Chapitre 3

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Mon ventre gargouille bruyamment au moment où nous quittons la salle. Jim n'a pas arrêté de dormir pendant la seconde partie du film. Les seuls moments où il était conscient, il faisait des commentaires désobligeants à propos de l'homme assis devant lui, ne se rendant probablement pas compte qu'il parlait à voix haute, ce qui lui avait causé une sacré douzaine de regards noirs venant de l'homme en question. Quant à moi, j'avais passé la majeure partie de la séance à essayer de le retrouver, lui, l'inconnu aux yeux si marquants. J'avais regardé derrière moi, sur les côtés, et devant moi, cherchant sa tignasse brune. Je m'étais retournée à chaque fois que j'entendais la porte s'ouvrir, vérifiant si c'était lui qui entrait. Mon dieu même en sortant j'ai dévisagé toutes les personnes autour de nous, rencontrant souvent des regards inquisiteurs. Mais je ne l'ai pas vu, je ne le vois toujours pas. Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à le sortir de ma tête, il n'a rien d'exceptionnel. Cela doit sûrement faire très longtemps que je n'ai pas vu de garçons de mon âge, hormis Jim. C'est la seule explication logique.

- McDo ? me demande justement celui-ci.

- Tu sais comment parler aux femmes, toi !

Je lui fais un clin d'œil tandis qu'il m'entraîne hors du cinéma. Je crois que je n'ai pas eu aussi faim depuis bien longtemps !

~

- J'ai adoré le film ! me lance-t-il enjoué, une fois que nous sommes assis avec notre commande.

- Tu te fous de moi ? T'as pas ouvert les yeux ! pouffé-je, une frite à la main.

- Je suis pas obligé d'ouvrir les yeux pour profiter d'un film, les oreilles suffisent, j'ai presque tout compris !

- Mais t'as pas vu quand il y avait l'enterrement du fils du coup ?

- Quel enterrement ?

Il relève la tête brusquement vers moi, paniqué. Je lève les deux mains en l'air pour lui dire que j'abandonne et prends une bouchée de mon bigmac. Jim continue de me regarder, en souriant cette fois- ci.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu veux ma photo ou comment ça se passe ? le taquiné-je en lui donnant un petit coup sur l'épaule, mal à l'aise.

- Je me disais juste que je ne t'avais pas vu d'aussi bonne humeur depuis longtemps, ça fait plaisir à voir.

Je regarde ma boisson en rougissant. Je n'aime pas qu'on fasse trop attention à moi, qu'on s'attache trop. Ca finit toujours par faire mal à un moment ou à un autre.

Nous sortons du fast-food une heure plus tard, Jimmy n'ayant pas manqué de se faire remarquer par de nombreuses demoiselles, dont la femme de ménage qui devait avoir une bonne quarantaine d'années, ce qui nous a fait glousser pendant quelques instants.

Jim me dépose rapidement à la maison. Je le remercie pour cette après-midi avant qu'il ne reparte. Ella m'attend à la porte un énorme sourire sur le visage.

- Eh bien ! Je l'aime beaucoup ce petit Jimmy. Cody ! Regarde ce qu'il a fait à ta sœur ! Elle est resplendissante.

- Hein ? Elle est toujours aussi moche, oui, lui répond-il sans même relever la tête de sa console.

Quel lunatique celui-là ! Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque et m'approche discrètement du canapé sur lequel il est confortablement allongé.

- Je t'ai vue Lucy, me dit-il avant même que j'aie eu le temps de tenter quoi que ce soit.

Soit. La prochaine fois alors.

- Ma vengeance sera terrible, hurlé-je sur un ton digne des plus grands films d'action tout en remontant dans ma chambre.

Je l'entends toujours rire quand je pousse la porte pour enfin m'allonger dans mon lit. Je mets mes écouteurs, lance la musique et ferme les yeux.

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