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LE TROISIÈME JOUR DE DÉCEMBRE, on fêta l'anniversaire de Toshiko Oishi.
Comme elle l'avait souhaité, ce ne fut rien de trop extravagant ; elle reçut des messages de ses amis, se fit offrir un toffee nut latte dont elle raffolait au Starbucks le plus proche et prit plus de plaisir que d'habitude à sourire aux inconnus dans la rue. Les routes de Tokyo étaient un peu glissantes depuis les premières tombées de neige alors elle dut relever quelques gamins au hasard sur son passage, puis elle aida une vieille dame à porter ses courses jusqu'à chez elle et tint le bras d'un homme aveugle au passage piéton. La fête de Toshiko devint vite celle de tous ceux qui avaient la chance de croiser son chemin puisqu'elle tenait à célébrer le monde qui l'avait fait naître plus que le contraire, ainsi une petite partie des Tokyoïtes passa la journée à se demander qui pouvait être cette grande blonde si heureuse d'exister au beau milieu d'une société si monotone et par un temps si terne.
— Alors, vous faites quoi ce soir ?
Surprise, Toshiko laissa tomber sa contemplation du monde alentour pour baisser les yeux vers sa meilleure amie de toujours qui, elle, la couvrait d'un regard bien curieux. Bien plus frileuse que la blonde, Midori se cachait sous au moins deux pulls, une lourde veste, un bonnet, une énorme écharpe et peut-être même deux paires de gants, la connaissant. C'était comique à voir, en tout cas selon Toshiko à qui un seul blouson suffisait.
— Je sais pas trop, hésita-t-elle finalement en haussant les épaules. Rien de plus que d'habitude j'imagine ? Vous voulez pas venir manger à la maison, Kazu' et toi ?
— Eh, laisse-nous en dehors de ça. J'ai taffé toute la semaine jusqu'à pas d'heure et cet imbécile est déjà pratiquement jamais là, tu vas pas commencer à nous sortir de chez nous pour le peu qu'on y est.
— C'est bien ce que je pensais.
— Vu comment tu traites tous ces inconnus aujourd'hui, j'ose espérer que tu donneras la même attention à ta copine en rentrant, lança Midori en la jaugeant du coin de l'œil.
Toshiko sirota un instant sa boisson caramélisée sans un mot, l'air presque vexée.
— C'est chaque jour de l'année ça, madame. N'essaie pas de me faire passer pour une mauvaise copine alors que de nous deux, c'est moi qui ai jamais galéré en amour.
