Chapitre 15 : Distraction

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          Ça y est, les vacances sont terminées. Je suis de retour à Mountain High. C'est si étrange. La semaine passée a été l'une des plus dures que j'ai eu à vivre et revenir ici, où tout semble si futile, m'apparaît comme un rêve si éloigné de la réalité.

           Je ne cesse de me rejouer les derniers moments passés avec ma mère avant son admission. L'air glacial, qui émanait d'elle, ne cesse de me poursuivre, laissant mon cœur froid face aux retrouvailles si chaleureuses des groupes d'élèves.

          J'avance d'un pas lent vers mon dortoir. Je redoute le moment où je vais devoir faire semblant que tout va bien, que je suis heureuse. Je n'ai pas envie de sourire mais je ne veux en aucun cas discuter des problèmes de santé de ma mère. La deuxième solution va l'emporter et, je l'espère, me permettre d'oublier et de réchauffer mon cœur.

          Je ne veux pas m'apitoyer sur mon sort et me laisser entraîner dans un bourbier de tristesse et de plainte. À ce constat, je presse le pas pour retrouver celles qui me remonteront le moral et apaiseront ma peine.

          Alors que j'approche de la chambre, je me rends compte qu'aucun son n'en provient. J'y entre mollement, déçue que mes amies ne soient pas encore arrivées. Faisant traîner ma valise, je vois avec joie que Nuria est à son bureau en train de manger des empanadas. Je m'y précipite pour la serrer dans mes bras.

— Wow ! Je t'ai tant manquée ? rigole-t-elle, surprise par ma démonstration.

— Désolée, je suis juste contente de te revoir. Comment se sont passées tes vacances ?

— C'était génial. J'ai passé du temps avec ma famille et je me suis reposée. Et toi ?

— C'était super, lui réponds-je sans élaborer.

          Face à son air dubitatif, je lui offre un grand sourire pour confirmer mes propos et pars ranger mes affaires. Non, il ne faut pas que je craque, je ne dois pas pleurer. Non. Je dois prendre sur moi et sourire. J'essaye de contrôler ma respiration tandis que des larmes menacent de couler sur mes joues.

          J'entends des pas se diriger vers moi et je redoute de voir Nuria si je me retourne mais un « hello les filles ! » surexcité me soulage de mon appréhension. Mia s'est décidée à arriver. Elle m'étreint avec brutalité, digne de son tempérament bourrin.

— Je suis trop contente de te revoir petite cachottière ! m'annonce-t-elle.

          Mia me pince la taille, me faisant bondir et crier. Eh oui, je crains énormément les chatouilles et ça depuis que je suis petite. Ma réaction semble la faire rire puisqu'elle continue son petit jeu.

— Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ? s'indigne ma tortionnaire.

— Vous dire quoi ?

— Que toi et Frantz, vous vous êtes embrassés.

— Oh ça... ça n'a aucune importance, voilà pourquoi, m'étranglé-je, ayant subitement un chat dans la gorge.

— Ah bah ça pour une surprise, intervient Nuria, choquée par la nouvelle. Comment c'était ?

          Je les regarde, tout à tour, gênée par la tournure de la conversation. Je hausse légèrement les épaules, me détournant d'elles pour retourner à mon rangement.

— C'était si mauvais que ça ? s'étonne Mia. C'est bizarre. Toutes les filles qu'il a embrassées disent que c'est très chaud avec lui.

— Oui bah c'était un baiser quoi. C'était pas mal, mens-je, éhontément.

Et si ... {1er jet}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant