Chapitre 4 : Maître Phédor !

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La traversée dura toute l'après-midi. Je vis plusieurs villes construites auprès des berges défiler devant mes yeux et entre chacune d'entre elles, des langues de dunes et de sable qui les séparaient. Il y eu aussi quelques maisons éparses ainsi qu'un ou deux palais que j'admirais sans retenue. Tout était construit en courbe ou en arc, comme si créer une ligne ou un coin aurait été une insulte direct aux rondeurs du désert.

En début de soirée, alors que le soleil couchait ses rayons dorés sur le sable, je vis le plus incroyable des palais se dessiner sous mes yeux. Il n'était pas spécialement grand ou imposant, mais sa structure se confondait parmi les dunes qu'il dominait. Ses murs s'habillaient des couleurs du soleil couchant ou alors était-ce le soleil lui-même qui colorait les pierres d'une lueur rosée ? Et tout autour, caché à l'intérieur de hauts remparts, des palmiers et d'autres végétations caressant le chemin de ronde.

Le bâtelier fit virer sa barque vers la rive, là où démarrait un élégant ponton rehaussé d'arches de bois. Sur le dessus, courrait de la vigne ou dégringolait du raisin mûr.

Phédor se leva de sa banquette et posa sa main le sommet de ma tête pour que je le suive. La barque tangua dès qu'elle toucha le ponton. J'étirai discrètement mes jambes en touchant la terre ferme.

Phédor s'engagea sur le ponton qui cheminait jusqu'à l'entrée des remparts. Deux gardes ouvrirent les portes sans attendre un ordre puis inclinèrent leur tête face à mon accompagnateur.

— Bon retour chez vous, Seigneur.

Attends, quoi ? Ce palais lui appartient ?

Les deux gardes me sourient ensuite, ce qui ne manqua pas de m'étonner.

Derrières les hauts remparts, je vis les magnifiques jardins exotiques, emplis de ces palmiers, d'arbres fruitiers et de fleurs au parfum sucré. De chaque côté, il y avait des bassins d'eau clair, peuplés de poissons dorés et de nénuphars coloré. La touffeur du désert laissait place ici à un air frais et léger. Je l'apprendrais plus tard, mais Phédor était l'un des maîtres les plus riches de ce pays, car il possédait une partie des mines d'or caché sous le désert.

Soudain, une paume se posa sur mon omoplate brûlée pour me faire avancer. Je laissais échapper un hoquet de surprise en m'écartant.

— Excuse-moi, me dit-il, la main restée en suspend.

Comme je ne revenais pas vers lui, c'est lui qui s'approcha. Je me cripais un peu plus à chacun de ses pas. Il s'arrêta juste en face de moi et commença à dénouer le foulard de soie que je portais autour du cou.

— Je ne me suis pas présenté à toi, commença-t-il d'une voix posée. Je m'appelle Phédor et je te souhaite la bienvenue au sein de mon domaine.

Je ne pus retenir la grimace surprise qui passa sur mon visage. Décidément, je ne savais quel rôle il jouait avec moi. Ses doigts dénouèrent un nouveau nœud prit dans l'anneau de mon collier.

— Si tu te comportes correctement ici, tu n'as rien à craindre. Tu apprendras très vite les règles que tu te devras de suivre.

Le foulard tomba dans le creux de ses paumes. Phédor me le donna puis m'invita de la main à continuer mon chemin. Il eu la présence d'esprit de ne pas toucher ma peau meurtrie.

Nous finîmes de traverser ce paradis miniature sans échanger d'autres paroles jusqu'à passer une série d'arche de pierres qui signalaient l'entrée du palais. Dès que nous fûmes à l'intérieur, la température chuta de plusieurs degrés. Je soupirais d'aise, car l'air un peu plus frais calmait mes brûlures.

Quelqu'un sortie de l'ombre d'une arche pour se diriger vers nous. C'était un homme, habillé d'une toge beige, pas du tout transparente. Lui aussi portait autour du cou un collier estampillé du blason d'ici.

Captive du désert [publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant