Fragments Pt.1

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1_ Elle pleurait, ne cessait de pleurer depuis des heures. Elle aurait voulu que le sol sous elle se fissure et l'engloutisse. Elle avait beaucoup trop mal. Les larmes ne la soulageaient même pas. L'homme vint se poser près d'elle, s'accroupissant : c'était Lui, l'homme qu'elle aimait le plus au monde. Mais sa présence ne suffisait pas. La jeune femme tremblait à cause de ses forts sanglots. Et lui semblait sans voix devant tant de souffrance. Ce qui était une première. C'est elle qui prit la parole, démente :

« C'est de ma faute ! Je n'aurai jamais du faire ca ! Je dois m'en aller. Je ne peux pas...rester là après ce que j'ai fait... ». Elle se leva brusquement, comme si elle était sur ressort : elle devait sortir maintenant.

Il se releva à son tour et la jeta presque contre son torse, à présent agité par les tremblements de sa copine.

« Ce n'était pas toi, calme-toi, s'il te plait ! Tu n'as rien fait de mal, d'accord ? C'est arrivé, et même si c'est difficile à supporter et à gérer, nous sommes tous les deux. Quoi qu'il arrive. »

Sa voix, douce et autoritaire à la fois, sembla un peu apaiser la jeune femme.

« Sur ? Tous les 2...pour toujours ? », demanda t'elle, encore ayant du mal à ne pas trembler. Les yeux dans les yeux à présent, son homme approuva d'un signe de tête. Il en était absolument sur. Jamais il ne laisserait sa bien-aimée toute seule dans cet état. Jamais.

2_ « Laisse-moi le voir ! Allez, s'il te plait ! Je suis sure que même malade, il doit être adorable ». Son amie éclata de rire.

« Evidemment : tu parles de mon fils, je te rappelle. Mais c'est contagieux apparemment. »

« Je m'en fiche. Ton fils est le plus mignon de tous les bébés, allez : juste quelques bisous ! ». Elle avait la meilleure tête suppliante possible : elle n'accepterait pas de refus, beaucoup trop têtue. La jeune mère soupira gentiment, et la fit monter dans la chambre, tout près du lit de l'enfant choyé.

« Ooohh putain ! Comment as-tu fait ? Sérieusement, à chaque fois que je le revois, il parait encore plus beau. Le plus sage et gentil bébé que je connaisse ». Tout n'était qu'admiration et amour dans sa voix.

« Arrête de dire ca comme si tu en connaissais beaucoup. Toujours à exagérer ! Mais c'est mignon de ta part ». Son amie se tourna vers elle, l'air incompréhensif : « Comment ca « de ma part » ? Bah oui, je l'avoue : ce gosse est super. Et j'en connais pas mal quand même : toutes les femmes de cette ville en ont et je les côtoie presque toutes. C'est ca d'être connue, j'imagine...connaitre tous ces gens friqués à faire de la merde... ». Elle ne quittait pas des yeux le petit angelot qui dormait paisiblement et elle déposa un doux baiser sur le bout du nez de celui-ci.

Mais elle avait perdu son air joyeux, et reprenait un ton dur, triste, du temps de ses crises d'autrefois. Et Eleanor ne trouvait pas cela très rassurant.

« Eh, ca va ? Tu vas dans une mauvaise direction, là. Ces gens sont peut-être superficiels, mais ce sont tes amis, non ? Plutôt connaissances, on va dire... Nous, on est amies pour la vie par contre. Pas vrai ? Et personne ne nous séparera, okay ?

Sanaya rencontra le regard bienveillant et amical d'Eleanor, sa meilleure amie, et elle s'illumina à nouveau.

« Bien sur ! A la vie, à la mort. Je me suis un peu égarée un instant, mais ca va mieux. »

« J'espère bien. Tu te souviens de ce que je t'ai dit quand j'ai emménagée ici ? ».

« Oui, et même très bien : Je te remercie, Sanaya, de m'avoir montrée les meilleures choses existantes d'une vie à L.A avec toi. Tu as tout le temps raison. » Elle eut un sourire taquin, amusée.

« Non, pas exactement. J'ai dit que je ne te laisserai pas tomber. Jamais, et c'est la vérité. »

« Tu m'as dit ca...avant ou après être tombée dans ta piscine ? Je m'en souviendrai surement », toujours souriante.

« Ah...peut-être ai-je vu cela dans ma boule en or... », et elle lui tira la langue, comme quand elles avaient 10 ans...et même plus tard. Eleanor secoua la tête et montra la sienne à son tour.

« Je vais le prendre un peu dans mes bras », chuchota t'elle à Sanaya.

« Je croyais...tu m'as dit qu'il était contagieux ! T'as mentie ! ».

« Ooohh la la, tout de suite les grands mots ! Je voulais juste t'éloigner un peu de lui ». Encore un tirage de langue, suivi d'un léger rire. Tête choquée de sa copine.

« T'es mauvaise ! En plus, c'est MA phrase accrocheuse, et même mon slogan ! ». Elles eurent un rire commun, contentes de pouvoir plaisanter à nouveau ensemble. Mais Sanaya regardait son amie et son fils bizarrement. Comme si elle les enviait, eux et leur bonheur.

« Je n'aurai vraiment pas cru qu'un jour, tu aimerai les bébés. Toi qui n'arrêtais pas de clamer haut et fort que leurs grosses têtes étaient flippantes... Et maintenant, tu es en admiration devant le mien. Ton homme et toi, vous en avez déjà parlés ? ». Elle releva la tête doucement, souriante ; mais Sanaya n'était plus là.

3_ Il y avait beaucoup trop de sang, ce n'était pas normal. Comment pouvait-on avoir autant de sang ? Elle ne comprenait pas, elle était figée, les genoux sur le sol complètement recouvert de ce liquide désagréable. Des images lui revenaient, mais seulement par flashs. C'était incompréhensif : un mauvais puzzle. Il n'y avait aucun bruit : encore une chose étrange.

« Ce n'était pas censé se passer de cette façon, pas du tout prévu... Ce n'est pas ce que je voulais... », seuls ces quelques mots répétés inlassablement brisaient le silence insupportable de la scène.

Elle ne sanglotait pas, son corps totalement immobile. Corps d'un automate semblant humain. Yeux vides. Voix monocorde. Cheveux poissés de sang.

Recueil Ola StitchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant