Chapitre 1 Flamme

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Vide.

Si un mot pouvait décrire mon esprit et mon environnement il serait le plus adapté.

Je ne voyais rien, n'entendais rien, ne sentais rien, ne pensais à rien. Je n'étais pas différent d'un cadavre. Pourtant, instinctivement je savais que j'étais conscient. C'était plus comme s'il me manquait quelque chose afin de le réaliser.

Quelque chose...

Quelque chose...

Un corps...

Ah oui, voilà.

Je n'avais pas de corps.

Attend, est-ce-que je venais de penser à l'instant ?

BIP BIP ! BIP BIP !

BAM.

D'un coup lâche et sans force je frappai le bruyant réveil.

« Alors c'était un rêve, hein. Aaaah... j'ai pas envie de me lever... »

J'ai toujours été quelqu'un de fainéant et procrastinateur, mais ce matin je me sentais vraiment faible et sans énergie. Je n'avais pas la moindre envie ni force de partir de mon doux lit usé. Alors je regardai le plafond. Une minute, deux minutes, cinq minutes, dix minutes. En vérité j'avais perdu le compte bien avant.

Mon regard devint de plus en plus brumeux et grisonnant, comme si un voile épais prenait place petit à petit dans la pièce, mais je ne m'en inquiéter pas. À quoi bon se soucier de ceci ? Je n'en avais pas envie :

« Je ne vais pas aller à l'école... murmurai-je tandis que ma gorge m'irritait. Ah. Mais si je n'y vais pas je vais finir par me faire virer... »

Dans une tentative désespérée, je tentai de me lever, et avec un peu d'effort je finis par arriver à me mettre assis :

« Mes yeux me brûlent. Je n'ai pas assez dormi... ? L'odeur est bizarre et me pique le nez... le voisin fait encore ses expériences étranges ? »

Je me levai tant bien que mal, titubant dans mon petit studio de 9m² vers le réfrigérateur. À l'intérieur demeurait une bouteille d'eau à moitié vide et une part de pizza solitaire. Je pris la part froide et croqua timidement dedans. Les pizzas froides n'étaient pas mauvaises, mais après deux jours le goût devenait fade. Une fois la part finie j'ouvris de nouveau le réfrigérateur, empoignai la bouteille presque vide avant de le refermer. Je bus ce qu'il restait de la bouteille et me mis assis contre ma porte d'entrée regardant fixement la bouteille dans ma main, maintenant vide.

...

Je n'étais pas différent d'elle. J'étais vide de l'intérieur. Un être dont seul l'enveloppe demeurait. Une coquille vide. Il ne me restait plus que ma vie. Toutefois une chose me différenciait de cette bouteille. Contrairement à elle je ne pourrais plus jamais être rempli. En tout cas pas dans cette vie. Mon contenant était percé et se vidait tout le temps :

« Pourquoi je m'obstine à me garder en vie. Ce serait plus rapide d'en finir... Hein ? »

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!! IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!

Un bruit assourdissant et strident commença à résonner, devenant de plus en plus puissant aigu au point qu'il en soit insupportable.

Je plaquai mes mains sur mes oreilles faisant tout pour cacher le bruit qui me faisait devenir fou. Mais je continuais de l'entendre.

Arrêtez.

Il était toujours là. Mes pensées se remuèrent dans tous les sens. Ma vision devenait floue et brouillonne. Mon corps vacillait. Mon esprit perdait tout raisonnement logique alors que je ne pouvais penser à rien d'autre que ce bruit.

Renaître de ses Cendres - Renaissance [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant