5

5 0 0
                                    

Le lendemain matin, j'ai pris mon congé au resto et je suis allée frapper chez Carine, avec de la nourriture en main. La boule au ventre, j'essayais d'imaginer ses possibles réactions en me voyant : Un scandale, des insultes, une crise, le snobisme... Je me sens mal pour elle. Après ses deux derniers ruptures, Carine n'eut jamais eu l'occasion de refaire sa vie. Elle vivait dans cette maison à un niveau, faite de parpaings avec un sol en ciment, peint en belge, seule avec ses jumelles de 08ans : Léa et Laelle.

Elle rencontra Henri le jour où il m'amena manger dehors, lors des nombreux voyages d'Emery. Elle en tomba follement amoureuse et depuis 1 an, elle tenta d'attirer son regard, sans succès. Tenues sexy, visites hebdomadaires, cadeaux... La situation devint pire quand mon frère partit à l'étranger. Déjà qu'il n'aimait pas la compagnie, il ne l'avait pas laissé de contact ou quoi que ce soit du genre. Mais, comme on dit...

Le coeur a ses raisons que la raison ignore...

Je frappai une deuxième fois à la porte et attendit patiemment. La maison étant située en bordure de route, certaines femmes d'Iwi passaient par là et se moquaient de moi, comme à leur habitude. L'histoire de la riche restauratrice sans enfants avec la couturière mangeant pour dix personnes n'a jamais eu de fan ici. Et certaines ne se cachent pas pour jeter leurs venins entre nous. Quand je venais d'arriver dans la zone, je n'ai pas pu supporter les mauvaises langues. Traitée de stérile, sectaire, croqueuse de diamant tout le temps, je passais mes nuits à pleurer ou à répliquer. La goutte d'eau qui fit déborder le vase était ce jour :

On eut une panne d'eau à la maison pendant une semaine. N'ayant pas de quoi prendre un bain à la maison, ni personne pour puiser, il fallut sortir chercher de l'eau pour permettre à mon mari d'aller travailler. Je pris une bassine, attacha un pagne et sortit direction la borne fontaine du quartier.

La borne fontaine ; une invention conçu uniquement pour puiser de l'eau selon le commun des mortels. Mais ici, c'était le centre des ragots et du commerage. Toutes les informations relayés dans la zone atterrit ici et voilà, tout le monde gagne en connaissance. Les patronnes du coin étaient deux femmes de 43ans chacunes, veuves et aigries. La manipulation était leur talent inné. Suffisait juste qu'elles se trouvent un ennemi commun. Sinon, l'hypocrisie aussi était maitre.

Ce matin là, j'étais venu trouver une file un peu longue juste devant la fontaine. Étant pressée à cause de monsieur, mais ne voulant pas avoir de problèmes avec quiconque, je suis allée trouver la troisième de la file et je lui ai suppliée de me laisser sa place. Chose que la dame accepta, l'air calme. Quand mon tour arriva, j'ai puisé ma bassine dans le calme. Quand j'ai tenté de le mettre sur la tête, quelqu'un me tira violemment par l'épaule et je me suis retrouvée fesse la première sur le sol avec de l'eau sur le corps. Alors, la cinquième de la file - anciennement quatrième - débuta un scandale dont j'étais l'objet principale :

- Pour qui tu te prends ?! Donc parceque ton mari roule dans une voiture, tu crois que tu peux nous prendre de haut ainsi ? *cria t-elle, vénère.* D'ailleurs même, l'argent de secte de ton mari ne peut pas te donner l'eau à la maison ?

- Je suis dépassée ma soeur. *repliqua celle qui m'avait donné sa place.* La stérilité rend folle peut-être.

- Qui ne vous dit pas qu'elle n'a pas mangé ses enfants avec son mari ? *Ricana Monique, l'une des mères de 43ans.*

- Le joli garçon là ? Non voyons. Ça doit être elle ! Elle avec sa tête de sorcière là. Sectaire ! *cria la 1e femme.*

Des rires s'eleva dans l'assistance. Et moi, je fus zn larmes et en froid. Je me levai avec ma honte et partit ramasser mon recipient pour puiser de l'eau. Les femmes derrière moi me lançaient des piques mais je les ignorai en marchant. Quand je posai mon seau à la fontaine, la 1e femme est revenu en trombe :

- On te parle, tu insistes ?! *Elle essaya de me donner une gifle quand quelqu'un l'arreta net.*

Carine tenait la main de Patricia fermement. Lui regardant les yeux dans les yeux avec un regard froid et sévère. Et cette dernière se recula en grognant. Carine prit ma bassine et puisa tranquillement le récipient en regardant tout le monde dans le blanc des yeux avec un air de menace. Qui pouvait faire face à la fille du chef, bagarreuse professionnel sans permis ?

Elle m'aida à mettre l'eau sur ma tête et me laissa rentrer. Je pus voir certaines essayant de vouloir répliquer mais elles ne purent rien devant la mine énervée de la mère de Léa.

Et c'est depuis ce fameux jour que j'ai rencontré ma voisine.

Léa m'ouvrit la porte et me regarda avec sa bouille d'enfant avec un gros sourire.

- Bonjour tantine Alex.

- Bonjour Carine. Maman est là ?

- Maman a dit qu'elle n'est pas là.

J'entendis un mince étouffée dans la maison et Carine sortit deux minutes après, l'air boudeuse. Léa rentra dans la maison pendant que sa mère me donna une place dehors...

Le silence qui régna ici était étouffant. Je fus tête baissée, assise sur une chaise en bois recouverte de mousse, tournant mes doigts entre eux. Je sentais son regard sévère sur mon enveloppe honteux avant qu'elle sortit une question :

- Pourquoi ne m'avoir rien dit ?

- *je déglutis et ouvre la bouche en réfléchissant mais rien ne sortit au final.*

- J'ai l'impression d'avoir été berné pendant des jours, des mois et... Tu savais ce que je ressentais pour lui mais tu l'as laissé se fiancer...

- Carine, il est certes mon frère, mais il est un être humain. C'est à lui de faire ses choix.

- Je suis trop naïve aussi. À chaque fois, j'essaie d'y croire. J'essaie ouvrir ma coquille de femme forte et je veux aimer. Aimer et être aimée. Mais peut-être que je ne suis pas faite pour ça...

- Carine, ne dis pas ça...

- Je ne te l'ai jamais raconté mais le père de Léa avait fui. Il disait qu'il avait eu peur de mon niveau d'affection. Je l'avoue, je peux être jalouse parfois. Mais je mettai un point d'honneur à me soumettre à lui. Mais, il m'a trompé et il a fui, me laissant enceinte des jumelles. Genre, je n'ai pas le droit de l'aimer, c'est ça ? D'accord.

Je me levai, posa la nourriture sur la chaise et fit un câlin sans réfléchir à Carine qui pleurait en silence. On est resté comme ça, un moment, moi entrain de lui caresser le dos.

- Je suis désolée Carine.

- T'a pas à t'excuser Alex. C'est pas de ta faute. *Elle secha ses larmes.* Il me faut du temps mais ça ira. Bon, j'ai faim. Tu m'as amené quoi ?

Vous êtes sûr que cette dame était triste ? Moi, je doute.

On entra à l'intérieur et on mangea avec les filles au salon qui étaient devant les Novelas, profitant de leur jour de congé.

L'initiation chez Carine fut très rapide.

__________________

Dès que j'ouvris la porte de la maison vers 18h, je me rendis compte qu'il faisait noir de partout. Étonnée, j'allumai la torche de mon téléphone et m'avancai vers la chambre pour pouvoir me changer. Sachant qu'Emery était déjà rentré, je me suis dit qu'il dormait probablement, sachant que je suis chez Carine.

Près de la chambre, j'entendis des cris venant de là. La peur me pris soudainement et imaginant mon mari entrain de se faire frapper par un inconnu dans la maison, je fonçai vers la cuisine, chercha un couteau, et retourna dans la chambre, prête à l'emploi. Quand j'ouvris la chambre, je vis un homme entrain de lutter avec un truc attaché à son cou en criant avec la voix de mon mari "serpent ! serpent !!".

- Emery !!!

Je lachai le couteau, horrifiée et le courant revint. Je vis à cette instant mon mari torse nu avec une ceinture autour du cou...

L'amour de mon frère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant