Chapitre 9 - Drago

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Dans quelques minutes, nous serons en 1995. Et Pansy sera probablement toujours en train de me parler de Blaise, et du fait qu'elle l'aime bien mais ne veux pas qu'il le sache, même si cela lui serait très utile qu'il soit au courant. Et je serais probablement toujours en train de regretter de l'avoir laissée entrer dans ma chambre, et s'appuyer contre l'un des posters auquel je tiens le plus (Si il tombe, elle ne remet plus jamais les pieds dans cette maison, quoi qu'en disent mes parents). Et je n'aurais probablement toujours pas parlé de Potter. Parce que je suis un incapable. J'aurais déjà dû lui raconter ce qui s'est passé depuis au moins une semaine. Mais je ne sais pas trop comment formuler cela. Ni si elle risque de bien réagir ou de se moquer de moi. Parce que vu ce que j'ai à lui dire, ce serait cohérent.

"Hm... Pansy ?

Elle fait une pause dans son monologue et me lance un regard surpris.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Hm... C'est... En fait... Tu as déjà risqué ta vie en même temps que quelqu'un qui te plaît ?
- Hein ?

Elle fronce les sourcils, et son carré semble rendre son visage encore plus sévère que d'habitude. Je ne sais pas comment je pourrais révéler une telle stupidité à quelqu'un. Devant mon air anxieux, elle ajoute :

- Tu vas bien ?
- C'est... Hm... à propos de Potter.

Elle lève les yeux au ciel.

- Tu ne peux pas te trouver quelqu'un d'autre ? Tout le monde sait qu'il est soit avec Chang, soit avec Weaslette. Tourne la page !

La suite sort toute seule :

- Il m'a embrassé et je n'ai pas aimé ça. Et j'ai failli mourir, à cause d'araignées et d'un dragon, aussi.

Elle arque son sourcil droit. Perplexe. Alors je continue :

- C'était le soir du bal de Noël. Il surveillait Rogue, et je l'ai trouvé. Et il a perdu Weasley, alors il m'a forcé à venir avec lui. Puis on s'est fait attaquer par toutes les bestioles qui traînaient. Puis je ne me souviens plus trop. Mais je crois qu'il s'est passé quelque chose parce que, le lendemain, il m'a embrassé et... C'était pas terrible.
- Qu'est-ce que...?

Je ne veux pas entendre ses commentaires sarcastiques, alors j'ajoute :

- Je ne sais pas ! Ça faisait des mois que je pensais à Potter et voulais être avec ce crétin, et rêvais d'un moment où on pourrait enfin être ensemble, et lorsqu'il tente enfin un truc, j'arrive à trouver ça agaçant et à le repousser ! Et je ne comprends pas pourquoi j'ai fait ça ! Et j'aimerais tellement avoir des réactions normales !

Ses yeux semblent immenses.

- Ouah. Tu viens de passer... Plus de vingt secondes à... exprimer tes émotions. C'est la première fois que ça arrive depuis... le jour où ton chat est mort quand on avait huit ans... Ouah.

Je reste silencieux. Les mots ne viennent pas. J'ai envie de m'énerver contre Pansy, mais j'ai aussi envie de passer deux heures à pleurer sur son épaule, parce que c'est ma seule vraie amie.

- Tu vas bien...? Ajoute-t-elle après quelques instants.
- Pas vraiment. Tu as écouté ce que je viens de te dire ?
- Tu aimes bien Potter, mais ça te prend la tête qu'il t'embrasse.
- Voilà.
- Et tu viens de t'en rendre compte, il y a une semaine, et tu as repoussé Potter.
Je hoche la tête.
- Mais... Tu aimerais bien... que vous soyez ensemble ?
- Oui.
- Donc où est le problème...?

Je ne sais pas comment l'expliquer. Comment expliquer que le problème n'est pas Potter, mais toutes les personnes avec qui je voudrais être dans une relation romantique. Que le problème est que je ne comprends pas pourquoi l'action d'embrasser quelqu'un est devenue une sorte de marque d'affection universelle. Ni pourquoi les romans à l'eau de rose décrive ça comme quelque chose de génial, alors que ça ne fait rien du tout. Ce n'est qu'un contact basique, comme n'importe quel autre. Moins bien que n'importe quel autre, d'ailleurs. Je ne sais pas si je peux dire ça à Pansy. Elle risquerait de me dire que j'en demande trop, même si j'en demande simplement plus que rien. Ou alors, elle pourrait me lancer le regard dégoûté qu'elle lance à Hermione et me dire que j'ai un problème. Et je ne pourrais pas lui parler du reste. Je ne pourrais jamais parler du reste à personne.

- Tu sais... commence-t-elle. Si Potter t'aime bien, je pense qu'il s'en fiche que tu sois bizarre. Et si ça lui pose problème que tu sois une vieille religieuse aigrie coincée dans le corps d'un mec de quatorze ans, c'est juste un crétin.

Je hausse les épaules. J'aimerais que les mots de Pansy ne me touchent pas autant. Bizarre. Aigri. "Vieille religieuse" pourrait être amusant s'il ne désignait pas quelque chose de si... personnel.

- Tu n'as qu'à essayer de lui dire ça. Et s'il réagit mal, on l'oubliette, et on lui dit qu'il s'est fait attaquer par le calamar géant, et que tu l'as sauvé.

J'ai envie de lui demander quelle utilité aurait le calamar géant dans cette histoire, mais je suis interrompu par l'arrivée de ma mère (légèrement éméchée), qui nous souhaite une bonne année et nous dit de descendre immédiatement, parce que c'est l'heure de manger du gâteau au chocolat fait par les elfes de la famille de Pansy.

Nous la suivons donc jusqu'à la salle manger, et je jurerait avoir vu mon poster bouger, mais ce n'est pas le moment de m'énerver contre l'inattention de mon amie. C'est le moment de faire semblant que je ne suis pas en train de réfléchir beaucoup trop, et de souhaiter une bonne année 1995 à tout le monde sauf les elfes.

NDA : Ce chapitre est vraiment bizarre et j'en suis désolée. Le prochain sera plus logique et intéressant normalement, mais Malfoy était obligé de raconter sa vie à Pansy pour que l'histoire ait un sens. (Et il fallait que Pansy réagisse en disant des trucs pas terrible, même si c'était pour être gentille. Désolé pour ça, aussi...)
J'espère que cette histoire vous plaît, en tout cas ! :)

Un Noël des plus calmes (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant