Chapitre 5

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Chapitre 5

Rayan :


Je l'observais sous tous les angles. Il avait une apparence bien plus jeune lorsqu'il dormait. Puis tout d'un coup il se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Il avait dû faire un cauchemar car il était essoufflé et peinait à reprendre une respiration régulière. Il ne me vit pas en s'assit en tailleur sur le petit matelas d'appoint. Il commençait à tâter le duvet moelleux et la mousse de son lit improvisé et usé. Il regarda autour de lui à gauche, puis à droite puis me vit. Il eut un léger sursaut avant de me dire, visiblement paniqué :

- Que... Que faites-vous ici ?

- Je suis dans mon donjon.

Cette phrase le fit paniquer. Il roulait ses yeux injectés de sang.

- A... Alors pourquoi suis-je ici également ?!

- Hé bien, vous êtes mon majordome, vous dormez chez moi. Hier, en essuyant les antiquités pleines de poussière, l'une vous était tombée sur la tête et vous avait assommé. À mon arrivée, quelques minutes après, j'ai cru que vous étiez mort. J'ai donc vérifier votre poud et votre respiration et il s'avérait que je m'étais bien trompé. J'ai tout de même appelé le médecin de la ville d'à côté qui m'a dit que vous laisser dormir jusqu'à ce que vous vous réveilliez suffisait. J'ai donc écouté ses conseils et vous est installé sur un matelas. Je n'avais pas la force de vous porter à votre chambre, vous m'excuserez.

Il me regardait comme si je venais de me métamorphoser en le Cu Sith lui-même.

- Vous voulez dire que vous ne m'avez pas crié dessus, vous ne m'avez pas chassé, je ne suis pas allé à la maison et je ne me suis pas suicidé ?

- Le reste, je ne sais pas mais non, vous n'êtes pas mort, lui dis-je d'un air amusé.

Il semblait si enfantin ainsi, j'avais du mal à le croire marié. Il marmonna :

- Donc je ne suis pas mort... Et ma famille non plus.

Un large sourire éclairait désormais son visage. Il ajouta, crispé :

- Et... Je... il chercha ses mots. Je vous dois toujours la dette de votre père ou... Ou je ne... Ou mon métier se termine ici ? tenta-t-il, très peu sûr de lui.

- Voyons, pourquoi avez-vous si peur ? Je ne vais pas vous manger !

- C'est que... Je ne voudrais pas vous irriter, maître.

Il me dévisageait, cherchant désespérément une émotion autre que de l'amusement sur mon visage doux.

- Monsieur, je vous repose la question. Ai-je épongé ma dette maintenant que la personne qui me faisait subir ce rôle de majordome n'est plus ?

Son assurance nouvelle me perturba. Je réfléchis aux nombreuses réponses que je pouvais lui offrir avant d'entamer ma phrase sous son œil fixe :

- Écoutez, je me trouve dans une impasse. Je voudrais vous libérer afin que vous puissiez rejoindre votre famille mais d'un autre côté je suis à peine roi et personne ne peut me soutenir. Vos conseils me seront sûrement précieux et utiles. Votre famille ne peut-elle pas attendre encore quelques semaines ? Elle a bien attendu des années, alors un peu plus ou un peu moins, qu'est-ce que cela change ?

Mon regard avait changé, il devenait glacial à présent. Le bleu de mon iris changeait, je le sentais. Je me voyais également plus fort. C'est pourquoi je continuais sur ma lancée, beaucoup plus sûr de moi :

- Voyons, discutons d'homme à homme. Votre femme est plus jeune que vous, elle peut attendre n'est-ce pas ? Et vous, ne seriez-vous pas las de ne plus vivre au château ? Ici, tout est à votre disposition, des mets luxueux aux jardins, de la cave à la toiture, vous pouvez y faire ce que vous voulez à la limite du raisonnable. N'est-ce pas merveilleux ? Ce qui est à moi est à vous. Vous vivez comme un roi en échange de seulement quelques petites tâches minimes. Regardez-vous ! Vous vivez aux côtés du roi. La plupart des gens paierai cher pour vivre dans ces conditions, n'ai-je pas raison ?

- Monsieur, ce n'est pas ça mais ma femme et mes enfants me manquent... Ils ont déjà beaucoup grandi, l'ainé a actuellement dix-sept ans et le cadet en a maintenant onze. Je n'ai jamais pu assisté au premier anniversaire de mon plus jeune fils. Cela fait presque onze ans que je vis ici. Je connais la vie au château, je l'aime mais je préférerais vivre comme un pauvre chez moi et devoir me battre pour survivre. Vous pourriez donner cette opportunité à quelqu'un dans l'envie ou le besoin, il appréciera mieux et travaillera plus...

Je commençai à faire les cents pas en lui répondant :

- Certes, je pourrai faire cela. Mais voyez-vous, c'est pour cela que je veux vous garder. En plus de m'être utile dans mon nouveau rôle, vous ne désirez pas le pouvoir et ne m'assassinerez donc pas. Lorsque l'on est fils de roi, il faut savoir trier ses amis. Vous ne savez jamais s'ils sont là seulement pour le trône ou simplement par amitié. Chaque personne de ce monde peut devenir abusive de pouvoir et c'est ainsi que se créent les querelles et les discordes. Un ami peut devenir un ennemi alors qu'un fidèle restera fidèle à son maître. J'arrêtai de marcher et me postai devant lui. Donc non, vous n'allez pas rentrer chez vous, vous n'êtes qu'un esclave de mon père. Maintenant celui-ci mort, vous êtes mien et vous le resterez tout le temps que je l'aurai décidé.

Je le fixais avant d'ajouter d'une voix grave :

- Vous ne serez jamais libre.

Un roi, une tyrannieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant