𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝐈𝐗

305 20 12
                                    





MEYLINE


— Meyline ?

Eliel ? Je ne savais pas qu'on allait se rencontrer aujourd'hui

— Salut, dis-je en me levant

— Ça va ?

Ça va ? Drôle

— Et toi ?

Il esquisse un sourire discret

— Mon frère avait raison.

— Pardon ?

— Il m'a toujours dit que quand on te demandait si tu allais bien, tu ne répondais jamais à la question. On peut parler ?

J'adresse un regard de détresse aux autres. Josh et Sam hochent la tête en soutien et Azalée me montre ses pouces.

— On va vous laisser le salon, si vous avez besoin de nous, on est dans la chambre, annonce Eliel.

Sam s'avance vers Eliel et lui souffle quelque chose à l'oreille avant de lui taper sur l'épaule.

Eliel lui affiche un sourire qui n'atteint pas ces yeux, avant de se diriger vers la chambre. Je le suis sans dire un mot. Je suis un peu nerveuse, car je sais pertinemment qu'il me fera des reproches. Après tout, je les ai abandonnés. Ils sont dans leurs droits.

***

Il claque la porte derrière nous et s'installe sur le lit de Sam en m'invitant à faire de même. L'ambiance est un peu sombre, je dirai même lugubre à en juger par le peu de luminosité qui émane de la pièce. Je regarde autour de moi, à la recherche d'un interrupteur.

Il semble lire dans mes pensées, car il lui faut quelques secondes pour traverser la pièce et allumer la lumière.

La beauté de la chambre me frappe de plein fouet. Tous les murs sont couverts de peinture. Enfin, ce sont plutôt les tableaux affichés. Je ne savais pas que Sam faisait des tableaux. C'est joli.

— Il dessine depuis qu'il a quatre ans.

Mince

— C'est beau, dis-je en passant délicatement mes doigts sur la peinture sèche.

— Je suis d'accord.

Après avoir observé les nombreux tableaux, je m'assois sur le bord du lit.

Pour que la conversation ne soit pas gênante, je l'engage.

— Avant que tu ne dises quoi que ce soit, commencé-je un peu angoissée, sache que je m'excuse. Je n'aurais pas dû disparaître comme ça. Je sais que j'ai fait souffrir ton frère et peut-être toi aussi par la même occasion. Ce n'était pas mon intention. Je voulais simplement éviter de vous faire souffrir. Le fait d'apprendre que je m'étais réveillé sans aucun souvenir, vous aurez sans doute fait un choc.

Eliel fixe un point invisible devant lui, la mâchoire crispée. Sa voix se fait alors plus grave et plus calme, bien qu'on y décèle une pointe de colère contenue.

— Tu sais, Meyline, pendant ton absence, ce n'était pas facile. Mon frère a beaucoup souffert. Il a passé des mois à espérer avoir de tes nouvelles. Il ne comprenait pas pourquoi tu étais partie sans rien dire. Je suis persuadée que ton départ l'a plus attristé que si tu étais restée tout en sachant que tu étais devenue amnésique.

Je sens un pincement au cœur en l'écoutant. J'avais imaginé mille fois ce moment, mais entendre la douleur que j'ai causée me frappe plus fort que je ne le pensais. Je prends une profonde inspiration avant de répondre.

AMNÉSIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant