Un escort pour noël

Chapitre 3

J'écoute le rire hystérique de mes deux meilleurs amis, Madeline et Warren, depuis quinze minutes. On dirait les hyènes du Roi lion.

Après être rentrée du dîner de Thanksgiving, je me suis empressée de leur envoyer un message de détresse en leur disant de rappliquer illico chez moi. Après leur avoir servi un grand verre de vin rouge, je leur ai tout raconté. Un gros blanc a suivi, puis ils ont explosé de rire comme si je racontais une mauvaise blague. Quand ils ont compris que j'étais réellement sérieuse, ils ont rigolé de plus belle.

- Vous avez bientôt fini, ou je vais devoir trouver une solution toute seule ? je geins.

- Mais c'est si drôle ! hurle Warren en pouffant de rire, imitant le bruit d'un contre-angle.

Depuis que je le connais, il a toujours rigolé en faisant ce petit son aigu que produit le dentiste quand il nettoie les dents. Un vrai instrument de torture, comme son rire en ce moment. J'ai envie de l'étrangler même si c'est mon meilleur ami. Nous nous sommes rencontrés quand nous n'étions encore qu'au lycée. Warren a tout de suite su charmer mon caractère si renfermé et puis nous ne nous sommes plus quittés. Madeline, elle, travaille dans la même maison d'édition que moi, au pôle marketing. Même si nos métiers sont très différents, c'est avec elle que j'ai eu le plus d'atomes crochus.

- Il va falloir te remettre sur les sites de rencontre chérie, dit Madeline avec un ton grave.

- Tu plaisantes. Je refuse de re-faire face à un type qui me demande si j'aime les asticots séchés, je rétorque dégoûtée.

- Tu te souviens de celui qui avait ramené son furet en laisse, dit Warren en se bidonnant.

- Tu sais Warren, parfois je me demande comment je fais pour être encore amie avec toi, je me tourne vers lui en posant mes deux poings sur mes hanches.

- Parce que, chérie, sans moi ta vie serait fade et sans couleur, dit-il en avalant une gorgée de vin rouge.

- Donc, reprend Madeline, pas de site de rencontre. Tu peux toujours demander à un collègue de travail de jouer un rôle, elle hausse les épaules.

- Oh non merci. Mes collègues ont tous minimum quarante ans. J'ai pas envie de passer mes journées avec un type qui va rire et répondre aux blagues racistes et sexistes de mes parents.

- Et ton collègue, elle bégaie en essayant de trouver son nom.

- Daniel ?

- Oui ! Celui qui te fait les yeux doux .

- Mais ça va pas la tête. Déjà il a vingt-sept ans et en plus il a une copine. Et il ne me fait pas les yeux doux ! je m'énerve.

Ça fait un an que l'on travaille dans la même boîte et j'ai eu le malheur, une fois, d'inviter Warren à déjeuner au bureau. Daniel s'est joint à nous et depuis, Madeline et lui nous ship. Et comment dire que quand ces deux monstres sont lancés, ils ne s'arrêtent plus. J'ai beau leur répéter qu'il est en couple, c'est comme s'ils avaient les oreilles bouchées.

Je me laisse tomber sur le canapé entre mes deux amis en grimaçant. Comment j'ai fait pour me mettre dans une situation pareille ? Tout va bien. Je ne ressens même pas le besoin d'avoir un homme dans ma vie. Je vais très bien, et puis merde, j'ai vingt-quatre ans pas cinquante. Je veux m'amuser, voyager, pas me marier et avoir quatre gosses dans les bras.

- Je ne vois plus qu'une seule solution, articule Madeline en se tournant vers moi, mais ça ne va pas te plaire.

Je me redresse et coince mes cheveux derrière mes oreilles, aux aguets. Au point où j'en suis, je suis prête à tout entendre.