Chapitre 8 : La robe parfaite

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          Nous sommes à une semaine du bal de l'automne et je n'ai pas encore trouvé de robe. Nuria et moi avons parcouru les différentes boutiques sans trouver la perle rare. Je parle surtout de moi en fait. La jolie hispanique a trouvé chaussure à son pied ou, dans ce cas-là, robe à son corps.

          Elle est simplement parfaite. La robe bustier, rouge et étincelante de paillettes, lui donne une taille de guêpe et, de là, le tissu glisse sur ses jambes, les dénudant légèrement. On peut le dire. Elle est fière et sexy. Elle n'a pas un corps de mannequin mais semble se ficher de ses rondeurs. J'envie tellement son assurance. Je me le dis tous les jours et regrette chaque jour de ne pas ressentir son aplomb.

— Tu es magnifique Nuria !

— Je trouve aussi. Je crois que c'est la bonne.

— Parce que tu en doutes ?

— Voyant ta réaction, plus maintenant.

— Tu sais si Clara a trouvé une robe ? Elle ne m'a pas adressé la parole de la semaine. Je ne comprends pas. J'essaye de l'aider et je deviens la personne à éviter.

— Ne cherche pas à comprendre. Elle est bizarre cette fille. Lorsqu'on parle du bal, elle se renfrogne.

— Louise et Mia m'ont dit qu'elles l'avaient cherchée partout sans succès.

— Kate, tu ne peux pas aider quelqu'un qui ne souhaite pas l'être.

— C'est sûr. Le pire dans tout ça, c'est que je ne l'apprécie pas. Elle me fait juste de la peine.

— Toi aussi tu es bizarre. Arrête de te sentir mal pour les gens que tu n'aimes pas.

— Je sais mais je n'arrête pas de me dire « et si j'étais à sa place... ».

— Stop ! Tu ne l'es pas ! Tu as tes propres problèmes à gérer.

— Je les ai gérés. Frantz ne me court plus après. Peter vient au bal avec moi. Tu vois ? Plus de problèmes.

— Je parlais de ton maladif manque de confiance en toi.

— Bah, c'est en cours.

          Le regard de Nuria en dit long sur l'avancée de mon objectif à atteindre. Certes, je n'ai pas fait beaucoup de progrès mais, en même temps, ça ne se guérit pas en deux secondes. J'évite consciencieusement les yeux de ma très chère amie et repars à la recherche d'une robe. Je suis simplement dépitée et agacée. Je vais avoir un cavalier charmant mais pas de robe ! Autant me mettre à poil ! Quoique... non... satané manque de confiance !

          Assise sur l'un des fauteuils, je souffle bruyamment. Des larmes glissent le long de mes joues. Je pleure un peu pour n'avoir pas trouvé de robe mais surtout pour mon énorme défaut.

          Je sens ma copine s'asseoir à mes côtés et je lui raconte tout sur ma relation avec mon père. Ça me soulage légèrement. Je ne peux pas en discuter avec ma mère. Je ne l'ai jamais pu. Elle ne peut pas s'empêcher de se donner le beau rôle. Elle m'a élevée et tout donné. Pour elle, mon père n'était pas fiable. Il n'a pas voulu me voir à ma naissance et était rempli de promesses de venir me chercher pour les vacances mais ne les respectait qu'une fois sur deux. C'est le méchant et elle la gentille.

          Nuria m'écoute vitupérer contre ma mère et mon père. Je ne sais rien. Je ne sais pas pourquoi il n'a pas voulu de moi, pourquoi il ne s'est pas battu pour moi quand il était prêt à prendre contact mais que j'ai fait ma capricieuse. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre eux, s'ils se sont au moins aimés. Je ne peux faire que des suppositions. Ce mal être, dû à mes interrogations, ne fait que renforcer mon manque d'estime de soi et de confiance envers les hommes. Tous les compliments me mettent mal à l'aise et ne sont que mensonges à mes oreilles. J'ai beau paraître heureuse et pleine de vie, je suis brisée.

Et si ... {1er jet}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant