~ Magic Island ~ Utopia

Part III - 20

°2022°

- Mes parents étaient si tristes d'apprendre qu'on était plus ensemble, tu sais que mon père voulait même retarder mon départ en France ? Je l'ai supplié de ne pas annuler mon billet d'avion, j'avais tellement hâte de partir !

Sur cette exclamation, Arin jeta ses longs cheveux en arrière, tout sourire aux lèvres. Un sourire qui retomba à la seconde que ses yeux se posèrent sur Soobin, comme si elle se souvenait soudainement de l'identité de son interlocuteur.

- Pas pour m'éloigner de toi, hein ? Je ne veux pas fuir pour oublier notre relation, même si c'est ce que beaucoup ferait. Je veux juste allez en France, j'ai hâte de visiter un nouveau pays. Mais tu vas me manquer, tu peux en être certain, tu n'es pas le genre d'ex qu'on déteste.

Sur ces mots elle repoussa son assiette de salade et approcha sa main de la sienne. Mais elle se figea juste avant le contact, parut hésitante, puis décida finalement de voler une frite dans la barquette pleine de Soobin.
Comme elle le faisait avant, quand ils déjeunaient ensemble dans le cadre d'un rendez-vous.

- Mais je ne dis pas ça pour qu'on se remette ensemble, hein ? J'ai adoré sortir avec toi mais c'est fini maintenant, on est ami n'est-ce pas ? Oh mon dieu, je parle tellement, je suis désolé.

- Ne le sois pas.

Un nouveau sourire égaya le visage de Arin, une douce expression sur laquelle dansaient des étincelles attendrissantes.

- Tu es trop gentil Soobin, vraiment trop gentil. Tellement gentil que tu as accepté de me voir aujourd'hui.

Elle soupira, gêné.

- Quand je t'ai envoyé mon message j'étais certaine que tu refuserais. Je voulais juste te prévenir que je m'en allais. J'étais si contente que tu acceptes de me voir, je suis si contente de te voir.

- Moi aussi je suis content, répondit-il.

Cette simple phrase sembla réjouir Arin, qui se laissa allez à l'enthousiasme en lui racontant tout ce qu'elle prévoyait de faire quand elle serait en France. Elle voulait voir la tour Eiffel, faire les magasins, manger du pain, boire du vin, mettre un béret et jouer à la parfaite petite parisienne. Comme dans "Emily in Paris" disait-elle, sans se rendre compte que Soobin ne connaissait pas cette série.
Lui écoutait, hochait la tête, riait de la constater de si bonne humeur. S'il venait à oublier qu'ils n'étaient plus ensemble depuis bientôt deux semaines, alors il pourrait presque se croire à l'un de leur rendez-vous habituel. Néanmoins, il se sentait plus détendu que quand il possédait l'étiquette du petit-ami. Peut-être parce-qu'il n'était plus obligé de réfléchir à chacune de ses réponses, peut-être parce-qu'il n'avait plus besoin de penser à faire quelques petits gestes amoureux que Arin affectionnait tant, des clichés qu'elle voyait dans des séries.
Aujourd'hui il l'écoutait et lui parlait avec un naturel apaisant. Il se sentait bien en sa compagnie, confirmant ainsi l'envie qu'il avait de rester son ami.

- Dis, est-ce que je peux te poser une question un peu... Embarrassante ? Demanda la jeune fille.

Perdu dans ses pensées, Soobin n'avait pas constaté qu'elle était silencieuse depuis quelques secondes. Elle remuait les glaçons de son café, fixant la boisson alors que des rides de gêne ternissaient son visage.

- Tu ne le prendras pas mal, hein ? Ma question peut sembler bizarre mais je t'assure que je n'ai pas de mauvaises intentions. C'est juste que mes copines m'ont fait remarquer un truc et... Ça me tourmente depuis quelques jours, expliqua-t-elle.

Soobin posa son hamburger afin de lui offrir toute son attention, curieux quant au malaise qu'il voyait s'installer chez son interlocutrice. Il lui promit de ne pas prendre mal sa question, de ne pas se vexer ou se braquer. Que pouvait-elle bien avoir à lui demander de si sensible ?