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LE PREMIER JOUR DE DÉCEMBRE, un long voile blanc recouvrit Tokyo.
Les flocons commencèrent à tomber dans la nuit pour fondre contre les lampadaires et s'écraser sans consistance sur les routes bétonnées de la capitale, puis ils se firent plus nombreux, plus épais, et vinrent s'approprier les toits et les jardins des maisons endormies. Les chats s'en allèrent miauler sous les fenêtres pour quémander un peu de chaleur et fuir la morsure du froid, les derniers oiseaux encore dehors s'empressèrent de quitter les branches devenues lourdes et les voitures laissées à l'extérieur disparurent sous le givre que leurs propriétaires devraient gratter au petit matin sans la moindre motivation d'aller travailler par un tel temps. Jusqu'aux paysages les plus bucoliques de la périphérie de Tokyo on entendit les animaux se terrer au fond de leurs refuges les plus chauds et vit la végétation se couvrir de glace sur des hectares de cultures.
Ensevelie sous plusieurs épaisses couvertures qui ne lui appartenaient pas, comme à son habitude, Daitan ouvrit les yeux tôt dans la matinée. Dans le garage aménagé qui servait de chambre à son ami d'enfance, la température semblait plus basse encore que la veille alors elle prit soin de n'extirper que sa tête de la chaleur des draps pour ne pas laisser le froid l'atteindre. De l'autre côté de ce lit bien trop grand pour n'appartenir qu'à une seule personne - ce qui l'arrangeait bien, au vu du temps qu'elle passait ici plutôt que chez sa famille adoptive - seules quelques mèches blondes désordonnées demeuraient visibles sous toute cette tentative de se garder au chaud alors que l'hiver arrivait.
Après avoir jeté un coup d'œil au réveil, Daitan constata qu'il était en fait bien trop tôt pour sortir du lit et se fit la réflexion qu'ils auraient toujours Draken en guise de plan B s'ils ne se levaient pas à l'heure. Elle abaissa donc à nouveau les paupières mais la pensée qu'il faisait trop froid pour que cela soit confortable ne la quitta pas et la tint éveillée même après maintes tentatives de retomber dans les bras de Morphée. D'humeur grincheuse, elle se fit alors violence pour soulever les couvertures et décoller son corps fatigué du matelas. Seulement habillée d'un vieux jogging et d'un haut aléatoire pour dormir, elle serra les dents et sautilla jusqu'au chauffage d'appoint qui était installé à quelques mètres du lit pour augmenter sa température. Ce fut dans cette lancée que l'inhabituelle lueur blanche qui émanait de la fenêtre attira son attention.
