille me jeter sous une voiture.

Et remerciements parce qu'il avait raison.

« Hey Eth'. Ça va ?

-Comme d'habitude, répondis-je d'un ton neutre.

-Je vois... Dis, ça te dirait de venir ce soir chez moi ? On pourra travailler sur quelques trucs comme ça, et tu pourras bosser sur la guitare. »

Je hochais la tête avant de commencer à avancer à son côté sous le soleil matinal. A sa manière, il essayait de m'aider. Il me changeait les idées, et son comportement me prouvait que je pouvais ne serait-ce que tenter de me battre seul. Il ne fait rien de direct pour me venir en aide, et j'appréciais. Il marchait à mes côtés, me parlant de tout et de rien.

« Dis-moi, Lena veut organiser une sortie à la mer cette après-midi, étant donné que nous n'avons pas cours. On irait à vélo pour ceux qui en ont le courage, et les autres seront emmenés par le petit ami de Laure. Ça te tente ? »

"Tu es le rêve, je suis le cauchemar"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant