𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝐈𝐈

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MEYLINE



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– Ça va être à toi.

J'enfourne mon casque et monte sur ma moto. J'adresse un signe de la main à l'arbitre pour l'informer. Je suis prêt. Comme toujours.

Un coup de feu retentit, et j'appuie brusquement sur l'accélérateur. Le chemin est plutôt simple contrairement à celui de la semaine dernière.

En à peine quelques minutes, j'arrive déjà au niveau du pont. À partir de ce moment, le chemin devient plus dangereux. Les virages sont traîtres. Il suffit d'être déconcentré une demi-seconde pour se retrouver à moitié mort dans le ravin.

Je regarde derrière moi pour voir où en est mon adversaire et me rend compte de la large avance que j'ai. Alors comme je fais comme à mon habitude, je freine brusquement et descends de ma moto pour fumer une clope.

Je m'assois à côté de celle-ci et m'allume une cigarette. L'insolence dans toute sa splendeur. Et j'en ai conscience. Mais ça m'amuse. Laisser l'avantage à l'adversaire jusqu'à ce qu'il pense que c'est fini pour moi, que je ne gagnerais pas. Et à ce moment, Ange me prévient et je remonte sur ma moto en accélérant le plus possible.

Je suis conscient que c'est risqué, que je risque au mieux de perdre la course, au pire de perdre la vie. Mais c'est l'appât du gain qui me fait rester. Le goût du risque. C'est ce qui m'a toujours animé depuis mon plus jeune âge.

À l'époque, on m'appelait le "casse-cou". En y repensant, c'est assez drôle de voir que je n'ai pas changé. Du moins pas en bien. Mes parents ne me l'ont que trop répétée. Mais au final, ils ont sans doute raison. J'ai mal tourné et je ne m'en suis jamais plaint, au contraire. Recevoir des critiques incessantes sur les choix qu'on prend, avoir peur à chaque fois qu'on ouvre la bouche, car on risque, pardonnez-moi l'expression de se manger un pain dans la tronche, ce n'est pas vraiment la vie que j'espérais avoir étant enfant.

Dans ma famille, je suis l'ainé. J'ai un petit frère, Ilario, 19 ans et une petite sœur, Mya, 6 ans.

Mes parents ne s'en sont jamais vraiment occupés. Comme moi d'ailleurs. Alors, je m'en occupe. Je fais de mon mieux pour être un grand frère à la hauteur. Ce n'est pas simple tous les jours, mais je m'en sors. Ils sont une source de motivation pour moi.

Je raconte tout ça, car les courses de moto, je les fais en partie pour eux. À chaque course, un gagnant est désigné et remporte 3000 dollars. 2500 dollars partent dans les frais d'hôpitaux de ma petite sœur souffrant d'un souffle au cœur depuis l'âge de deux ans et demi. Je n'ai voulu prendre aucun risque comme elle était très jeune et j'ai préféré qu'elle soit hospitalisée pour qu'elle ait des soins optimaux adaptés à son âge. Bien sûr, nous sommes aux États-Unis, et par conséquent, j'ai pris le meilleur médecin qu'il soit pour ma sœur, elle le mérite, d'où le prix exorbitant... Les 500 dollars restants, je les donne à mon petit frère pour l'encourager dans ses études. Ça lui fait un total de 2000 dollars sur le mois si on prend en compte le fait que je gagne à chaque fois.

Ça me fait plaisir de les voir sourire à chaque fois qu'ils me voient. J'ai l'impression d'être leur héros, même à leur âge assez élevé. J'aurais aimé regarder mes parents de la même manière quand j'étais gosse, mais malheureusement pour moi, j'ai grandi seul avec une famille en discord.

Mon téléphone vibre, et j'expire toute la fumée que j'ai inhalée avant de décrocher.

— Il est passé ?, dis-je en écrasant mon mégot par terre.

AMNÉSIE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant