Chapitre II

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Ils montent à bord. Malgré leur imposante stature, il y a de la place pour six personnes. L'intérieur est spacieux et confortable : trois places devant et trois derrière. Tous retirent leurs lunettes. Savage prends le volant, tandis que Dancer s'installe au milieu et Apache côté fenêtre. Marylou quant à elle, se retrouve à l'arrière entre Scientist et Ice. Savage démarre et leur fait quitter le tunnel.
Marylou reste sans voix devant le paysage apocalyptique qui se dévoile sous ses yeux écarquillés.
Plus de maison, de voiture ou autre construction. Plus d'arbres non plus. Plus rien.
Il n'y a que des tas de gravats et de poussière, vestige d'une vie passée.
Il semble que la température soit très élevée car des vapeurs de chaleur sont visibles. Le soleil est à son zénith et incendie violemment le sol de ses rayons car il n'y a plus de couche d'ozone pour l'en empêcher. Heureusement, il fait bon dans la jeep grâce à la clim.
Ice devine dans le regard de Marylou son chagrin, mais également sa stupéfaction. Voyant une larme couler sur sa joue , il n'a alors qu'une envie, la recueillir de son doigt. Mais il ne le peut pas... C'est étrange, c'est la première fois, qu'une personne le touche autant.
Marylou ne peut pas croire à ce spectacle. C'est au-delà de ses pires cauchemars. Et il va maintenant falloir qu'elle affronte ce nouveau monde sans son père, alors qu'ils ont toujours fait face ensemble contre l'adversité.
Le silence règne dans l'habitacle. Trois quart d'heure plus tard, alors qu'ils arrivent presque à destination, un mouvement au loin attire leur attention.
- Là-bas ! Indique Apache.
Dancer prend les jumelles.
- On dirait des antennes de fourmis, dit Marylou.
Les soldats la regardent.
- Quoi ? Demande-t-elle.
- Comment distinguez-vous, ce que c'est à une telle distance ? Lui demande Dancer.
La jeune femme, elle-même étonné répond simplement qu'elle a deviné suite à la conversation qu'elle a eu avec Scientist dans le bunker.
Dancer confirme qu'il s'agit bien d'antenne de fourmis.
- Fonce Savage ! Ordonne Ice.
Le soldat dans un grognement de plaisir, enclenche les propulseurs du véhicule. Le bolide atteint à présent les trois cent kilomètres  heures. Marylou adore la vitesse et profite de cet instant libérateur.
Plongée dans ses pensées, elle ne s'aperçoit pas tout de suite, que la voiture s'arrête. C'est la voix de Ice qui la ramène sur terre.
- Nous sommes arrivés.
Il descendent de voiture, les soldats sur leur garde. La chaleur est étouffante et malgré le masque à oxygène, il est difficile de respirer correctement. Marylou est gênée par la moiteur mais sans plus.
Devant eux, se trouve une cabine isolée, sans rien autour, ni aucune indication. Juste une cabine au milieu d'un désert.
Mais à bien y regarder, ce n'est pas une simple cabine. Elle est équipée de deux caméras au-dessus d'une porte coulissante et ressemble plutôt à une porte d'ascenseur. Son alliage est fait d'acier. ice presse un bouton sur le boîtier qui se trouve sur le côté et un écran s'allume. Il approche son visage et son œil est scanné. La porte s'ouvre. L'intérieur est étroit. Le capitaine entre le premier, suivi par Scientist qui pousse légèrement Marylou, puis les trois autres soldats s'y engouffrent à leur tour. La porte se referme. Un tableau de bord, indique plusieurs étages allant du moins un au moins quinze, puis un dernier bouton « New Home ».
La jeune femme est complètement écrasé contre le corps massif de Ice. Dans d'autres circonstances, elle trouverait cette situation plutôt plaisante et même drôle. Pourtant, lorsqu'elle lève la tête et se retrouve yeux dans les yeux avec Monsieur muscle, son cœur manque un battement. Une chaleur se propage dans le bas de ses reins et de son ventre. Le regard de cet homme, reflète autre chose que ce qu'il montre en surface. Elle croit y déceler du désir et de la tendresse l'espace d'un instant.
La sentir tout contre lui, déclenche des sensations qu'il s'était interdit d'éprouver. Son corps a bien sûr connu des femmes mais son âme aucune. Il les a bien sûr toutes traité avec douceur et se sont donné du plaisir mutuellement mais jamais rien de plus.
Contre marylou, ce qu'il éprouve est bien différent. Son corps réagit, la désire et des images très érotiques défilent, mais il ressent autre chose également. Ce n'est pas qu'une question de sexe. Il veut la couvrir de baisers, la rassurer, lui faire oublier son chagrin.
La porte s'ouvre.
Apache sort en premier et Marylou, troublée, en profite pour se décoller du capitaine et se retourne afin de faire face à l'ouverture, à sa nouvelle vie.
Il traverse un tunnel transparent d'où s'échappe un gaz qui les décontamine.
Les soldats retirent leur masque, Marylou les imite.
- Les gars, vous êtes en repos jusqu'à nouvel ordre, annonce Ice.
Ses hommes le salue.
- Quant à nous, madame, nous devons nous rendre dans le bureau du colonel et ensuite, je vous conduirai dans vos quartiers.
Marylou hoche simplement la tête car elle est trop occupée à observer le complexe. Elle découvre de longs couloirs blancs, immaculés, comme ceux d'un hôpital, et très éclairés. Des petits ascenseurs au cabines transparentes, permettent apparemment d'atteindre d'autres niveaux. Elle suit le capitaine, jusqu'à une porte sur laquelle est indiqué : colonel Vlanzky. Ice toque. Marylou ressent alors une certaine appréhension, sans en connaître l'origine.
- Entré!
Le capitaine ouvre, me faisant signe de passer devant. Avant d'entrer, elle regarde Ice cherchant à se rassurer. Il hoche imperceptiblement la tête. Étrangement, cela suffit à lui donner confiance. Le colonel est assis derrière un imposant bureau. Il a les cheveux blonds, rasés, gris au temple et doit avoir un peu plus de la cinquantaine. Concentré sur des documents, il lève la tête. À la vue de Marylou, une lueur de pouvoir, furtive, passe dans son regard.
- Mon colonel, salue Ice.
- Romper capitaine. Encore une fois, vous n'avez pas failli.
- Nous avons pu sauver madame, mais son père n'a pas survécu.
- Bonjour madame et bienvenue à New Home. Je suis navré pour votre père.
- Merci.
Marylou se tient droite, les mains derrière son dos, habitude qu'elle doit à sa vie à la caserne.
- D'après votre dossier, je vois...
- Mon dossier ? L'interrompt la jeune femme.
- Oui votre dossier. Vous étiez pompier, j'ai donc pu le récupérer dans les archives militaires.
- Bien sûr, répond-t-elle de plus en plus suspicieuse.
Elle aimerait regarder Ice mais n'ose pas bouger. Quant à ce dernier, il se demande où veut en venir son colonel.
- Donc, je vois que vous étiez capitaine au sein de votre caserne et si je me fie toujours à celui-ci, vous présentez des capacités physiques certaines. C'est pourquoi, je souhaite que vous intégriez l'équipe d'Ice.
Même si le capitaine est très surpris par cette proposition, il ne dit rien.
- Je ne suis pas un soldat, affirme Marylou.
- Je le sais. Mais vous avez également votre diplôme d'infirmière et c'est en cette qualité, que votre aide nous sera précieuse.
Marylou ne répond pas. Le colonel reprend.
- Vous êtes pompier madame et je sais que votre devoir passe avant tout.
Marylou pense que cette situation est très étrange et se demande pourquoi le colonel insiste. Mais peut-être, que c'est une bonne chose après tout, ça l'occupera. Et elle n'aura ainsi pas le temps de s'apitoyer sur son sort.
- Monsieur, avant d'accepter, j'aimerais savoir ce qu'en pense le capitaine Ice.
- Je vous en prie.
Elle se retourne vers le capitaine. Celui-ci prend la parole.
- Colonel, avec tout le respect que je vous dois, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
- Pourquoi ? Demande Vlansky.
- Elle n'est pas stable sur le plan émotionnel, lâche-t-il froidement.
- Vous lui apprendrez capitaine. Alors, l'affaire est conclue. Ice, accompagné la, à l'infirmerie pour un bilan de santé. Rompez !
- Ice et Marylou sortent du bureau. Dès que la porte se ferme, Vlansky prend son téléphone.
- Le programme a commencé !

- C'est quoi le problème? demande  Marylou en saisissant le bras de Ice de façon à ce qu'ils se retrouvent face à face. Vous pensez que je ne suis pas à la hauteur ?
- Là n'est pas le problème. Vous venez de vous réveiller après dix années d'hibernation, de perdre votre père et de découvrir à quel point la terre a été dévastée. Et...
- Et ?
- Je vais devoir veiller sur vous lors des missions.
Marylou ne sait pas comment le prendre. Est-ce qu'il va veiller sur elle, parce qu'il s'inquiète ? Ou bien a-t-il peur qu'elle ne soit qu'un boulet pour eux ? Elle préfère pour le moment garder ses questions pour plus tard.
- Apparemment, vous n'étiez pas au courant des plans du colonel.
- Non madame.
- Si nous devons faire équipe, appelez moi par mon prénom.
- En fait, tous les hommes de mon équipe ont un sobriquet. Mais pour le moment, Marylou conviendra.
Entendre son prénom de la bouche de Monsieur muscle déclenche chez elle des frissons. Quant à lui, il ne pensait pas prendre autant de plaisir à le prononcer.
- Je vous emmène chez le doc.
Ils prennent un des ascenseurs internes.
- A cet étage, se trouve l'infirmerie qui contient une salle de radio, un laboratoire, vingt lits d'hospitalisation et deux salles de bloc.
- Impressionnant ! S'exclame Marylou admirative.
- Et là, le cabinet du Doc. Ce n'est pas le seul médecin mais c'est lui qui dirige le service.
- Je n'ai pas besoin d'un bilan, je me porte comme un charme.
- C'est un ordre du colonel.
Marylou soupir bruyamment, les mains sur les hanches. Elle a toujours eu du mal avec l'autorité.
- Allons à la salle de sport. Parce qu'il y en a bien une, n'est-ce pas? Et je vous montrerai que je suis en pleine forme.
Son comportement, a pour effet d'amener un semblant de sourire sur le visage de glace du capitaine. La jeune femme s'en aperçoit et le trouve ainsi encore plus sexy.
- Je ne savais pas que vous pouviez sourire Ice.
- Un problème avec l'autorité Marylou ?
Le médecin ouvre la porte et découvre les deux capitaines en train de s'affronter du regard.
- Il y a un problème ?
- Aucun doc. Je vous présente, Marylou Angélus, nouveau membre de mon équipe, annonce Ice les dents serrées.
Pas que l'idée lui déplaise, mais il en a la certitude, cette femme pourrait fissurer sa carapace et ça, il ne peut se le permettre.
- Enchanté Marylou ! Tout le monde m'appelle Doc mais vous pouvez m'appeler Jordan.
- Moi de même Jordan, répond-t-elle en acceptant la main qui lui tend.
À ce contact, la mâchoire d'Ice tressaille.
La jeune femme trouve le doc très chaleureux, malgré le contexte. Celui-ci est blond, les cheveux en bataille, avec des yeux marrons. Son visage doux est rassurant. Il porte une blouse blanche comme son père. Ce détail fait qu'elle manque de s'écrouler, mais pas encore, pas maintenant, lorsqu'elle sera seule.

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