Chapitre 2

53 7 5
                                    

PDV Anna

Ça brûle. C'est la première chose que je perçois. Mes poumons me brûlent ainsi que mes yeux et toute cavité respiratoire. Je tremble de froid. Peu à peu, je prends conscience du bruit du vent et des vagues, la caresse du soleil contre ma peau. La douleur s'estompe peu à peu laissant place aux courbatures ainsi qu'à l'irritation de tout mon corps et mon cuir chevelu. Le sel et le sable doivent être collés sur moi.
J'ouvre les yeux, difficilement car l'eau salée, ca brûle un peu quand même. Je parviens à m'asseoir afin de faire le point. Je remarque que je suis étendue sur le sable au bord de l'eau et que plusieurs de mes camarades semblent reprendre connaissance comme moi tandis que d'autres ne bougent toujours pas. Quelques jeunes ont été transpercé par les débris et gisent sur la côte. Mais ce qui m'interpelle le plus, c'est l'épave. La carcasse de notre bateau est entremêlée dans les récifs, une centaine de mètres plus loin. Avec mon entourage encore en état de marche, je décide de faire tant bien que mal un état du nombre de survivant.

Assise sur une pierre, je regarde les autres chercher nourriture, survivant, objet utile parmi les débris. Un nombre résonne dans ma tête éloignant toute autre pensée. 23. Nous sommes 23 sur 582 personnes montées sur ce foutu bateau. Aucun adulte n'a survécu, il ne reste que ma classe et d'autres groupes de jeunes. Nos compartiments étaient les plus proches du pont contrairement aux touristes. C'est uniquement grâce à cela que j'ai survécu. De plus, je n'ai aucune trace de Isa ni de Jane.

Luc vient de mourir. On la retrouvé sur la plage, blessé au thorax, mais nous ne pouvions pas le soigner. Alors on l'a regardé mourir sans rien faire. Je le connaissais, on rentrait ensemble souvent après les cours. Il prenait le bus avec moi, il était un peu comme un grand frère pour moi.
Mes 21 camarades sont persuadés que quelqu'un va venir nous chercher mais en scrutant l'horizon, je me rends compte que ce ne sera pas pour ce soir. Je discute brièvement avec trois garçons de mon âge, nous nous partageons des gâteaux mous, trempés car nous n'avons rien d'autre pour le dîner. Deux sont bruns, sûrement frères tandis que l'autre est blond. Ses yeux sont verts et il se nomme William. Il est de mon lycée mais je ne l'avais jamais vu. Après ce qui s'est passé, j'ai besoin de me rattacher aux gens que je pourrais connaître. Les jumeaux m'ont dit qu'ils s'appelaient Corentin et Quentin. Ils n'ont rien dit d'autre mais je me doute  qu'ils ont perdu un proche dans le naufrage. J'entends au loin Charles qui tente de faire régner le calme. C'est un peu le grand musclé de ma classe, il fait craquer toutes les les filles. On pourrait le qualifier de brun ténébreux, autant au physique qu'au caractère. Il est parfois très protecteur mais c'est aussi un imbécile. Il explique aux autres où on va dormir et rassemble les couvertures pour les repartir équitablement. Si un naufragé se plaint de la faim, du froid ou des insectes, Charles le frappe violemment car il n'aime pas qu'on contrarie ses plans, vraiment pas.

Après notre petit repas, mes nouveaux amis et moi rejoignons silencieusement le groupe qui se forme plus loin sur la plage, autour d'un feu. Sur le chemin, mes orteils s'enfoncent dans le sable fin, ce qui est très agréable. Nous rattrapent le fil de la discussion alors que Charles tente de faire comprendre à tout le monde les bons côtés de ce naufrage.

- Regardez autour de vous ! Tout ça, c'est à nous ! Rien qu'à nous, et personne ne va nous dire quoi faire. Ici vous pouvez changer de nom, manger ce que vous voulez, travailler quand vous voulez ! Joignez-vous à moi, on va créer notre propre tribue et vivre par nous même ! On va se défendre contre les adultes et leur montrer qu'on est plus forts ensemble.

En effet, l'île semble assez grande mais totalement inhabitée, je ne sais pas si c'est bon ou mauvais signe. Elle est ornée de plages et en regardant vers le centre, on devine une longue forêt mais peu être aussi quelques points d'eau. Je regarde les jeunes autour de moi, tous semblent passionnés par ce qui vient d'être dit à part ma nouvelle bande. Ca me fait mal de dire ça, mais je crois que je ne peux compter que sur eux. Les hommes regardent avidement les femmes et semblent tous d'accord sur une même idée. Je préfère ne pas savoir comment cela va se terminer.
Mettant fin aux tensions, Charles revient munis d'une boîte énorme.

- Vous voyez cela ? C'est la boîte noire, grâce à ça, les adultes nous surveillent et à cause de ça ils vont nous ramener dans la prison qu'est notre vie !

Sur ce, il commence à frapper la boîte avec une masse en bois, bientôt suivi par tous les hommes. Ils sont devenus orgueilleux et fous ! Poussant des cris de ralliement, ils se comportent comme des sauvages en frappant le plus fort possible cette malheureuse boîte jusqu'à la réduire en poussière. D'un accord tacite, je cours vers la forêt avec mes amis, laissant derrière moi le feu, la nourriture et toutes nos chances de survie. J'ai un mauvais pressentiment, si Charles réussit à convaincre tout le monde de rester ici, je ne rentrerai jamais chez moi.
Je cours sans m'arrêter, entendant les jeunes filles hurler de terreur, les hommes semblent s'être attaqué à elles et nous les femmes ne sommes pas en sécurité sur cette île. Alors, je fonce à travers la nuit, suivie par mes gardes du corps. Je suis guidée par la peur et la tristesse ! Les arbres defilent, la forêt n'est pas infinie, c'est impossible ! Des larmes d'incompréhension coulent le long de mes joues. Et je ne m'arrête que lorsque tout est redevenu calme.

------------------------------------------------------------
Voilà pour ce second chapitre ! Je l'ai publié hier et bous déjà plusieurs à l'avoir lu alors j'espère qu'il vous plait. Je suis donc toujours ouverte aux commentaires constructifs ou juste pour me donner votre avis, c'est important pour moi de pouvoir m'améliorer :)
Je compte écrire la suite rapidement car les jours fériés s'enchaînent en ce moment, alors bonne lecture et profitez du soleil !

C'était l'idéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant