Chapitre 5

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Je me retourne encore rouge de fureur et tombe nez à nez avec les yeux écarquillés de ma mère.

L'univers est contre moi !

- Maman, je grince des dents.

Elle accourt vers moi avec les bras pris par une quinzaine de gros sacs remplis à ras bord. Mais qu'est-ce qu'elle fait là ! Ce n'est pas du tout son coin shopping. Elle s'y prend toujours à l'avance pour être sûre d'avoir minimum trois cadeaux par personne. Ce qui peut s'avérer être très gentil venant de ma mère. Sauf quand on s'appelle Mia et que ça fait trois ans d'affilé qu'on reçoit le même pyjama.

Ma mère se penche pour me prendre dans ses bras tout en m'écrasant contre son torse. Elle a l'air beaucoup trop enjouée de me voir depuis mon annonce improvisée d'hier soir.

- Qu'est-ce que ça me fait plaisir de te croiser ma chérie.

Tu parles. Ce que je vois surtout c'est qu'elle a les yeux rivés sur mon interlocuteur. Oh merde ! Ashton ! Comment est-ce que je vais réparer cette catastrophe. Il ne faut absolument pas qu'elle lui parle, sinon je suis grillée. Je souris difficilement et essaie de la convaincre de partir dans ses longs monologues comme elle le fait si souvent. Mais ses yeux restent fixes et elle n'arrive pas à aligner plus de deux mots.

Elle lui attrape la main pour la serrer.

- Je m'appelle Ariana, je suis la mère de Mia...

Elle le fixe droit dans les yeux en attendant qu'il donne à son tour son prénom. Je lui fais des signaux avec mes petits bras pour l'inciter à se taire mais il me lance un regard perdu et ouvre la bouche. Je suis fichue.

- Ashton, il répond livide et désorienté par les manières de ma mère.

Elle lâche un petit hurlement quand je réalise ce qui est en train de se dérouler. Elle pense rencontrer LE Ashton, mon petit ami. Comment ai-je pu laisser cela se produire ? Mon corps entier me lâche. Je suis disloquée de l'intérieur. À tout moment, mes membres me lâchent et je m'écroule sur le sol.

- Je suis enchantée de vous rencontrer. Je n'arrive pas à croire que je vous vois enfin. On avait extrêmement peur pour Mia, mais vous voilà, si charmant !

Je tente de la calmer en essayant de l'interrompre mais elle parle si vite que c'est impossible d'en placer une.

- Mickael va être si ravi de savoir que Mia a enfin trouvé chaussure à son pied, et dieu sait que ca n'a pas été facile, elle marmonne. Si vous voulez tout savoir, nous pensions que Mia avait inventé cette histoire de petit ami par jalousie, mais non.

- Maman ! je hurle en serrant les dents. Je pense qu'Ashton a compris.

- Oui pardon ! Vous êtes en déjeuner d'amoureux.

Elle commence à partir mais s'interrompt juste avant.

- Ashton vous êtes convié à l'anniversaire des jumelles. Tes sœurs sont impatientes de rencontrer ce Ashton, elles vont être si heureuses ! Amusez vous bien les jeunes, on se voit la semaine prochaine.

L'anniversaire des jumelles ! C'est la semaine prochaine ? J'avais complètement oublié. Je crispe la mâchoire, et me tape le front.

Sur ce, elle sort le sourire collé à ses lèvres. J'ose enfin me tourner vers Ashton, les yeux écarquillés. Le pauvre n'a pas dû comprendre un traître mot de ce que ma mère a débité. Puis il se tourne vers moi, et le rouge de la honte me monte aux joues. Qu'est ce que j'ai bien pu faire pour mériter une famille pareille ?

Il éclate de rire. C'est la dernière chose à laquelle je m'attendais. Il rigole d'une façon si grossière, si forte que des larmes perlent au coin de ses yeux. Mais quel enfoiré ! Il n'a donc aucune considération.

- C'est pour ça que vous avez fait appel à moi ! Je comprends mieux.

Son rire redouble d'intensité et il m'ignore royalement alors que j'essaie de parler. Je hausse les sourcils en attendant qu'il ait fini. Une boule de rage grandit dans mon ventre. C'est bien ce que je me disais, je le hais.

- Ça va je sais, je fais pitié à la Terre entière ! Maintenant j'aimerais que vous m'écoutiez.

- Donc si je résume, vous avez fait croire à votre famille que vous aviez un petit copain et votre seul espoir est de payer un escort.

Je suis bloquée. Je vais avoir besoin de lui.

- Croyez-moi si j'avais eu un autre choix je l'aurais pris volontiers, je marmonne.

- Vous aviez un autre choix. Vous auriez pu choisir un vrai petit ami. Vous êtes charmante, vous avez un joli visage et à en voir votre mère, vous vivez sûrement dans l'upper east side. Par contre, votre façon de vous exprimer ne va pas avec votre classe sociale.

- Je vous demande pardon ? Je m'exprime très bien, c'est juste que vous m'exaspérez.

- Bon, vous savez moi je n'ai pas besoin de vous alors je peux partir à tout moment. Après tout, vous n'avez qu'à commander quelqu'un d'autre.

Il se lève et jette l'argent sur la table pour payer son café. Pardon ? Il utilise mes propres mots contre moi. C'est rusé, mais ahurissant. Mais rusé. Ma fierté me hurle de le laisser partir et de gérer cette situation toute seule mais ma raison l'emporte. Ma mère l'a vu, je n'ai plus aucune excuse. Je me lève à mon tour et le rattrape par le bras.

- S'il vous plaît, allons discuter tranquillement, je le supplie.

Je ne peux plus faire marche arrière. Ses yeux sont ancrés dans les miens et je ne sais pas ce qu'il cherche mais on dirait qu'il examine mon âme.

Après un long silence qui me fait perdre mes moyens, il dit :

- Très bien, je veux bien vous écouter.


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