Sentiments Inconnus [BajiFuyu]

Chap 6 : Soirée mouvementée

Quelques minutes après que tout le monde était parti, je décidai de rompre le silence gênant qui s'était installé :

- Désolé... Ça s'est un peu écourté...
- C'est pas grave tu sais, c'est moi qui ai demandé à Mikey d'apporter la bouteille, je suis le seul responsable.
- Ouais...
- En plus ça me laisse plus de temps pour profiter rien qu'avec toi, c'est une bonne consolation. Ajouta-t-il, l'air de rien.

Je butai sur ce qu'il venait de dire. Si ça se trouve il avait fait ça juste pour qu'on soit plus vite rien que tous les deux... Nan, je me fais des films, Baji n'est pas comme ça quand même. Il a juste dû dire une connerie et est en train d'observer ma réaction et je lui sers sur un plateau d'argent ce qu'il cherche.

- Chifuyu ? M'interrompit-il.
- Ah ! Oui ?
- Tu pensais à quoi ?
- À rien. Bref, tu veux faire quoi ?
- Hum... J'irais bien me poser devant un film.
- Ok ! Tu veux regarder quoi ?
- Je vais le chercher !
- D'accord. Je vais en profiter pour ranger un peu le canapé pour qu'on ait de la place.

Il monta chez lui pour récupérer le film qu'il voulait voir pendant que je nettoyai le canapé et préparai de quoi passer une bonne soirée, des boissons, des trucs à manger, des plaids et des coussins. Il me rejoignit quelques minutes après, le film dans les mains. Je vis directement qu'il s'agissait d'un film d'horreur. Il ne l'avait sûrement pas choisi au hasard, il espère encore me faire peur... Il demanda :

- Ça te va ?
- C'est ton anniversaire donc pas de problème. Répondis-je en souriant.
- Tu peux quand même me dire non tu sais !
- Si c'est pas trop violent ni gore ça me va.
- Ok ! Alors on le regarde !

Baji lança le film. Effectivement, c'était un niveau supportable. Ça ne faisait pas trop peur. Enfin, jusqu'à ce qu'un screamer sorte de nulle part me faisant hurler. Baji ne put s'empêcher de rire. Je protestai :

- Oh ça va hein ! J'l'avais pas vu venir c'est tout...!
- Tu veux qu'on arrête ? Je voudrais pas que t'aies une crise cardiaque. Railla-t-il.
- Pfff très drôle ! Non c'est bon on continue.
- Ok !

On reprit le film. Une vingtaine de minutes plus tard, Baji m'informa qu'il devait aller aux toilettes et que ce n'était pas la peine que je mette en pause le film. Il partit donc pendant que je continuai le film. Le salon plongé dans le noir, je ne le vis pas revenir et il en profita pour hurler dans le but de me faire peur, ce qui marcha très bien. Je hurlai à mon tour en me cachant sous le plaid. Baji rigola à nouveau. Je râlai :

- Ah ah très drôle...
- Roh ça va !
- Nan je boude.
- Chifuyu ?
- Je boude j'ai dit. Dis-je en tournant la tête.
- Roh...

Il me rejoignit sur le canapé et m'attrapa pour me rapprocher de lui. Il me força à le regarder et dit :

- Je suis désolé Chifuyu, je voulais pas que tu le prennes mal...
- Je suis plutôt convaincant alors ! Fis-je en rigolant.
- Bien joué, tu m'as bien eu ! Rit-il.
- T'as eu plus peur de m'avoir vexé que tu as eu peur du film avoue !
- Ahah oui. Ça m'aurait pas fait plaisir que ça te vexe. Répondit-il, visiblement très sérieux.
- Ah bon ?
- Ouais.
- Pourquoi ?
- Bah... T'es... Nan rien, laisse tomber. Finit-il.

Je ne répondis rien et le film se termina. Je lui proposai d'aller se doucher, chose qu'il accepta. Pendant ce temps, je préparai ou plutôt je rangeai ma chambre pour qu'il puisse y dormir. Je mis un matelas au sol, il sortit quelques minutes après. J'allai me doucher à mon tour. Environ un quart d'heure après, je le rejoignis dans ma chambre. Il était tranquillement installé sur son matelas posé à même le sol. Je me mis sur mon lit et m'allongeai. Il m'interpella :

- T'oublies pas quelque chose ?
- Euh... Non ?
- La peluche que je t'ai offerte !

Je regardai autour de moi. C'est vrai qu'elle avait disparu de mon lit. J'étais pourtant sûr de l'y avoir vu en préparant la chambre ! Je lui répondis :

- Où tu l'as cachée ?
- Tiens ! Fit-il en me la tendant.
- Merci...
- Un peu déçu que tu l'aies pas remarqué tout de suite. Râla-t-il, une fausse moue dessinée sur son visage.
- Désolé !
- Ouais ça passe pour cette fois. Bon allez, bonne nuit Yuyu.
- Bonne nuit Baji-san...

Je m'endormis assez rapidement en espérant ne pas avoir de cauchemars comme j'en faisais souvent. Malheureusement ce ne fut pas le cas, la scène de l'accident se répétait sous mes yeux d'enfant impuissant. Comme à chaque fois, je me réveillai, complètement retourné, les yeux larmoyants et haletant pour reprendre ma respiration. Pile quand j'espérai ne pas avoir réveillé Baji, il m'apostropha :

- Ça va Chifuyu ?
- Oui, oui... Je vais aller boire un verre d'eau, ne t'inquiète pas.

Je me levai et sortis de la chambre, Baji me suivit. Je lui dis :

- Tu sais, t'es pas obligé, tu peux aller te recoucher...
- Personne ne m'oblige, ne t'inquiète pas.
- Oui mais...
- Tuttutut, pas de "mais" qui tiennent !
- Comme tu veux...

J'allai dans la cuisine, il alluma la lumière et je me servis un verre d'eau. Il ne me demanda rien. Je préférai ça comme ça, je n'avais pas vraiment envie de passer pour un idiot auprès de lui. J'essayai de contenir au mieux mes larmes et de sourire même si je voyais bien que Baji savait que ce n'était qu'une couverture. On retourna se coucher, cette fois-ci, il monta dans mon lit. Énormément gêné, je lui demandai :

- Qu... Qu'est-ce que tu fais...?
- J'suis mal installé en bas...
- Ah ! Désolé ! Je vais me mettre en bas alors !

J'allai me lever lorsqu'il m'attrapa le bras. Il répondit :

- Non reste. Je te protège.
- Ah... Merci...
- Tu sais, t'es pas obligé de sourire. C'est même pire, parce qu'on sait tous les deux que c'est faux...
- Désolé...
- Ce n'est pas la peine de t'excuser. Allez, viens. Fit-il en ouvrant ses bras.

J'hésitai quelques secondes, il me regardait, interrogatif. Il continua :

- J'vais pas te manger tu sais. Après je t'oblige pas hein, je veux juste te réconforter...

Je finis par venir me blottir au creux de ses bras. Son étreinte rassurante se referma sur mon dos, il avait raison, c'était très réconfortant. Il glissa dans mes bras la peluche qu'il m'avait offerte. Il ajouta :

- Si t'as besoin de pleurer tu peux, je ne te jugerai pas, d'accord ?
- Merci Baji-san...
- C'est normal. Essaie de te rendormir.

Je finis par me rendormir, le sentiment de gêne que je ressentai auparavant n'était plus qu'un lointain souvenir. Je n'arrivai pas à situer son comportement. Était-ce de la simple amitié ou avait-on dépassé ce stade ? Ce que je savais c'est que ça me faisait plaisir qu'il prenne soin de moi comme ça. J'espérais sincèrement qu'il n'entendait pas mon cœur battre la chamade.
Je finis par me réveiller, toujours dans les bras de Baji. Il n'avait pas bougé bien qu'il semblait réveillé depuis déjà une bonne dizaine de minutes. Je le regardai, il me demanda :

- Bien dormi ?
- Oui... Merci.
- Bien, je suis rassuré alors. Fit-il, tout sourire.
- On va manger ?
- Si tu savais depuis quand j'attends de manger ! J'étais à deux doigts d'aller cramer quelque chose. Dit-il en riant.
- Bon, on ferait bien d'aller vite manger alors !

Il desserra son étreinte et se leva. Je me levai à mon tour, il alla s'habiller dans la salle de bain tandis que je m'habillai dans la chambre puis on alla petit-déjeuner. Pendant qu'on mangeait, je l'interrogeais :

- Dis... Tu me demandes rien ?
- De quoi ? Par rapport à cette nuit ? Nan. Mais si t'as envie de m'en parler, je t'écouterai avec plaisir, promis.
- Merci...
- Pas la peine de me remercier ! Franchement, c'est normal... Fit-il en détournant les yeux.
- Ça me semblait quand même important...
- Ça t'arrive souvent ? Me demanda-t-il en relevant brusquement la tête.
- Hein ?
- De faire des cauchemars ! Ça t'arrive souvent ?
- Ah... Euh... On peut dire ça...
- Je vois. Si t'as besoin, tu peux m'appeler la nuit, je viendrai.
- Je veux pas te déranger...
- Tu me dérangeras pas. En tout cas hésite pas, je suis dispo 24 heures sur 24 ! Me lança-t-il avec un grand sourire.
- D'accord... Je retiens. Répondis-je.

On continua de manger. Je n'avais toujours pas la réponse à la question de cette nuit qui tournait désespérément dans ma tête. Il m'aida ensuite à ranger l'appartement puis rentra chez lui.