Chapitre 25 : Farewell Grand Pa

5 1 1
                                    

          Me voilà devant ce bâtiment gris, aussi grand qu'un immeuble d'appartements de douze étages. Il est effrayant. Je n'étais jamais allée à l'hôpital. Les seules références que j'ai sont celles de Grey's Anatomy, Doctor House et Good Doctor. Je n'ai jamais ressenti ce que je ressens à présent.

          La peur me dévore. Avoir un être cher dans ce complexe de la maladie est tout autre que manger des chips devant un épisode de série télévisée. Être entourée par quelqu'un dont on est loin d'être proche n'arrange pas la chose. J'aimerais tant que mes sœurs soient présentes à mes côtés.

          Je sais que je suis immobile devant l'entrée principale. J'ai tant attendu pour voir mon grand-père mais, à présent, je suis comme statufiée. Je crains ce que je vais découvrir, dans quel état il sera mais je dois le faire. Je dois le voir ; lui dire au revoir comme si c'était la dernière fois que l'on se voyait.

          Mon père a voulu me le cacher mais mon oncle a été plus prévenant. Papi n'ira pas mieux et nous ne savons pas combien de temps il lui reste. De plus, si je suis totalement honnête, je ne vais pas revenir tout de suite.

          Je décroche mon regard de l'entrée et le balade vers la nuit sombre, cherchant désespérément la lune. Cela peut paraître idiot mais elle est, en quelques sortes, réconfortante ; la lumière dans l'obscurité, l'espoir dans le malheur. Mon grand-père est ma lumière dans le noir. Alors je n'ai qu'une seule chose à faire, m'y exposer et le retrouver.

           Le blanc des murs des hôpitaux sont loin d'être aussi éclatant que dans mes séries préférées. Ils ont plus une teinte écrue qui rendrait malheureux le plus heureux des hommes. Je décide de ne plus y prêter attention et suis silencieusement mon père.

           Arrivés devant la chambre de mon grand-père, je ressens la même appréhension que plus tôt mais je lutte contre elle et acquiesce à la demande discrète de mon géniteur. La porte s'ouvre sur mon papi, qui semble en pleine forme, un grand sourire aux lèvres à ma vision.

— Kate ! Ma petite-fille ! Je suis si heureux de te voir !

— Moi aussi papi.

          Je me jette dans ses bras, des larmes chaudes coulant sur mes joues. Il m'a tant manqué. Je n'arrive plus à le lâcher mais ma grand-mère me renvoie vite à la réalité et je le laisse respirer. Cependant, je n'abandonne pas sa main en m'asseyant à ses côtés.

          J'ai l'impression de le retrouver tel qu'il était ; vif, joyeux, blagueur et surtout ses yeux rieurs alors qu'il embête ma grand-mère. Je l'ai retrouvé. Il va mieux. Comme quoi, il suffisait juste de le réhydrater.

          Nous passons une bonne heure à nous remémorer nos activités favorites et à parler de mon nouveau lycée, de mes nouveaux amis et, depuis mon arrivée, c'est la première fois que je me sens aussi bien, apaisée. Il est mon rayon de soleil et ça ne changera jamais.

          Alors que ma grand-mère et mon père sont partis chercher un café, mon papi me regarde plus intensément et je sens que le prochain sujet de conversation ne va pas me plaire.

— Comment ça se passe avec ton père ? me demande-t-il, soucieux.

— C'est compliqué. Je, hésité-je, il ne veut pas vraiment de moi dans sa vie et, je crois que, je n'arrive pas à lui faire une place dans la mienne.

— Ton père n'a jamais su comment s'y prendre avec toi. Je crois que tu le terrorises, plaisante-t-il, mais, à sa manière, il t'aime. Tu es sa fille après tout.

— Je n'en serais pas si sûre si j'étais toi. Nous sommes comme des inconnus donc comment peut-il se soucier de moi ?

— Comment peux-tu te soucier de lui ?

— C'est ça le truc papi. Je pense que, hésité-je à nouveau, je ne m'intéresse pas réellement à lui mais plus au père que j'aurais dû avoir. Je suis désolée. Je sais que c'est ton fils et que...

— Et tu es ma petite-fille, m'interrompt-il. Votre relation est, comme tu l'as dit, compliquée mais sache que jamais je serais entre vous deux. Je vous aime tout autant l'un que l'autre. Est-ce que j'aimerais que vous ayez un attachement père-fille ? Oui, évidemment, mais tu ne peux te forcer à ressentir quelque chose juste parce que c'est comme ça que ça devrait être. Peu importent tes choix, je serais toujours près de toi et fier de toi.

          Mes larmes refont surface par tant de gentillesse et de bienveillance de sa part. Il est vraiment le meilleur homme sur Terre. Je porte sa main à ma bouche pour lui glisser un léger baiser et je le remercie.

          Ma séance de pleurs est vite perturbée par le retour de mon géniteur qui m'annonce qu'il est temps de partir et mon cœur se fissure. Je ne veux pas quitter mon papi. J'ai eu si peu de temps avec lui.

— Tu reviendras me voir demain ma petite chérie, tente-t-il de me rassurer.

— Malheureusement non. Je pars voir ma mère pour le nouvel an et mon vol est demain.

— Tu pars déjà ? déplore mon papi, surpris à cette annonce.

          La honte et le regret ; voilà les deux sentiments qui se sont unis contre moi. Je fixe le bleu de ses yeux et je me sens encore plus oppressée. Bien qu'il ne me juge pas et qu'il n'est pas déçu de moi. Il se désole de mon départ et c'est bien plus que je n'arrive à le supporter. Les larmes me montent à nouveau mais je ne peux me détacher de son regard.

— Je suis désolée. J'aurais tant aimé rester plus à tes côtés, me lamenté-je.

          C'est bien le cas mais j'ai préféré être égoïste, ne penser qu'à moi-même, ne penser qu'au fait que je veux m'éloigner de mon père. Je n'ai pas pris en considération les sentiments de mon cher papi et je m'en veux tellement mais c'est trop tard maintenant. Le vol est déjà réservé.

— Ce n'est rien. On se verra la prochaine fois, me rassure-t-il.

          Et je le crois. Nous nous reverrons. Il ne peut en être autrement. Je le prendrai encore dans mes bras. Je reviendrai aux prochaines vacances, ça c'est sûr. Je n'avais pas réalisé à quel point il me manquait avant de le voir malade.

          Je ne veux plus passer huit ans avant de le revoir. Je l'aime et lui montrerai en lui rendant visite autant que possible. Il va mieux pour l'instant mais j'ai vu sur internet que le cancer du pancréas était incurable. Donc, je dois profiter de lui tant qu'il est encore en vie.

— Je t'aime papi, lui susurré-je à l'oreille tout en le prenant dans mes bras.

— Je t'aime aussi ma petite chérie.

— Je t'aime aussi ma petite chérie

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Et si ... {1er jet}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant