Chapitre 23 : Anxiété sociale

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Pdv du Cauchemar (tw : crise de panique)

Depuis combien de temps était-je réveillé ?

Etroitement enroulé dans ma couverture, allongé sur le flanc, j'avais à la fois trop chaud et trop froid. Je fixais la porte de ma chambre depuis si longtemps que je ne voyais plus rien, me noyant dans un océan sans aucun sens ni formes.

Je n'avais pas envie de bouger de mon lit, ni le courage de me lever. Je savais déjà comment s'annonçait cette journée ; elle ne serait ni bonne ni mauvaise. Juste vide.

Pourtant j'avais fait une promesse à Nathan, et je ne voulais pas le décevoir. Je devais la tenir. Je n'avais le droit de sécher que deux fois par semaine, et j'avais déjà séché ces deux derniers jours. Je devais aller en cours.

Soupirant alors comme si cela pouvait me donner du courage, je m'extirpais de mon cocon en frissonnant, me dépêchant d'enfiler des vêtements, pour une journée aussi vide de sens que moi.

***

Comme je m'y attendais, ce fut long et pénible. Je n'arrivais pas à trouver le moindre intérêt à être là, sachant qu'être ailleurs n'aurait strictement rien changé. Ce n'était pas comme si j'écoutais en cours et que je devais me maintenir au niveau, ce n'était pas comme si quoi que ce soit ne m'intéressait, ce n'était pas comme si je méritais d'être ici au milieu des gens. La seule chose me faisant sortir de mon ennui était l'étau autour de mon ventre lorsque trop de personnes se trouvaient autour de moi, ce qui m'avait fait sortir du self très vite, marmonnant aux autres que je les attendrais dehors.

Posté devant les grilles du lycée, je tirais sur une cigarette et je me sentais las. Plus rien n'avait de sens ou d'intérêt, je ne sentais rien du tout autrement que de la fatigue et franchement, je ne savais pas si je préférais ça à la sourde douleur perpétuelle des mauvais jours et mon envie de mourir.

La journée se termina enfin après des heures qui me semblèrent en avoir duré des jours, et je pris à peine le temps de saluer vaguement les autres avant de partir, décidant de rentrer à pieds jusqu'à chez moi.

« Ethan ? »

Je m'arrêtais simplement en serrant les lèvres pour réprimer un énième soupir qui devait bien être le trentième de la journée, entendant les pas de Lynn se rapprocher de moi. Elle m'adressa un grand sourire en me rejoignant, avant de demander aussitôt ;

« Tu vas où comme ça ? Tu ne prends pas le bus pour rentrer ?

-Je préfère marcher, marmonnais-je sans la regarder.

-Ça tombe bien j'ai une course à faire pour mon père, c'est sur la route, on peut faire un bout de chemin ensemble ! »

Que j'accepte ou non, elle me suivra de toute façon. C'était Lynn. Je me contentais alors de hausser les épaules avant de reprendre ma route, et elle dû prendre ce geste comme une invitation car elle m'emboîta le pas, accélérant un peu pour se maintenir à mes côtés, tout en parlant de quelque chose dont je me moquais royalement et donc que je n'écoutais pas.

Je pensais simplement pouvoir rentrer chez moi et en finir avec cette journée interminable, mais visiblement, je me surestimais.

On traversait le centre-ville lorsque la bête du cauchemar m'attaqua. Le bruit alentour commençait à se faire trop pressant, et il y avait beaucoup trop de gens. Elle me mordit d'abord à la gorge. Alors que je commençais à suffoquer et à sentir mon souffle s'échapper de mes poumons sans pouvoir rien y faire, tout commença à tourner autour de nous et à peser lourd, trop lourd sur ma poitrine.

"Tu es le rêve, je suis le cauchemar"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant