Chapitre 1 : Vendue pour 40 pièces !

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On dit des assassins qu'ils se doivent d'être furtifs et discrets. Pour ma part, c'est exposée aux yeux de toute une foule étrangère, le cou enserré dans un collier de métal et les mains entravées, que je choisis de démarrer ma macabre mission.

— Et maintenant, chers Seigneurs, voici une servante des plus sauvages, en provenance directe de l'extérieur du Pays du sable.

Je m'efforçais de ne pas lever les yeux au ciel face à ces mots qui étaient censés décrire ce que j'étais. Le marchand me donna une tape sur l'épaule pour que je tourne sur moi même. Je me sentais comme une mule, muselée et exposée au regard de tous, surtout que je ne pouvais pas cacher grand chose, car on m'avait affublé d'une toge légère et transparente. Ceux qui se tenaient devant moi ne ratait rien du spectacle que je devais leur offrir.

— Chers Seigneurs, regardez ce corps. Regardez cette peau hâlée, cette chevelure bouclée, mais surtout...

Il agrippa mon visage dans sa main calleuse et me fit lever le menton. Il y eut des hoquets de surprise dans le public avant que tous se pressent au bord de l'estrade de bois.

— Regardez ces yeux bleus. Ces incroyables yeux bleus ! Rares sont les domestiques à avoir une pareille couleur dans ce pays !

Je balayai la foule du regard, allant de seigneur à seigneur, jusqu'à en trouver un qui s'était isolé vers la droite. Il s'approchait de l'estrade, sans se soucier de bousculer ses comparces. Depuis que j'étais montée ici, il n'avait cessé de me contempler.

C'était lui. Pacôme. La cible que la Guilde des assassins m'avait ordonnée d'abattre. C'était pour lui que je m'étais portée volontaire afin d'être envoyée dans ce pays d'esclaves. C'était pour lui que je me retrouvais menottée sur cette estrade ou plutôt, c'était pour la grosse somme de pièces d'or que j'allais toucher, une fois que je lui aurais planté mon poignard dans la jugulaire. Cet individu était inatteignable ici, car le Pays du sable refusait son entrée à tous les assassins et peu d'assassins s'essayaient à braver cet interdit. Je savais que dès l'instant où j'avais franchi les portes de ce désert, je risquais à tout moment d'être découverte et écorchée vive. Le tatouage que je cachais derrière mon oreille droite serait la preuve accablante de mon appartenance à la Guilde.

Alors la seule manière de remplir ma mission et d'approcher ma cible, était d'entrer dans ce pays comme esclave et d'y être achetée par ce seigneur. Une fois au sein de son domaine, je n'aurait plus qu'à accomplir ma besogne et à m'enfuir d'ici afin de récupérer mon dû. La somme d'argent qui m'attendrait me permettrait de vivre dans l'oisiveté jusqu'à la fin de ma vie.

Je souris à cette pensée. La Guilde des assassins savaient très bien que Pacôme était sensible aux esclaves aux yeux clairs et c'était précisément pour cette raison que l'on m'avait proposé cette mission.

Et Pacôme ne cessait de me reluquer...

— Quatre pièces d'or pour cette servante.

— Cinq !

— Six !

Ils enchérirent tous, sauf Pacôme. Lui se taisait. Il se contentait d'attendre, mais dans ses yeux, j'y voyais cette lueur d'envie qui y brillait.

Mon prix fut rapidement triplé et puis il resta en suspens. Pacôme se décida à entrer en action et clama :

— Onze pièces d'or.

Certains seigneurs se tournèrent vers lui. L'un d'eux proposa une pièce en plus, mais Pacôme offrit par trois fois un meilleur prix.

— Eh bien, clama le marchand, adjugé à 14 pi...

— Quinze pièces.

Je me tournais vers le nouvel enchérisseur. Un homme se tenait dans l'ombre d'une toile tendue. Il avait enroulé son visage sous une longue écharpe jaune afin d'échapper aux rayons ardents du soleil qui venaient se refléter sur les murs de pierres. Il portait une longue toge kaki sur un pantalon ample de la même teinte. De lui, je ne voyais qu'une paire d'yeux, sans être capable d'en définir sa couleur puisqu'il était trop loin.

— Dix-sept pièces, répliqua Pacôme, sceptique.

— Vingt.

— Vingt-deux.

— Vingt-cinq.

— Vingt...six hésita Pacôme.

— Vingt-huit.

Merde.

Pacôme réfléchit. Il foudroya l'enchérisseur des yeux.

— Trente et un ! cria-t-il, furieux après avoir tâté sa bourse en cuir.

Le geste n'échappa pas à son adversaire qui devait sourire sous son écharpe, car il dit d'une voix amusée :

— Quarante.

Pacôme se décomposa tandis que le marchand se frottait les mains. Il y eut un silence durant lequel j'entendis Pacôme jurer.

— Vendue pour quarante pièces au seigneur à l'écharpe jaune !

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Captive du désert [publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant