Chapitre 6

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Hortense fit les cent pas dans sa chambre. Les révélations la laissèrent dans le doute. Elle avait besoin de temps pour réfléchir.

- Mademoiselle ? dit une voix qui la tira de ses pensées.

Hortense sursauta et vit Agathe.

- Monsieur Niel vous attend.

- Dites-lui que j'arrive.

La jeune fille fit les dernières préparatifs, descendit les escaliers et aperçut Léopold, magnifiquement vêtu de son Grand Uniforme de Saint-Cyr, accompagné de son père. Le maréchal avait la peau blanchâtre, le même regard que son fils avec les yeux marrons, des cheveux et une barbe grisonnants. Son uniforme militaire était composé d'une veste noire aux épaulettes dorées et d'un pantalon blanc. Ses insignes accrochés à son manteau montra toute la gloire militaire du maréchal.

- Bonjour mademoiselle Montmorency, salua le ministre.

- Bonjour monsieur Niel.

- Je tenais absolument à rencontrer la fiancée de mon fils. Je confirme bien ses propos, vous êtes toute aussi charmante !

Les joues de la jeune fille rosirent.

- Je vous remercie, mon maréchal.

L'après-midi laissa place à la rencontre entre le maréchal et le comte. Ils discutèrent de politique, de la guerre mais Hortense restait toujours perdue dans ses pensées. Elle ressentait toujours ce froid qui l'entourait. Elle avait besoin de plus de renseignements.

- Mademoiselle Montmorency ?

Hortense reprit ses esprits et sentit les regards des hommes.

- Excusez-moi, c'est que... en ce moment, je ne me sens pas très bien.

- Je peux comprendre. Lors de la guerre de Crimée (1), j'avais perdu certains camarades sur le front et de nombreux soldats. Mais fort heureusement, sa Majesté nous a doté d'un nombre inconsidérable de soldats britanniques, raconta le maréchal.

- Et les Autrichiens ? demanda le comte.

Ils ne parlaient que de la guerre, des Russes et des Autrichiens. Hortense se sentit de nouveau rejetée par ce monde qui dotait les hommes d'un savoir riche mais qui obligeait les femmes à bien se tenir. Ses entraînements avec Thomas lui manquaient.

- Mademoiselle Montmorency, je vous sens bien exténuée, remarqua Léopold.

- Les discussions tournant autour de la guerre ne m'intéressent guère.

- Mon père aime raconter ses exploits notamment lors de la guerre de Crimée et de la campagne d'Italie (2).

Hortense sourit. Ses joues creuses avaient retrouvé goût à la vie. Son regard brillait.

- Et si on allait se promener ?

Hortense acquiesça.

Ils marchèrent tous les deux dans le silence. Cette fois-ci, ils n'avaient pas trouvé de sujets de conversation.

- Mademoiselle, depuis la mort de...,vous semblez prendre progressivement des couleurs.

- C'est en partie grâce à vous, monsieur Niel.

- Je m'en vois ravi, murmura l'élève officier.

- Combien de temps allez-vous rester à Paris ? lui demanda Hortense.

- Cela dépendra du régiment. Mon père m'avait fait absolument venir pour organiser notre mariage avec le votre.

- Je vois.

Anges déchus - L'empire mauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant