Recueil d'OS Soukoku

Comme une évidence

Point de vue Chuuya, 22 ans

Cela m'arrive de plus en plus souvent ces derniers temps.

Ça m'arrive de ne pas trouver le sommeil et ce pour une raison complètement absurde. Il y a quelques jours, nous avons fêté l'anniversaire d'Hirotsu et nous nous sommes retrouvés, moi, ainsi que mes collègues de la Mafia, à discuter de tout et de rien. Nous étions pour la plupart assez atteints par les effets de l'alcool, ce qui dans mon cas, n'était pas une première. C'était cependant très intéressant de voir les plus jeunes tels que Akutagawa ou Tachihara bourrés. Au début, c'était même plutôt amusant. Au début.

Ça a cessé de l'être quand Akutagawa a commencé à parler de Dazai.

En y réfléchissant, ce n'était pas si surprenant que ça qu'il amène le sujet : je préférais de loin qu'il le fasse lui plutôt que moi. Evidemment, cela n'était jamais volontaire de ma part : je n'en avais strictement rien à faire de ce maquereau ambulant et momifié de la tête aux pieds ! Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de me raccrocher à ce sujet de conversation. Il y avait cette obsession involontaire pour cet homme et parler de lui - ou plutôt l'insulter à tout va - m'aider à me sentir mieux.

- Il a quand même de la chance que le boss t'ait ordonné d'aller le sauver. Avait soufflé Tachihara en finissant sa bière.

Ouais... Et ce salopard le savait : même si Mori ne m'avait rien dit, j'y serais allé quand même. J'aurais mis ma vie en jeu des centaines de fois, péri un nombre incalculable de fois sous la possession démonique d'Arahabaki juste pour lui sauver la vie. Cette vie qu'il tentait tant de quitter.

Non, ce qui m'énervait, c'était que Mori n'avait pas joué un grand rôle dans cette histoire. Le responsable était surtout ce bigleux travaillant au département des super pouvoirs. Mais ce qui me chamboulait au plus au point sans que je n'en parle à personne, c'était cette façon qu'avait Dazai de me traiter. Depuis toujours. Il se moquait continuellement de moi et ne me prenait que pour le toutou qu'il avait forcé à rejoindre la Mafia, quelques années plus tôt. Il avait réponse à tout, et bien-sûr, il ne se privait pas de me rabaisser avec ses plaisanteries loin d'en être pour moi.

Mais il y avait ce lien qui nous unissait et dont je ne discernais pas la force. Je l'avais ressenti à l'époque. Je l'avais ressenti lorsque le Double Noir s'était réuni. Et je l'avais ressenti, cette fameuse nuit.

Agacé, je me tournais à nouveau dans mon lit et enfuis ma tête dans l'oreiller en râlant. Bon sang, pourquoi fallait-il qu'il agisse ainsi ? Ça n'avait aucun sens !

La façon dont il m'avait extirpé de ma corruption me fit à nouveau tourner la tête. Le souvenir bien distinct de sa main glissant le long de ma mâchoire pour se positionner délicatement sur ma joue me fit encore une fois gigoter entre mes draps. J'allais finir par péter les plombs.

De toutes les manières possibles et inimaginables de me réveiller, POURQUOI avoir choisi celle-ci ? Cette douceur n'appartenait pas à Dazai et savoir qu'il en avait fait usage sur moi me chamboulait complètement. Vu l'estime qu'il avait pour moi, cela ne m'étonnerait pas qu'il ait fait ça juste pour se moquer de moi et pour le raconter à tout mon entourage. Cette idée me fit grincer des dents. Dazai était un fourbe qui aimait me blesser, il n'en avait rien à faire de ce que je pouvais ressentir. Sans le vouloir, je lui offrais ma vie, je m'acharnais corps et âme pour lui, mais jamais cette obsession que je ressentais ne serait partagée.

Enfin... Il m'avait sauvé, après tout. Certes de façon inhabituelle mais tout de même.

- Tu as cru en moi et tu as utilisé ta Corruption ? C'est touchant.