Chapitre 2 : Ton nom !

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D'une nouvelle tape dans le dos, je fus invitée à descendre de l'estrade et à rejoindre la file des esclaves vendus. Pacôme me dévisagea jusqu'à ce que je disparaisse de sa vue

Mes pieds foulèrent le sable au moment où une nouvelle enchère démarrait derrière moi. Je me retournai par réflexe, mais l'un des gardes présents m'aboya l'ordre d'avancer.

— Ne fait pas attendre ton maître !

Il leva sa main et je courbais l'échine. Si je n'avais pas été vendue, il n'aurait pas arrêté son geste, mais maintenant, il ne pouvait abîmer la « marchandise ». Je fis tout de même profil bas. Il était inutile que j'anime les passions maintenant. Je fis la queue derrière les autres esclaves en réfléchissant à la suite. Ça ne devait pas se passer comme ça !

Un coup d'œil derrière mon épaule me confirma que nous étions surveillés de près.

Les uns après les autres, les esclaves furent libéré de leurs chaînes et envoyé vers leur nouveau maître.

Et puis, ce fut mon tour.

Une jeune femme était assise face à une table, une plume exotique en main. Elle chassait d'un geste sec les grains de sable qui venait de se déposer sur son épais ouvrage en cuir. Sans même lever les yeux, elle grogna :

— Ton nom !

— Aurore.

Je regardais encore une fois autour de moi. Ils étaient quatre à surveiller ce coin. Mon insistance attira l'attention d'un garde qui me fixa. Je me retournai vers la jeune femme qui terminait d'annoter mon prix à côté de mon prénom.

Une bourse en cuir fut déposée près du livre. Je relevai les yeux et tombai sur le regard sombre de l'enchérisseur à l'écharpe jaune. Il me dévisageait, tout en découvrant son visage. Je vis d'abord son nez droit, puis sa peau hâlée et enfin sa barbe brune tressée de perles d'or.

— Oh ! Seigneur Phédor ! C'était donc vous. Je vous en prie, il ne manque plus que votre sceau.

La jeune femme fit couler quelques gouttes d'une cire noire sur le papier, juste à côté du nombre quarante. Le Seigneur dégagea de sa toge une boîte en bois jaune laquée. A l'intérieur, il en extirpa un élégant sceau en or qu'il frappa contre la cire. La silhouette d'un cheval apparut en relief.

Mes menottes me furent retirées. Je me frottais les poignets. Ils étaient déjà brûlés en surface. Ici, le soleil était si intense que la moindre pièce de métal exposée devenait aussi chaude qu'un morceau de charbon plongé en pleine fournaise.

— Seigneur Phédor, pour une pièce de plus, vous pouvez acquérir cette servante avec son collier.

Le dénommé Phédor sourit, un brin amusé par la proposition avant de la décliner d'un mouvement de tête tandis que je grinçais des dents. Une pièce... C'était la moitié du prix de la grande majorité des esclaves vendus cet après-midi. Leur vie valait un demi collier de métal tordu. Collier qu'on me retira enfin.

Je portai ma main à mon cou que je massais par petits gestes. Si je m'étais brûlée les poignets, ce n'était pas le cas de ma nuque que j'avais réussi à préserver des rayons.

Phédor sortit de sa toge un fin collier de métal doré. Sous l'anneau argenté, un blason y était gravé ; le même que celui qu'il y avait sur son sceau personnel.

— Approche, me dit-il d'une voix calme.

Il tendit sa main libre, mais je restais à le fixer sans bouger.

La jeune femme fit un signe au garde qui se tenait derrière moi. Celui-ci m'empoigna par les cheveux et me tira vers Phédor. Je laissai échapper un cri de surprise. Il me poussa d'un geste sec et je finis à genoux, la peau en contact direct avec le sable brûlant du désert.

— Elle n'obéit pas. Auriez-vous laissé échapper cette information ? demanda Phédor à l'adresse de la jeune femme.

Je souris pour moi-même. Il allait vite remballer son foutue collier doré si c'était ça qu'il cherchait.

— Si elle n'obéissait pas, elle ne serait pas inclinée devant vous, répondit la jeune femme du tac au tac.

— Laisse-moi t'en débarrasser, Phédor.

Je relevais la tête, mais le garde m'appuya sur le crâne avec force. J'eus juste le temps de voir Pacôme approcher, une bourse de cuir serrée dans sa main droite.

***

Ce chapitre bénéficie d'une réécriture datant du 25 octobre 2022 :P


Captive du désert [publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant