Partie I

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Le mariage qui bat de l'ail

Hyori soupire, ajoutant les épices aux légumes bouillants dans la marmite, elle n'arrive pas à oublier cette fichue marque rouge sur le cou de son époux. Elle savait à quoi s'en tenir dès le départ, mais il trouvait toujours le moyen de provoquer en elle ce sentiment d'impuissance. Quoiqu'elle fasse, il ne l'aimera jamais, ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayée. Elle s'était mise au yoga, pour améliorer sa souplesse et elle avait même trouvé un emploi en tant que réceptionniste au poste de police, elle avait beau faire des pieds et des mains pour lui plaire, il ne lui jetait jamais un regard rempli d'amour.

« Pourquoi je m'obstine encore à lui faire plaisir ? »

Tout en mélangeant la nourriture bouillit par la chaleur, elle se remémore ces dernières années. Quand elle l'avait rencontrée, elle avait bêtement crû qu'elle lui plaisait à cause de la façon qu'il avait de la regarder. Elle se sentait spéciale à ses yeux, mais ça c'était avant de découvrir que son intérêt pour elle, était né d'une simple promesse entre lui et la bâtarde de Kuina. Cette fille qui hantait son couple nuit et jour tel un parasite. Un petit insecte nuisible increvable, cette femme était morte il y a dix ans, pourtant elle continuait d'influencer les actions de Zoro.

***

Quand Zoro s'était engagé dans les forces de l'ordre, il n'aurait jamais imaginé que son quotidien soit aussi sanglant. Entre crimes, émeutes et missions d'infiltration, ses dix dernières années avaient été remplies de séjours à l'hôpital, de point de suture et de longue convalescence.

Comme chaque matin depuis quelques mois, la journée de Zoro débutait avant le levé du soleil. Et à peine fut-il rentré et couché, qu'on le réveillait au beau milieu de la nuit pour se rendre sur une scène de crime. C'était comme-ci tous les criminels de la planète s'étaient ligué contre lui.

Ce jour-là ne fut pas différent des précédents, il était aux environ de quatre-heures du matin, quand son téléphone portable se mit à sonner dans un boucan du diable. À l'autre bout du fil, Rayleigh lui intimait de se rendre sur les lieux d'un crime ayant eu lieu dans le quartier des plaisirs.

- Ça ne peut pas attendre demain ?

Il ne porte aucune attention à la femme à moitié éveillée et sort du lit. Quand il était rentré du travail, il avait ressenti le besoin d'évacuer toutes les tensions qu'il avait accumulées au cours de ces dernières semaines. Il l'avait embrassé, langoureusement en imaginant une autre femme, la même qui le hantait depuis le lycée. Son kimono avait glissé au sol, il n'avait pas pris la peine de l'emmener dans leur chambre, il l'avait prise sur le plancher froid de leur cuisine. Ça n'avait rien de sensuel, c'était juste charnel. Ses gestes étaient d'une rudesse mécanique, mais quand il fermait les yeux et s'envolait très loin dans ses souvenirs, il devenait un autre amant. Ses reins ondulaient avec plus de volupté, de désir et de passion. Il quémandait cette bouche tentatrice qu'il baisait avec beaucoup de sensualité, il gémissait, vénérait le corps qui se trouvait tantôt sur lui, tantôt sous lui.

Puis il jouit et ça s'était fini. Ses yeux ont rencontré ceux de sa femme, ils étaient larmoyants de satisfaction. Elle avait pris du plaisir, comme à chaque fois. Il suffisait qu'il la touche pour qu'elle soit comblée et qu'elle se fasse à nouveau des films sur l'évolution potentielle de ses sentiments à son égard. Quand il avait terminé en elle, une brève étreinte s'en était suivi, un moment de douceur auquel il s'était laissé, car il s'imaginait à nouveau dans les bras de cette autre femme.

 Il ramasse son jean de la veille et enfile un t-shirt propre. Il s'était marié, il y a deux avant avec Hyori Kozuki à la mairie de la ville. Il avait toujours regretté cette union précipité, mais soucieux de respecter les dernières volontés de son maître, il avait saisi la première occasion pour honorer sa promesse. Et si son mariage n'avait rien de pieux, il célébrait chaque moment passé loin de cette femme.

- Non ! Objecte froidement l'homme aux cheveux verts.

Usé par la vie, il avait très vite sombré dans l'alcool comme échappatoire. Ce n'est pas vraiment comme ça qu'il s'était imaginé finir sa vie. Bien qu'elle soit insupportable, elle n'était pas mauvaise cuisinière en plus, elle ne voulait pas d'enfant alors il s'estimait heureux de ne pas être tombé sur pire

Hyori soupire, rare était les fois où se comportait avec bienveillance à son égard. Ce quotidien devenait usant et éreintant. Elle se laisse tomber lourdement la tête la première sur son oreiller et écoute les pas de son époux se diriger vers la sortie sans lui adresser le moindre mot. Son cœur r se comprime dans sa poitrine, une vive douleur pointe le bout de son nez en même temps que les larmes qui menacent de couler.

Stay aliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant