Chapitre 6 : Critiques-tu mes choix ?

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Une main se posa sur le sommet de ma chevelure. J'ouvris les yeux en comprenant que je m'étais endormie. Pas assez, car j'avais consciente de là où je me trouvais.

Je tournai la tête. Quelqu'un se tenait devant moi, éclairé à contre jour par le feu brûlant de la cheminée.

Je me remis debout précipitamment et m'inclinai face à Phédor.

— Tu vas devoir être plus rapide.

— Je m'excuse.

Il soutint mon regard en répliquant :

— Ne t'a-t-on pas appris les règles ?

— Si... mais je suis encore novice.

Ma réponse ne sembla pas satisfaire Phédor, pourtant, il ne me tortura pas plus. Il se contenta de m'observer tandis que je me triturais les doigts derrière le dos. Il s'attarda sur mon visage, mon collier, puis sur mes yeux. Je vis ses sourcils se froncer légèrement, ce qui me fit reculer d'un pas sans le vouloir.

Phédor finir par s'asseoir sur le banc que j'occupai précédemment puis me fit signe de prendre place à côté de lui. Je m'exécutai en tirant sur mon collier. Il allait me reprendre. Il allait forcément me reprendre. Je maudis Al de m'avoir dit de l'attendre ici.

En parlant du loup, Al déposa une théière claire à côté de Phédor, ainsi qu'une tasse dorée

— Apporte-moi une deuxième coupe.

Al revint aussi vite et versa un thé à la menthe dans chacun des gobelets avant d'être congédié par Phédor. Lorsque Al passa derrière lui, il me fit comprendre d'un geste que je devais me tenir à carreau. Je l'implorai du regard de me sortir d'ici, mais Al retourna en cuisine, là ou patientais six autres domestiques. Ces derniers faisaient des allers-retours inutiles dans la salle du banquet, passant un coup de chiffon ou de balais à des endroits déjà propres.

C'est pas vrai... Et moi qui n'ai rien écouté de ce que Al me disait tout à l'heure.

Je n'avais aucune idée du comportement que je devais avoir face à Phédor et de toute évidence, j'avais déjà mal agit puisqu'il avait semblé mécontent de moi en m'abordant.

— Tu n'as rien d'une servante, commença celui-ci. D'où viens-tu ?

Il était resté m'observer sans que je m'en rende compte. Il me tendit la deuxième coupe que je saisis en hésitant. Il partageait vraiment un thé avec moi ?

Je déglutis. Je devais parler le moins possible afin d'éviter de commettre une erreur.

— Des territoires de l'Est.

— Et tu n'avais pas conscience des règles de ce pays ?

— De toute évidence, la réponse est non, répliquai-je en maîtrisant mal mon agacement.

Phédor haussa les sourcils puis sourit légèrement. Mon cœur se mit à battre plus fort, mais je me rendis vite compte que mon sarcasme l'avait amusé au lieu de l'énerver.

Calme-toi... Ne commence pas à lui rentrer dans le lard...

Al, qui devait tout entendre de notre discussion, me faisait des signes de plus en plus agités. Des signes que je ne comprenais pas.

— Ne fais pas ça, tu vas te faire mal, me reprit Phédor alors que je tirais sur mon collier. Depuis combien de temps étais-tu à Entrétape ?

— Une semaine...

Dix jours que j'attendais dans ces cellules de métal aux côtés d'autres esclaves ayant eu la malchance d'être enlevés dès leur entrée dans ce pays. Mais cela fait plus de deux mois qu'ils faisaient le tri en vue de la plus grosse vente de l'année à laquelle j'avais participé. J'avais fait en sorte d'arriver au dernier moment, afin de m'éviter trop de désagréments, mais ces dix petits jours avaient été pénibles.

Captive du désert [publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant