Chapitre 12

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La fin de l'anniversaire s'est déroulée sans accroc. Nous sommes partis comme convenu à dix-sept heures et nous nous sommes séparés pour rentrer chez nous. Je me suis endormie devant un documentaire sur l'Antarctique en lisant des manuscrits qui débarquent par centaines dans ma boîte mail.

J'ai passé les quatre jours qui ont suivi cloîtrée chez moi à travailler. Ma famille ne m'a pas re contacté dernièrement, mais je sais que cela ne saurait tarder. Entre la collecte de fonds habituelle, le marché de noël pour les associations caritatives et la vente aux enchères suivie du Bal, je vais devoir faire appel à Ashton presque tous les jours.

Je me réveille en sursaut, les cheveux en pétard et mes lunettes à grosse monture noire sur le nez. Mon interphone émet encore un son. Je grogne et me lève la tête en vrac. Qui vient m'embêter un jeudi matin ? Je ne prends même pas la peine de regarder par l'œillet et ouvre la porte. Ashton se tient droit devant moi habillé en col roulé noir et pantalon noir. Je dois avoir mauvaise mine car il fait une grimace. Il descend alors son regard vers mon corps et je jurerais voir ses pupilles se dilater. Je suis ses yeux et remarque que je porte un simple débardeur blanc et un vieux boxer noir que Harry a oublié chez moi des années plus tôt. Rien de personnel, c'est juste très confortable. Je deviens instantanément rouge. Je commence à bégayer et lui claque la porte au nez.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je panique en regardant par l'œillet.

- Tu as oublié ? C'est aujourd'hui que je dois venir pour te déposer des affaires pour notre emménagement.

J'avais complètement zappé ! J'étais tellement prise par mon travail que j'ai répondu à mes messages sans vraiment les lire.

- Tu vas me laisser rentrer ou je vais devoir poiroter encore longtemps devant ta porte.

- Oui pardon.

Je lui ouvre et cours vers ma salle de bain pour me changer. Je remarque alors devant mon grand miroir que mon tee-shirt est super transparent. C'est pratiquement comme s'il m'avait vu nu. Je grogne d'exaspération et attrape mon peignoir. Je ressors aussitôt pour voir qu'il est installé sur le canapé, comme lors de notre première rencontre. Je m'approche en silence mais il se redresse comme s'il avait senti ma présence. C'est extrêmement gênant. Un immense blanc s'installe tandis qu'il me fixe du regard. Ashton sort de ses pensées et me fixe dans les yeux.

- J'ai pris des vieux tee-shirts et des shorts d'été. Une paire de chaussures que je ne porte jamais et le manteau que tu m'as acheté pour tes parents.

J'acquiesce sans pour autant bouger. Je prends alors conscience qu'il attend que je prenne les affaires pour le libérer. Ça fait quatre jours que je ne l'ai pas vu et tout me revient instantanément en tête. La sensation de l'avoir à mes côtés, son odeur, ses expressions du visage. J'ai tellement vécu recluse que je ne sais plus comment agir face à des gens. La vie en solitaire je connais, pas celle en communauté.

- Je peux poser ça quelque part, il demande en laissant traîner sa voix.

Ashton doit me prendre pour une folle. Je sautille sur place et cours dans sa direction pour lui prendre le carton des mains, mais il ne le lâche pas.

- Je peux t'aider.

- Je ne veux pas te prendre ton temps pour une chose si futile, je ris nerveusement.

- J'ai du temps.

Je n'ai plus d'arguments pour le renvoyer chez lui.

- Je vais faire de la place dans ma commode pour tes vêtements.

- Je vais poser le manteau et les chaussures dans l'entrée, il conclut.

Je me dirige vers ma chambre avec sa pile d'affaires. Je laisse la porte ouverte et me dirige vers mon placard. J'ouvre les tiroirs et décale mes vêtements. C'est étrange comme processus, j'ai vraiment l'impression de partager mon espace. Ce n'est pas aussi repoussant que ce que j'aurais pensé. Sûrement parce que je sais que c'est pour de faux. Ou alors l'idée d'avoir un Ashton dans ma vie ne serait pas déplaisante. Merde à la fin ! Mia ! Je secoue la tête et m'enlève cette pensée du cerveau. Il n'est pas celui qu'il te faut, je me répète. Je ne le connais même pas. On s'est vus à peine quatre fois et il ne m'a jamais parlé de lui.

J'attrape ses tee-shirts et commence à les placer dans la commode. L'un d'eux me tombe des mains et finit sur le sol. Je le ramasse et remarque un vieux logo de superman dessus. Je souris. Peut-être que c'est un geek dans le fond. Je me demande s'il sent son odeur. Je me penche en arrière et ne vois pas Ashton, alors j'en profite pour porter le tissu à mon nez. Je hume son tee-shirt. Ça sent bon le chaud mélangé à la lavande et l'agrume. C'est chaleureux et accueillant. Je dirais même réconfortant. Je ferme les yeux pour profiter encore plus du parfum. Je pourrais dormir avec, comme ça je n'aurais jamais l'impression d'être seule. J'entends alors un clic. Je rouvre les yeux et sens mon coeur tressaillir. Je me tourne vivement pour voir Ashton la main sur la poignée, les yeux exorbités. Ils font des allers-retours entre son tee-shirt et mon visage. Non. Non. Non. C'est pas possible ! Il va me prendre pour une psychopathe.

- C'est pas du tout ce que tu crois, je m'empresse de répondre la boule au ventre.

- Et qu'est ce que je suis censé croire ?

- Je... euh...

Je bégaie tellement que je n'arrive pas à placer trois mots d'affilée. J'essaie de trouver un mensonge le plus vite possible, mais j'ai été prise la main dans le sac. Si l'univers pouvait juste m'envoyer un signe pour me sauver de ce moment, ça serait chouette. C'est alors qu'une sonnerie retentit. Je jette le tee-shirt sur mon lit.

- Je vais ouvrir !

Mon sauveur. Qui que ce soit, merci de m'avoir sortie de cette horrible situation. J'ai appris une grande leçon. Ne jamais sentir les vêtements des autres ! J'ouvre la porte en grand et mon sourire s'efface. C'est forcément une blague. Deux petits monstres rentrent en courant dans mon appartement et étalent déjà tous leurs jouets sur ma magnifique table basse.

- Merci infiniment Mia. J'ai une galère au boulot je ne peux pas les garder. Tient, l'argent pour les emmener à la patinoire, je leur avais promis.

Vanessa me jette les billets dans les mains.

- Ah génial. Mes bébés, tonton Ashton est là.

Je me retourne et tombe nez à nez avec lui, les bras croisés sur le torse. Les jumelles ne prennent même pas la peine de répondre. Elles sont occupées à jouer avec leurs barbies.

- Je vous récupère ce soir. Soyez gentilles avec tata Mia. Je te revaudrai ça, elle me murmure le visage crispé.

- Vanessa, merde ! j'arrive enfin à en placer une. Je bosse aussi.

- Pas de gros mots devant les enfants, elle hurle en courant déjà vers l'ascenseur.

C'était pas du tout ce que j'avais prévu comme sauvetage.

Un escort pour noëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant